La décision du gouvernement Netanyahou d’approuver un nouvel échange de prisonniers palestiniens plonge les familles endeuillées dans la stupeur et la révolte. Après la libération de dizaines de terroristes lors de l’accord précédent, voilà que des centaines d’autres s’apprêtent à retrouver la liberté. Dans un cri de douleur qui résonne comme une gifle à la conscience nationale, les proches des victimes dénoncent un État “absent”, incapable de protéger la mémoire de ses morts.
« On libère nos meurtriers, encore une fois »
Le journaliste Avishai Grinshtein, du média religieux Hakol HaYehudi, a publié un témoignage glaçant :
« Depuis ce matin, je reçois des appels de familles en panique totale. “Vérifie si le terroriste qui a poignardé ma sœur est sur la liste.” “Le mari de la victime est en crise depuis l’aube.” “Toute la famille est en larmes : on libère l’assassin de mon frère.” »
Ces mots, d’une violence à peine contenue, illustrent l’abîme moral dans lequel le pays semble s’enfoncer. Les familles des victimes n’ont pas été prévenues, et certaines découvrent par la presse que les meurtriers de leurs proches sont désormais candidats à la liberté, au nom d’une trêve humanitaire dictée par le Hamas et acceptée par Jérusalem.
« On nous a trahis une fois de plus », confie une mère d’Ariel dont le fils, soldat, a été tué dans une attaque à la voiture-bélier. « Bibi parle de victoire morale, mais comment parler de victoire quand nos enfants sont morts et que leurs tueurs sortent avec des fleurs ? »
Une droite en lambeaux, un pays divisé
La critique ne vient pas seulement des familles : elle monte désormais des rangs mêmes du gouvernement. Amichai Shikli, ministre du Likoud, a reconnu que « la pression militaire avait forcé le Hamas à accepter l’accord », mais cette victoire tactique ne suffit plus à apaiser les consciences.
Le gouvernement, sous feu croisé, tente de défendre un équilibre impossible entre la nécessité de ramener les otages et la responsabilité de ne pas relâcher la terreur. Dans les faits, ce sont souvent les mêmes noms qui reviennent, les mêmes visages de meurtriers célébrés dans les rues de Ramallah ou de Khan Younès comme des “héros”.
Pour la droite sioniste, cette politique du “à tout prix” symbolise la faillite morale d’un exécutif qui se disait intransigeant. « Une coalition censée être 100 % de droite, 100 % forte, s’agenouille désormais devant les campagnes du centre et de la gauche », fulmine un député du parti HaTzionout HaDatit, cité par Israel National News.
L’État absent : la deuxième mort des victimes
L’une des critiques les plus dures vise la désorganisation de l’État. Lors du précédent accord, c’est le média Hakol HaYehudi, et non le gouvernement, qui avait informé plusieurs familles que les meurtriers de leurs enfants étaient libérés.
« Nous avons passé des centaines d’heures à reconstituer les dossiers, à prévenir les familles, à agir comme des psychologues et des assistants sociaux à la veille d’une fête juive », dénonce Grinshtein. « Où est le ministère de la Justice ? Où est le bureau du Premier ministre ? »
L’absence de transparence ajoute à la douleur : aucune liste officielle n’a encore été publiée, et des familles vivent dans la peur d’apprendre, par hasard, que “leur” terroriste est libre. Cette angoisse collective ravive les traumatismes du 7 octobre, jour où l’État avait déjà semblé s’effondrer face au chaos.
Les “marchands de compassion” et la réalité du terrain
Les défenseurs de l’accord, à Jérusalem comme à Washington, parlent de “sacrifice nécessaire pour sauver des vies”. Mais sur le terrain, les familles des victimes voient surtout un sacrifice de la dignité nationale.
Le Hamas, affaibli mais toujours debout, exploite ces libérations comme des victoires symboliques. À chaque échange, ses médias diffusent les images de prisonniers rentrant triomphants dans leurs villages, sous des drapeaux verts et des chants de vengeance.
Pour Tsahal, ces scènes sont un désastre moral. « Chaque terroriste libéré devient un argument contre notre dissuasion », confie un officier à Maariv. « Nous combattons à Gaza pour éliminer le mal, et en même temps, on le relâche par la porte diplomatique. »
Le prix du renoncement
Cette situation met en lumière une fracture israélienne profonde : entre ceux qui croient que la paix se gagne à la table des négociations et ceux qui savent qu’elle se maintient au bout du fusil.
En libérant des assassins sous couvert d’accords humanitaires, Israël offre à ses ennemis un message de faiblesse. Mais surtout, elle envoie à ses propres citoyens le signal le plus dévastateur : leurs morts ne comptent plus.
Les familles, elles, n’oublieront pas. Et si l’État semble absent, c’est peut-être dans ces foyers silencieux, ces chaises vides de Shabbat, que brûle encore la véritable flamme d’Israël — celle du refus d’abandonner.
Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
© 2025 – Tous droits réservés