Des journalistes du Washington Post se sont rendus à Jénine pour documenter l’opération que l’Autorité palestinienne mène actuellement contre des hommes armés dans la ville. Objectif : prouver au monde qu’elle peut contrôler Gaza après le Hamas. Selon le rapport, Netanyahu aurait consenti à permettre à l’Autorité palestinienne de gérer temporairement le poste-frontière de Rafah.
Une rare opération militaire a lieu actuellement dans les rues de Jénine. Pendant des décennies, l’Autorité palestinienne a laissé des groupes armés s’installer dans la ville et y former des unités de combat sans interférer. Mais il y a deux semaines, elle a commencé à déployer des combattants pour engager des affrontements militaires contre les forces terroristes locales.
Le timing n’est pas anodin. Soutenue par les États-Unis, l’Autorité palestinienne a exprimé à plusieurs reprises son souhait de prendre le contrôle de la bande de Gaza, une idée que l’État d’Israël rejette fermement.
Jusqu’à récemment, Israël, sous la direction de Netanyahu, s’opposait également à une prise de contrôle du poste-frontière de Rafah par l’Autorité palestinienne, poste fermé depuis une décision égyptienne liée aux interventions militaires israéliennes. Cependant, le *Washington Post* rapporte que Netanyahu aurait montré une certaine flexibilité, permettant une gestion temporaire du poste par l’Autorité, peut-être dans le cadre de négociations pour un échange d’otages.
Des scènes de guerre dans les rues de Jénine :
Les journalistes du *Washington Post* ont décrit avec précision ce qu’ils ont observé dans la ville.
« Les hommes armés, habillés de noir et issus du camp de réfugiés de Jénine, se précipitaient à travers des ruelles remplies d’eau stagnante pour échapper aux tirs qui résonnaient tout autour. ‘Vite !’ s’exclama un combattant palestinien alors qu’ils se cachaient derrière des barricades de fortune. ‘Attention !’ avertit un autre près d’un croisement piégé par un engin explosif improvisé. »
L’opération décrite pourrait ressembler à une réponse à une incursion israélienne, mais ces deux dernières semaines, les hommes armés de Jénine s’affrontent dans un rare et ouvert conflit interne contre un ennemi intérieur : l’Autorité palestinienne.
L’Autorité palestinienne cherche à démontrer à la communauté internationale, et en particulier aux États-Unis, qu’elle est capable de gérer les foyers de terrorisme dans les zones sous son contrôle. Cette démonstration vise à faire pression sur Israël pour qu’elle accepte de transférer le contrôle de Gaza à l’Autorité.
L’opération a été baptisée « Défense de la patrie ». Un porte-parole des forces de l’Autorité a qualifié les hommes armés de « hors-la-loi semant le chaos et portant atteinte à la paix civile ».
Selon les responsables palestiniens, environ 25 suspects ont été arrêtés, des explosifs ont été neutralisés ou détruits, et plusieurs hommes armés ont été blessés dans les affrontements. Trois personnes ont été tuées : un combattant, un motocycliste innocent et un adolescent de 14 ans.
Depuis le 7 octobre, les forces de l’Autorité palestinienne ont tué 13 combattants armés, contre 21 tués par Israël en septembre dernier.
Cependant, malgré ces efforts, des hommes armés continuent de circuler librement dans le camp de Jénine, et les tirs sont constants, de jour comme de nuit.
Réactions des factions armées et de la population :
Le Hamas, le Jihad islamique et le Front populaire de libération de la Palestine ont dénoncé l’opération, la qualifiant de service rendu « à l’ennemi israélien ».
Une Palestinienne, mère de combattants dont l’un a été tué par Israël, a exprimé le sentiment général dans la population : « Ils défendent leur terre. »
Pendant ce temps, la situation humanitaire reste critique dans certains quartiers de Jénine, où des familles sont privées d’électricité et d’eau depuis des jours.
Un climat de tension et de méfiance :
Malgré l’objectif de l’Autorité palestinienne de consolider son pouvoir et d’apparaître comme un partenaire crédible pour gérer Gaza, l’opposition populaire et la montée en popularité du Hamas continuent de compliquer ses efforts.