Dans son extraordinaire essai du Figaro, le professeur Pierre Vermeren parle de l’islamisation sur tous les fronts de la société européenne.

« La France et la Belgique sont les maillons faibles de l’Occident en matière d’identité nationale en crise et de désarmement intellectuel de leurs élites face au multiculturalisme (la France a la plus grande population musulmane d’Europe après la Russie) et restent la cible principale des salafistes. Bruxelles est pour eux la ville clé en termes de pénétration islamique : elle semble politiquement soumise, les naissances d’enfants musulmans sont presque de moitié et le lobby islamiste au sein des institutions de l’Union européenne fonctionne à plein régime ”.

Professeur d’histoire des sociétés arabes à l’Université de la Sorbonne à Paris et l’un des plus grands savants du monde islamique, Pierre Vermeren débute ainsi son extraordinaire essai dans Le Figaro. Il raconte une islamisation sur plusieurs fronts, à la fois obliques et transversaux.

Il y a le front politique : « La Seine-Saint-Denis est tombée dans les bras de La France Insoumise, cette nouvelle gauche sociale et radicale. Qui a mené la mobilisation ? Le vote islamiste. Les Frères musulmans et leurs partisans étrangers optent, comme dans La Belgique, pour la partie la plus faible, celle qui défendra ses revendications (subventions aux associations communautaires et aux mosquées) ou qui ne nuira pas à ses intérêts ».

Vermeren explique que « dans une Europe où circulent des milliards d’euros d’argent du cannabis, l’islamisme est entré dans une phase hyperactive depuis 2015 ». Au niveau international, l’islam politique est le moteur de l’islam européen après avoir obtenu deux victoires stratégiques en six mois, avec le retrait des Américains d’Afghanistan et des Français du Mali.

« Au Nigéria (où 2 543 chrétiens ont été tués au cours des six premiers mois de 2002), il ne se passe pas une semaine sans que de jeunes chrétiennes soient kidnappées, que des prêtres et des fidèles soient tués ou que des églises soient détruites. A l’autre bout du monde musulman, au Pakistan, les islamistes se sont engagés à persécuter les communautés chrétiennes restantes, kidnappant les jeunes filles chrétiennes, les violant, les convertissant et les épousant de force, comme cela se fait depuis des siècles. En Europe, il ne se passe pas un mois sans qu’un attentat ou un meurtre ne soit attribué à quelqu’un de plus ou moins lié à l’islam radical ».

Quelle est la situation sur le territoire français ?

« Les attentats ont été un succès pour les salafistes : si le pays a résisté, les attentats ont renforcé le communautarisme islamique des jeunes musulmans – comme l’attestent de nombreuses études, rendu visible par le voile des jeunes femmes musulmanes. Le voile, qui se limitait il y a dix ans à quelques villes du nord et de l’est du pays, est devenu la norme dans de nombreux quartiers (communes d’Île-de-France) ou villes (comme Lille) et s’est même imposé dans Bordeaux et en Bretagne. Cet islamisme est mené par les salafistes et les Frères musulmans, avec lesquels rivalisent leurs soutiens et financiers étrangers (Maghreb et pays du Golfe). De plus, la Commission européenne et les autorités américaines, aussi surprenant que cela puisse paraître, le traitent avec bienveillance : la promotion du hijab fait l’objet d’une intense communication à Bruxelles et Strasbourg ».

A cela s’ajoute la censure. « Ainsi, cette année, trois terribles meurtres ont été « discrètement » passés sous silence, dont ont fait le deuil deux familles juives et une famille de médecins militaires (à Sarcelles, Lyon et Marseille), commis au nom de l’islam dans au moins deux cas, mais qu’ils ont préféré psychiatriser et cacher. On se souvient que sous François Mitterrand, la « seule » profanation du cimetière juif de Carpentras a mobilisé la France entière. Aujourd’hui peu s’étonnent de la disparition quasi totale des croix et plaques chrétiennes dans tant de cimetières de banlieue – brisés puis jetés -, sans parler des incendies criminels et des profanations hebdomadaires d’églises qui, dans certains cas, peuvent avoir un mobile islamiste ».

Ensuite, il y a la disparition des bouchers non halal dans de nombreuses villes de banlieue ou dans les petites villes avec une « cité » : « Après avoir subi des crachats ou des gestes malveillants, le commerçant quitte silencieusement la zone et s’installe dans un quartier bourgeois ou une petite ville où s’épanouit son activité recherchée ». Quand des centaines de jeunes de la banlieue nord (ressortissants ou étrangers maghrébins et non traduits en justice) braquent des touristes et humilient la police et l’Etat au Stade de France devant des centaines de millions de spectateurs, « les pouvoirs publics sont muet » .

Ensuite, il y a l’école : « On évoque l’attitude que l’on retrouve dans beaucoup d’écoles, qui consiste, dès le plus jeune âge des élèves, dans le refus des cours de musique, de natation et des faits historiques fondamentaux (Shoah, génocide arménien).. . « .

Face à ces maux, conclut Vermeren, « le soulagement ressenti par les Français et leurs chefs à la disparition des grands attentats n’est pas sans lâcheté. Ne tuez pas des centaines de personnes sans cibles précises avec la quasi-certitude de mourir dans ces attaques. En sept ans, le seuil de tolérance de l’inacceptable s’élève chaque année un peu plus. Les sondages indiquent que beaucoup de jeunes Français acceptent étrangement cette situation, alors que nos dirigeants se détournent ».

Vermeren, avec un mépris considérable pour le conformisme académique et journalistique, raconte magistralement une gigantesque opération de renversement d’une civilisation. Il devrait figurer en tête de liste des gouvernements européens.