HYPOCRISIE ET IMPOSTURE RABBINIQUE – Par RONY AKRICH

 

Ma grand-mĂšre m’assurait: « en vieillissant, on perd trĂšs souvent de son innocence et de ses illusions ». La laideur de certains, que nous considĂ©rons comme des modĂšles de vertu et d’excellence, se rĂ©vĂšle Ă  l’aurore des apartĂ©s, puis Ă  l’aube des mises en accusations, comme une tragi-comĂ©die d’un remake du ‘Tartuffe’ de MoliĂšre.

Le dĂ©voilement de ces diffĂ©rentes  « affaires », l’exposition au grand jour d’une rĂ©alitĂ© humaine abrupte, provoquent en chacun de nous ce sentiment d’infidĂ©litĂ©. Nous sommes, Ă  contre grĂ©, acculĂ©s dos au mur et face Ă  une infamie sans nom, par ceux-lĂ  mĂȘmes qui motivaient notre confiance, notre fidĂ©litĂ© et notre vĂ©ritĂ©.

À bien des Ă©gards, ces sous-entendus tĂ©moignent d’une situation dramatique et prĂ©judiciable, une vĂ©ritable agression qui se rĂ©pand au sein d’une communautĂ© religieuse ou non, peu Ă©minente et bien mal instruite.

Nous imaginons, depuis notre plus tendre enfance, nos ‘gĂ©ants’, de toutes obĂ©diences, vivre une existence irrĂ©prochable et immaculĂ©e. Soudain, certaines de nos ‘stars ’ rabbiniques ou autres, victimes de leurs affres pulsionnelles et de leurs cupides facĂ©ties, font la une des mĂ©dias et basculent depuis leur piĂ©destal vers le dĂ©sert carcĂ©ral. Ces crapules en col blanc ou calot de toutes couleurs ont Ă©chouĂ© dans ce rĂŽle tant adulĂ© de la responsabilitĂ© collective, une bien triste dĂ©chĂ©ance pour toutes leurs victimes innocentes.

L’erreur est fatale, le poids est Ă©norme, des milliers de personnes sont ainsi jetĂ©es en pĂąture Ă  un engrenage, malin et irrĂ©versible. Ces dĂ©voyĂ©s, que nous admirions car prometteurs de rĂ©ponses essentielles, rĂ©pondeurs de questions cruciales, ces gredins nous ont déçus par leur manque de vertu et l’amour du vice. Heureusement, la grande majoritĂ© de nos maĂźtres spirituels demeurent intĂšgres et justes, nos professeurs et nos mentors accomplissent leurs tĂąches avec probitĂ© et engagement.

Cependant, et en aucun cas, nous ne devons faire la bĂȘtise de dĂ©savouer l’ensemble, du seul fait de la duplicitĂ© de quelques vauriens !

Nous les accusons de s’ĂȘtre fourvoyĂ©s dans des scandales sexuels, la maltraitance des enfants, l’intrigue politique, la corruption et la fraude et, ainsi, d’entraĂźner trĂšs certainement nombre de personnes Ă  perdre leur foi de « charbonnier ». Ces ‘ĂȘtres’ qui auraient pu devenir pour le meilleur d’IsraĂ«l, ne sont plus, aujourd’hui, que le reflet de la bĂȘte immonde. Ils Ă©taient censĂ©s transmettre les valeurs de la Torah, comme le Bon, le Bien et le Vrai, mais ils ont prĂ©fĂ©rĂ© jouir des ‘avoirs’ de la fonction.

Le nom Divin, sa gloire et sa magnificence sont littĂ©ralement souillĂ©s, une exacte dĂ©finition du « H’illoul Ashem »: la perte du sens par amour de ce qui se meurt (nĂ©crophilie)!

Nous discutions avec mes amis, mes Ă©lĂšves, Ă  Kiriat-Arba, Ă  JĂ©rusalem ou Ă  Tel-Aviv et je sentais, chez la plupart d’entre eux un certain cynisme et fatalisme, tout est ‘pourri’, qui croire, personne n’est vraiment sincĂšre. Nous ne sommes que des marionnettes entre les mains des charlatans de tous les pouvoirs confondus, des hommes sans foi ni loi peuvent Ă©ventuellement Ă©chouer, mais ceux qui se prĂ©tendent au nom de la Loi et de la Foi, comment est-ce possible? Ils gĂ©nĂšrent chez leurs fidĂšles le marasme et l’aversion, pour finalement les voir Ă©riger en idĂ©al le dĂ©faitisme et le dĂ©sespoir, puisque l’homme est devenu victime et se refuse Ă  prendre en mains son destin.

Le moment est donc venu de comprendre et d’entendre la vĂ©ritable sagesse d’IsraĂ«l Ă  travers  une connaissance Ă©laboratrice de toute vie.

Il est absolument inopportun et fallacieux de vouloir condamner la Torah et son monde idĂ©al en la comparant avec les faits et les gestes de certains Ă©nergumĂšnes n’ayant de juif que le nom qu’ils abĂźment.

L’absolu Biblique-HĂ©braĂŻque transcende de maniĂšre Ă©vidente toute personne ou toute institution, que ces derniĂšres vivent ou non l’aspiration et la rĂ©alisation de ce devenir ‘parfait’, cela n’enlĂšve rien, ne change rien Ă  l’idĂ©al lui-mĂȘme.

