Depuis l’arrivée au pouvoir des nouvelles autorités en Syrie, les Alaouites, minorité religieuse représentant environ 10 % de la population, vivent dans une peur constante. Des vidéos et des témoignages rapportent des humiliations, des exécutions sommaires et des actes de torture à l’encontre de cette communauté historiquement liée au régime d’Assad.

Une minorité ciblée pour des raisons religieuses et politiques

Les Alaouites, principalement localisés dans la région côtière ainsi que dans des villes comme Damas, Homs, Alep et Hama, sont considérés comme des hérétiques par certains musulmans sunnites, en particulier les courants islamistes radicaux. Au-delà de l’hostilité religieuse, un désir de vengeance exacerbe les tensions.

Pendant la guerre civile syrienne, le régime Assad, dominé par des Alaouites, a été accusé de crimes de guerre contre les rebelles, y compris des massacres, des tortures et des exécutions de masse. Aujourd’hui, les nouveaux dirigeants utilisent ces accusations pour justifier des représailles brutales.

Humiliations publiques et violence

Des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux montrent des hommes alaouites contraints d’aboyer comme des chiens, battus avec des crosses de fusils ou attachés à des poteaux électriques. D’autres captifs sont piétinés par leurs agresseurs. Dans un enregistrement, un combattant islamiste qualifie ses prisonniers de « porcs alaouites » tandis que des hommes agenouillés tremblent de peur contre un mur.

Ceux qui échappent aux humiliations sont souvent exécutés lors de procès sommaires, accusés d’appartenir aux milices pro-Assad ou d’avoir participé à des manifestations.

Un avenir incertain

« Nous avons peur et l’avenir est flou », a confié un Alaouite à la BBC en arabe. Dans certains endroits, des actes de vol, de meurtre et d’enlèvement aggravent l’insécurité. Des habitants ont été contraints de se défendre sans armes, recourant uniquement à des caméras pour surveiller leurs maisons.

Si certains Alaouites ont célébré la chute du régime Assad, beaucoup redoutent les exactions des nouveaux dirigeants. Le chef de facto du pays, Ahmed Al-Sharaa (alias Al-Joulani), a promis que les minorités vivraient en sécurité et a interdit les représailles. Pourtant, sur le terrain, les violations sont nombreuses.

Le nouveau régime tente de justifier ses actions

Le média qatari *Al Jazeera*, aligné sur les nouvelles autorités, rapporte que des opérations militaires dans la région de Lattaquié visent à « ramener la sécurité et la stabilité ». Les anciens partisans d’Assad qui refusent de rendre leurs armes sont qualifiés de hors-la-loi et accusés de menacer la paix publique.

Dans le cadre de ces opérations, des points de contrôle ont été établis, notamment près de la base de Hmeimim, toujours contrôlée par les Russes, pour empêcher les membres du régime précédent de fuir vers Moscou.

Un avenir sombre pour les Alaouites ?

Malgré les promesses d’Al-Sharaa, la réalité reste alarmante pour les Alaouites. Les actes de vengeance se poursuivent, et le chaos qui règne dans certaines zones rend difficile toute prévision sur l’avenir de cette communauté.

Alors que le pays tente de se reconstruire, les tensions religieuses et politiques risquent de prolonger les divisions et la violence, laissant les Alaouites dans une situation précaire, où la peur et l’incertitude dominent leur quotidien.