« Il a comparé Gaza à Call of Duty » : une ONG anti-israélienne dépose plainte en Espagne contre un ex-parachutiste de Tsahal

Une nouvelle offensive judiciaire contre Israël s’organise en Europe. L’ONG anti-israélienne Hind Rajab Foundation (HRF), fondée à Bruxelles en 2024, a annoncé avoir déposé une plainte pénale en Espagne visant un ancien soldat de la brigade des parachutistes 101 de Tsahal. L’organisation accuse le militaire, actuellement à Barcelone, de « crimes de guerre » et de « participation à un génocide » lors des combats à Gaza.

Selon Yedioth Ahronoth et l’agence Reuters, il s’agit de la deuxième action intentée contre ce soldat, après une première plainte déposée à Chypre en juillet. L’ONG, qui revendique l’application du principe de compétence universelle, affirme disposer de vidéos et d’images où le militaire israélien se vanterait de sa participation aux opérations de destruction à Khan Younès, Jabaliya et Shejaïya. Dans ces extraits, il comparerait ses actions à des scènes de jeu vidéo, évoquant directement Call of Duty.

La plainte, déposée par l’avocat espagnol David Aranda Checa devant le tribunal central d’instruction de Madrid, détaille une série d’accusations : supervision de bulldozers D9 israéliens lors de démolitions de bâtiments, incendies volontaires de maisons, tirs indiscriminés dans des zones civiles évacuées et participation présumée à l’évacuation forcée de l’hôpital Nasser de Khan Younès, où quelque 10 000 déplacés et 450 patients étaient réfugiés en février 2024.

Le texte mentionne également la destruction de 70 % du camp de réfugiés de Jabaliya au printemps 2024, citant le centre de recherche satellitaire de l’ONU, UNOSAT. La Hind Rajab Foundation soutient que les vidéos, publiées par le soldat lui-même, constituent des preuves directes. Elle demande son arrestation immédiate « afin d’empêcher sa fuite » et de « garantir que justice soit rendue ».

Le président de l’ONG, Diab Abu Jahjah, connu pour ses positions hostiles à Israël, a déclaré : « Les criminels de guerre ne doivent jamais se sentir en sécurité à Barcelone ni ailleurs en Espagne. Nous appelons la justice espagnole à respecter ses obligations internationales et à juger les responsables de génocide et de crimes de guerre. »

L’ONG, baptisée en mémoire d’une fillette palestinienne tuée pendant la guerre de Gaza, mène une campagne active depuis Bruxelles pour engager des poursuites contre des dizaines de soldats et officiers israéliens. Elle a déjà transmis à la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye des dossiers visant plus d’un millier de militaires, dont l’actuel chef d’état-major Eyal Zamir, le commandant de l’armée de l’air Tomer Bar et plusieurs responsables du renseignement militaire.

Israël, pour sa part, dénonce une campagne de « lawfare » — la guerre judiciaire — orchestrée par des réseaux militants pro-palestiniens en Europe, cherchant à criminaliser systématiquement les opérations défensives de Tsahal contre le Hamas. Jérusalem rappelle que de telles plaintes, même médiatisées, reposent sur des « sources partisanes et manipulées » et visent surtout à délégitimer le droit d’Israël à se défendre 【Infos-Israel.News】.

Cette stratégie n’est pas nouvelle. Depuis les années 2000, plusieurs ONG proches de mouvements islamistes ou de la mouvance BDS (Boycott, Désinvestissement, Sanctions) tentent d’exploiter le concept de compétence universelle pour lancer des procédures judiciaires contre des militaires israéliens en Europe. La plupart de ces démarches se sont soldées par des échecs, les tribunaux reconnaissant le caractère politique des accusations.

Cependant, le risque demeure réel pour les soldats israéliens voyageant à l’étranger. Des mandats d’arrêt symboliques ou des procédures locales peuvent entraîner des détentions temporaires et ternir l’image internationale de l’État hébreu. Israël a déjà mis en garde ses ressortissants contre de tels « pièges juridiques », et des mesures de protection consulaire sont régulièrement mises en place.

La plainte déposée en Espagne illustre ainsi une tendance préoccupante : le recours croissant au droit international comme arme politique contre Israël. Derrière le vocabulaire de la justice universelle, se profile une campagne visant à isoler Jérusalem et à réécrire le récit du conflit. Face à ces accusations, Israël continue d’affirmer que ses forces respectent le droit international humanitaire et que ses opérations visent exclusivement des infrastructures terroristes du Hamas.

Au-delà du cas individuel du soldat visé, c’est donc la bataille de l’opinion publique qui se joue, sur fond de guerre judiciaire et de diplomatie militante. Une bataille où les tribunaux européens risquent de devenir le théâtre d’affrontements politiques déguisés en procédures pénales.

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