Le sergent-chef S., de lâunitĂ© dâĂ©lite Golani, est restĂ© enfermĂ© chez lui pendant des mois aprĂšs sa blessure. Le sergent A., du bataillon Shaked, a Ă©tĂ© blessĂ© par un engin explosif et a appris quâil ne pourrait pas retourner combattre aux cĂŽtĂ©s de ses camarades. Mais un nouveau programme de lâunitĂ© 9900 leur a permis, ainsi quâĂ neuf autres soldats blessĂ©s, de retrouver un rĂŽle clĂ© dans les opĂ©rations militaires. Cette fois, ils reviennent en tant quâanalystes du renseignement, apportant une prĂ©cieuse valeur ajoutĂ©e au champ de bataille.
On dit quâune image vaut mille mots, mais les analystes du renseignement visuel de lâunitĂ© 9900 savent quâelle peut parfois valoir bien plus.
Leur travail quotidien, en tant quâexperts en gĂ©o-intelligence, peut ĂȘtre comparĂ© Ă une version complexe du jeu « Trouvez les diffĂ©rences ». Ils analysent des zones de terrain et des images aĂ©riennes pour identifier Ă la fois des menaces et des opportunitĂ©s. Cette expertise a Ă©tĂ© cruciale lors de lâentrĂ©e des forces terrestres de Tsahal dans la bande de Gaza, oĂč ces « images » sont devenues un outil permettant de sauver des vies sur le champ de bataille.
Un programme unique pour les soldats blessés
En octobre dernier, un programme de formation inĂ©dit, baptisĂ© « Ocean 11 », a Ă©tĂ© lancĂ©. DĂ©veloppĂ© en collaboration avec le renseignement militaire (Aman) et la direction Shaar LaAtid de lâarmĂ©e, ce projet a permis de sĂ©lectionner onze soldats blessĂ©s en guerre, qui ont suivi une reconversion professionnelle en tant quâanalystes du renseignement visuel.
« Il y a des choses que ces soldats savaient dĂ©jĂ grĂące Ă leur expĂ©rience du combat », explique la sergente-chef M., commandante du cours. « Ils sont arrivĂ©s avec une connaissance du terrain quâon ne peut pas acquĂ©rir dans une salle de classe climatisĂ©e, et cela sâest vu tout au long de la formation. En fin de compte, si vous avez dĂ©jĂ marchĂ© dans les ruelles dâAita al-Chaab ou menĂ© un assaut sur un bĂątiment ciblĂ© Ă Khan YounĂšs, vous avez un net avantage sur ceux qui nâont Ă©tudiĂ© ces lieux que sur des cartes et des photos. »
Un retour Ă lâaction sous une autre forme
Parmi les soldats ayant rejoint ce programme figure le sergent A., ancien combattant du bataillon Shaked.
« Fin janvier, nous avions pour mission de dĂ©gager une zone prĂšs de Daraj al-Tufah, » raconte-t-il. « Les Ă©quipes du gĂ©nie militaire sâoccupaient du gros du travail, tandis que nous assurions une position de surveillance pour protĂ©ger leurs opĂ©rations. »
« CâĂ©tait un vendredi, et nous devions terminer et quitter la zone samedi soir. Vers 14 heures, jâai appelĂ© ma femme pour lui souhaiter un bon shabbat. Elle Ă©tait enceinte de notre fille et, la veille, mon commandant mâavait demandĂ© si je voulais partir en permission pour lâaccouchement. Jâai rĂ©pondu que je partirais avec tout le monde samedi soir. »
Mais quelques instants aprÚs cet appel, tout a basculé.
« JâĂ©tais accroupi pour ranger mon sac quand une Ă©norme explosion a retenti. Jâai Ă©tĂ© projetĂ© Ă trois mĂštres dans les airs. »
Au dĂ©but, il ne comprend pas la gravitĂ© de sa blessure. Il se relĂšve seul et est Ă©vacuĂ© vers lâhĂŽpital pour des examens. « Je pensais que ce nâĂ©tait rien de grave. »
Mais les rĂ©sultats montrent une toute autre rĂ©alitĂ© : « Des dizaines dâĂ©clats dâobus avaient pĂ©nĂ©trĂ© mon dos, mon bassin et ma hanche. »
MalgrĂ© tout, il convainc les mĂ©decins de le laisser rentrer chez lui pour ĂȘtre avec sa femme, mais les douleurs sâaggravent et il doit retourner Ă lâhĂŽpital, oĂč il assiste Ă la naissance de sa fille.
