Avec la chute du régime Assad en Syrie, une traque mondiale débute pour retrouver des milliards de dollars en liquide ainsi que des biens cachés par la famille Assad au cours de plus de 50 ans de règne autoritaire.

Un empire de richesses cachées

Inspirée par les précédents de Saddam Hussein et de Mouammar Kadhafi, cette traque risque d’être longue et difficile. La famille Assad a bâti un réseau complexe d’investissements et de propriétés, comprenant des hôtels de luxe en Russie, des hôtels de charme à Vienne et un jet privé basé à Dubaï, selon d’anciens responsables américains, avocats et organisations de recherche ayant étudié leur fortune.

Ces biens, qui pourraient être restitués au peuple syrien, incluent aussi des gratte-ciels en Russie, des entreprises de télécommunication et des investissements dans le secteur énergétique.

Des milliards dissimulés au détriment du peuple syrien

Alors que la guerre civile syrienne a commencé en 2011, plongeant 70 % de la population dans la pauvreté selon la Banque mondiale, le clan Assad a continué d’amasser des richesses grâce à des monopoles d’État et au trafic de drogue, notamment de captagon.

En 2022, le Département d’État américain estimait la fortune des Assad entre 1 et 12 milliards de dollars, souvent placée dans des paradis fiscaux comme Dubaï et la Russie.

L’héritage de corruption et d’opulence

Hafez al-Assad, le patriarche de la dynastie, avait confié des monopoles lucratifs à ses proches, comme celui de l’importation du tabac à son beau-frère. Son fils, Bachar al-Assad, a continué cette pratique après avoir pris le pouvoir en 2000.

Des membres influents de la famille ont investi dans des propriétés de luxe en Europe et au Moyen-Orient. Par exemple, en 2020, des biens immobiliers valant 90 millions d’euros ont été saisis en France, appartenant à Rifaat al-Assad, l’oncle de Bachar, accusé de blanchiment d’argent.

Un défi juridique mondial

Les efforts pour localiser et récupérer ces actifs seront complexes. Les exemples de Saddam Hussein et de Mouammar Kadhafi montrent que seule une petite fraction des biens cachés des dictateurs est souvent retrouvée.

Malgré les sanctions occidentales et les pressions internationales, une grande partie des actifs de la famille Assad reste hors de portée, notamment en Russie et dans les pays du Golfe.

Le rôle d’Asma al-Assad et la rupture avec Makhlouf

Asma al-Assad, l’épouse britannique de Bachar, a été accusée d’avoir utilisé des réseaux internationaux pour enrichir sa famille. En 2020, elle a supervisé la reprise des actifs syriens de Rami Makhlouf, un cousin autrefois proche du président. Ce dernier a été marginalisé après avoir accumulé une fortune estimée à 10 milliards de dollars.

Les tensions internes au régime, exacerbées par la guerre civile, ont conduit à la réaffectation de nombreux biens de Makhlouf, notamment des entreprises de télécommunication et des propriétés immobilières.

Un peuple appauvri et des images de révolte

La population syrienne, appauvrie par des années de guerre, commence à prendre les choses en main. Des manifestants ont récemment envahi des propriétés luxueuses de la famille Assad, y compris des garages remplis de voitures de sport comme des Aston Martin et des Lamborghini.

Selon des avocats des droits humains, la restitution de ces richesses au peuple syrien est un devoir moral et politique. Mais la tâche s’annonce immense et semée d’embûches.