Le rĂ©cit dâun des coups les plus spectaculaires portĂ©s par IsraĂ«l au Moyen-Orient rĂ©vĂšle une dimension insoupçonnĂ©e : la frappe aĂ©rienne qui a dĂ©capitĂ© la direction politique des Houthis au YĂ©men, jeudi dernier, a failli ne jamais avoir lieu. Pendant plus dâune heure et demie, les avions de chasse israĂ©liens ont survolĂ© lâespace aĂ©rien yĂ©mĂ©nite sans tirer le moindre missile, le commandement hĂ©sitant sur la fiabilitĂ© des informations recueillies. Finalement, aprĂšs confirmation, lâordre dâattaque fut donnĂ©, entraĂźnant la mort du « Premier ministre » houthi et de neuf de ses ministres.
Un renseignement précieux, une cible unique
Tout commence jeudi matin, lorsque la direction du renseignement militaire israĂ©lien (Aman) reçoit une information jugĂ©e capitale : plusieurs dirigeants houthis de premier plan doivent se rĂ©unir Ă Sanaa, la capitale du YĂ©men, bastion du mouvement chiite soutenu par lâIran. Une telle concentration de responsables â rarement exposĂ©s ensemble â reprĂ©sente une opportunitĂ© unique.
Lâinformation est rapidement transmise au cabinet du Premier ministre Benyamin Netanyahou. AprĂšs consultation avec le chef dâĂ©tat-major et les services de sĂ©curitĂ©, le feu vert est donnĂ©. Tsahal ordonne Ă ses appareils de dĂ©coller pour prĂ©parer une frappe chirurgicale.
Une heure et demie de flottement
Mais au moment dâapprocher lâobjectif, les doutes surgissent. Certains signaux de renseignement ne concordent pas. Les Ă©quipes de renseignement craignent un piĂšge ou une erreur dâidentification. Dans une guerre asymĂ©trique oĂč les civils sont sciemment mĂȘlĂ©s aux combattants, une erreur aurait des consĂ©quences diplomatiques et mĂ©diatiques considĂ©rables.
Les pilotes reçoivent alors lâordre de patienter. Pendant une heure et demie, ils tournent en cercle au-dessus du territoire yĂ©mĂ©nite, carburant consommĂ©, tension maximale. Dans les salles de commandement en IsraĂ«l, le dĂ©bat fait rage : faut-il maintenir lâopĂ©ration ou rappeler les appareils ?
Finalement, un nouvel élément de renseignement confirme la présence des cibles. La décision tombe : frapper.
Une frappe décisive
En quelques secondes, les missiles de prĂ©cision israĂ©liens sâabattent sur le bĂątiment oĂč se tient la rĂ©union. Selon des sources locales et reprises par plusieurs agences arabes, le « Premier ministre » houthi et neuf ministres de son gouvernement fantoche ont Ă©tĂ© tuĂ©s sur le coup.
Pour IsraĂ«l, câest un succĂšs retentissant. Depuis des mois, les Houthis, bras armĂ© de lâIran en mer Rouge, multipliaient les attaques de drones et de missiles contre des navires marchands et des infrastructures rĂ©gionales, perturbant le commerce international et menaçant directement la libertĂ© de navigationăsource : Houthis â WikipĂ©diaă.
Une opération à haut risque
Ce succĂšs nâefface pas les risques pris. Faire voler des avions israĂ©liens au-dessus du YĂ©men reprĂ©sente un dĂ©fi logistique et stratĂ©gique. Lâespace aĂ©rien est surveillĂ© par des radars iraniens et soutenus par le Hezbollah. Une interception ou un tir ennemi aurait pu transformer lâopĂ©ration en fiasco.
De plus, lâhĂ©sitation au dernier moment montre la prudence extrĂȘme de Tsahal. LâarmĂ©e israĂ©lienne, accusĂ©e rĂ©guliĂšrement par ses dĂ©tracteurs de frapper sans discernement, dĂ©montre ici la rĂ©alitĂ© inverse : mĂȘme lorsquâil sâagit dâĂ©liminer lâennemi, le doute et la vĂ©rification priment.
Une onde de choc régionale
LâĂ©limination de la direction politique houthie bouleverse lâĂ©quilibre au YĂ©men. DĂ©jĂ affaibli par une guerre civile interminable, le mouvement soutenu par lâIran perd en une seule frappe une partie de son encadrement stratĂ©gique. Si le relais militaire reste assurĂ© par ses commandants de terrain, la perte de sa structure politique crĂ©e un vide difficile Ă combler.
Ă TĂ©hĂ©ran, les dirigeants iraniens dĂ©noncent une « agression criminelle ». Mais en coulisses, la dĂ©monstration de force israĂ©lienne inquiĂšte : IsraĂ«l prouve quâil peut frapper nâimporte oĂč dans la rĂ©gion, mĂȘme dans un théùtre Ă©loignĂ© et complexe comme le YĂ©men.
Message Ă lâIran et au Hezbollah
Pour les analystes militaires, cette frappe est un message clair adressĂ© Ă lâaxe chiite : IsraĂ«l est capable de neutraliser ses ennemis, oĂč quâils se trouvent. AprĂšs lâĂ©limination de hauts responsables du Hamas Ă Gaza et de figures du Hezbollah au Liban, câest dĂ©sormais la branche yĂ©mĂ©nite du rĂ©seau iranien qui est frappĂ©e.
Cette stratĂ©gie vise Ă couper les tentacules de lâIran, en Ă©liminant non seulement les combattants mais aussi les dirigeants politiques qui prĂ©tendent incarner une lĂ©gitimitĂ©.
Conclusion : une victoire stratégique, mais fragile
LâopĂ©ration de Sanaa restera comme lâun des coups les plus spectaculaires portĂ©s par IsraĂ«l contre ses ennemis rĂ©gionaux. Elle rĂ©vĂšle Ă la fois la puissance opĂ©rationnelle de Tsahal et la prudence de ses dĂ©cideurs, capables dâinterrompre une frappe pendant plus dâune heure avant de confirmer la cible.
Mais cette victoire ouvre aussi de nouvelles interrogations. Comment rĂ©agiront les Houthis dans les prochains jours ? Leurs attaques contre la navigation vont-elles sâintensifier ? Et surtout, jusquâoĂč IsraĂ«l est-il prĂȘt Ă aller dans cette guerre de lâombre contre lâIran et ses supplĂ©tifs ?
Ce qui est sĂ»r, câest que lâĂtat hĂ©breu a envoyĂ© un message limpide : aucune capitale de lâ« axe de la rĂ©sistance » nâest hors de portĂ©e.
RĂ©daction francophone Infos Israel News pour lâactualitĂ© israĂ©lienne
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