De la rééducation à une nouvelle mission
Son rĂ©tablissement dure prĂšs de dix mois, pĂ©riode durant laquelle il explore les options pour rester dans lâarmĂ©e.
« Je devais suivre un parcours de formation pour devenir officier, mais Ă©videmment, ce nâĂ©tait pas prĂ©vu que je sois blessĂ© ainsi », dit-il en plaisantant.
Lorsque la commission mĂ©dicale lui annonce quâil ne pourra pas retourner au combat, câest un choc. Mais peu aprĂšs, il est contactĂ© par lâunitĂ© Shaar LaAtid, qui lui propose dâintĂ©grer le programme 9900.
« DĂšs que jâai entendu parler de cette opportunitĂ©, jâai sautĂ© sur lâoccasion. Ce rĂŽle est directement liĂ© au champ de bataille et nĂ©cessite une excellente comprĂ©hension du terrain. CâĂ©tait une Ă©vidence pour moi â continuer Ă servir, mais cette fois, de lâautre cĂŽtĂ© de lâĂ©cran. »
Un autre regard sur le renseignement
Un autre soldat ayant rejoint le programme est le sergent-chef S., ancien combattant de lâunitĂ© dâĂ©lite Golani.
« Au dĂ©but de la guerre, nous avons combattu dans la bande de Gaza pendant des semaines. En janvier, on nous a annoncĂ© que nous allions ĂȘtre relevĂ©s aprĂšs une longue pĂ©riode de combats. Mais le destin en a dĂ©cidĂ© autrement. »
Sur le point de quitter la zone, il est griĂšvement blessĂ© au bassin et Ă©vacuĂ© dâurgence vers lâhĂŽpital pour une intervention chirurgicale. Pendant trois mois, il reste enfermĂ© chez lui en pleine rééducation, isolĂ© de ses camarades toujours en premiĂšre ligne.
Puis, un jour, son officier lâappelle avec une proposition :
« On mâa dit que jâavais Ă©tĂ© sĂ©lectionnĂ© pour un programme de lâunitĂ© 9900. DĂšs que jâen ai entendu parler, jâai su que câĂ©tait pour moi. »
Le lendemain, il participe aux tests de sĂ©lection, alors mĂȘme quâil est engagĂ© dans des opĂ©rations au nord dâIsraĂ«l.
« CâĂ©tait un changement radical, » raconte-t-il. « Une semaine, jâĂ©tais sur le champ de bataille, armĂ© et en tenue de combat. La suivante, jâĂ©tais en salle de classe, en train dâapprendre lâanalyse du renseignement. »
Une formation accélérée et adaptée
Le programme, dâune durĂ©e de deux mois, a Ă©tĂ© conçu pour tirer parti de leur expĂ©rience du terrain.
« Ils ont créé une formation parfaitement adaptĂ©e Ă notre nouvelle rĂ©alitĂ©, » explique le sergent A. « Nous pouvions suivre nos traitements mĂ©dicaux tout en Ă©tudiant. LâĂ©quipe encadrante Ă©tait Ă lâĂ©coute et flexible. De plus, le fait que nous soyons tous passĂ©s par des expĂ©riences similaires â combat, blessure, rééducation â a créé un lien fort entre nous. »
Aujourdâhui, aprĂšs presque deux mois dans son nouveau rĂŽle dâanalyste en gĂ©o-intelligence, le sergent A. espĂšre que cette initiative prendra de lâampleur.
« Le nom du programme, âOcean 11â, fait rĂ©fĂ©rence aux onze soldats qui ont commencĂ© la formation. Mais jâaimerais voir bientĂŽt un âOcean 50â ou mĂȘme un âOcean 100â. Malheureusement, beaucoup de soldats ont Ă©tĂ© blessĂ©s dans cette guerre, et je sais que beaucoup dâentre eux veulent encore servir. »
« Le message est clair, » conclut-il. « à ceux qui pensent avoir tout perdu â sachez que lâarmĂ©e vous attend et est prĂȘte Ă faire les ajustements nĂ©cessaires pour vous permettre de continuer Ă contribuer. »
RĂ©daction francophone Infos Israel News pour lâactualitĂ© israĂ©lienne
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