Dieu et l’HumanitĂ© attendent avec patience la rĂ©vĂ©lation de l’Homme!

Nous vivons dans un monde imparfait, le saviez-vous? Les ĂȘtres humains ne sont pas tous « blancs et purs », ils ne sont pas tous « noirs et corrompus », la rĂ©alitĂ© ne peut ĂȘtre manichĂ©enne, elle se situe toujours dans une variĂ©tĂ© infinie de gris.

Si l’erreur reste probable pour chacun de nous, souvent capables de nous tromper et nous perdre, l’autre face de notre personnalitĂ© n’en reste pas moins celle de vouloir le bon, le bien et le beau.

Le seul fait de mal agir, dire ou penser à certains moments de mon existence ne peut soustraire, en aucun cas, tous les bienfaits de ma vie dans la comptabilité de mon temps.

L’ensemble du monde religieux est ici interpellĂ© dans un indispensable face Ă  face avec son identitĂ© morale, cette maniĂšre d’ĂȘtre l’Homme avant la Loi ! Une responsabilitĂ© collective au sein d’une sociĂ©tĂ© traditionnelle mue et rĂ©gie selon les lois de la Divine Torah.

Dans les faits, certes, le misĂ©rable est coupable, mais nous sommes Ă©galement fautifs car c’est dans nos murs que cela s’est passĂ©. OĂč Ă©tions-nous!?

Il faut rĂ©pondre aujourd’hui aux nombreuses questions, ne rien Ă©viter, ne rien se cacher et surtout ne pas se mentir ou se raconter d’autres fadaises religieuses et balivernes mystiques. Il y a « mort d’homme », les textes nous prĂ©viennent: ‘si un cadavre sans nom se trouve entre deux villages, les anciens, reprĂ©sentants de la citĂ©, et de ce fait responsables de la sĂ©curitĂ© des citoyens, sont coupables et condamnables’.  (Devarim 21, 1-9 et la Mishna Sota 9,6)

Que l’on soit Rabbin ou non, tout notable doit ĂȘtre, en premier lieu, irrĂ©prochable, incorruptible, le digne reprĂ©sentant de la Loi morale et de la Pratique Ă©thique.

L’attitude mesurĂ©e et scrupuleuse doit ĂȘtre la norme, une rĂ©fĂ©rence pour tous ceux avides d’harmonie sociĂ©tale, et ainsi permettre de mettre un nom sur toute dĂ©mesure.

Ces derniĂšres annĂ©es, nombre d’affaires concernent en particulier le monde rabbinique, des enquĂȘtes, des procĂšs sont engagĂ©s autour de malversations financiĂšres et de dĂ©viationnismes sexuels. Des comportements outranciers en quĂȘte de profits matĂ©riels et physiques.

Tout commence le plus religieusement possible au cours d’audience privĂ©e avec un Rav que l’on considĂ©rait comme le reprĂ©sentant de Dieu sur terre.

Elle, trĂšs innocente, expose sa douleur, sa souffrance, sa question aussi intime soit-elle, elle, attend une rĂ©ponse, une solution ‘spirituelle’.

Lui, trÚs pervers, conseille, oriente, propose, entre une colonne de feu qui le consume et des nuées qui le troublent.

Ce comportement et lui seul a lĂ©gitimĂ© le DĂ©cret divin d’achever ces gens dont l’habit ne faisait pas le saint. La perception du juste n’est pas sĂ©parable de l’apprĂ©ciation du vocable: bien/mal, donc d’une expression appartenant Ă  la morale. Le concept du devoir-ĂȘtre est consĂ©quent d’une sagesse qui s’ancre dans l’a priori moral, nous dĂ©terminons du juste ou de l’injuste essentiellement en Ă©tablissant par avance un devoir-ĂȘtre et en le reliant au sujet garant de son Histoire.

Si la dĂ©marche engagĂ©e coĂŻncide avec le devoir-ĂȘtre, nous parlerons de droiture du mouvement.

Si elle souffre d’une omission Ă  l’égard de celui-ci, nous serons obligĂ©s de la considĂ©rer en termes d’irresponsabilitĂ©.

Si elle tend à s’opposer à ce qui est essentiellement moral, nous ne tergiverserons pas pour exprimer la faute.

Le cantique de «Haazinou» parle de l’Eternel: «Lui, Notre rocher, Son Ɠuvre est parfaite, toutes Ses voies sont la justice mĂȘme; D.ieu de vĂ©ritĂ©, jamais inique, constamment Ă©quitable et droit.» (DeutĂ©ronome XXXII, 4). Le Natsiv commente le verset et dit : «D.ieu est l’IdĂ©al de probitĂ©, il Lui Ă©tait tout Ă  fait impossible de protĂ©ger une sociĂ©tĂ© oĂč des «justes » se conduisaient de maniĂšre immorale ».

Ils s’éloignaient autant de la Conscience divine que de Ses vertus et, qui plus est, se rĂ©clamaient outrageusement du Dieu d’IsraĂ«l. Ils simulaient la dĂ©votion, faisaient semblant d’ĂȘtre pieux, mais uniquement pour mieux servir leurs intĂ©rĂȘts personnels; menteurs, manipulateurs, hypocrites, au nom de soi-disant desseins essentialistes, leur conduite amĂšnera la ruine de la sociĂ©tĂ© d’IsraĂ«l.


RĂ©daction francophone Infos Israel News pour l’actualitĂ© israĂ©lienne
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