Alors que l’accord historique avec le Hamas pour la libération des otages israéliens vient d’être signé, un flot de réactions enthousiastes a envahi la classe politique. Tous — ou presque — ont remercié le président américain Donald Trump pour son rôle déterminant dans la médiation, ainsi que les soldats et les services de sécurité. Mais la plupart des dirigeants de l’opposition ont soigneusement omis de mentionner Benjamin Netanyahou, pourtant signataire de l’accord et principal responsable de sa mise en œuvre. Une omission qui n’est pas fortuite : elle reflète les fractures politiques d’un pays encore meurtri, partagé entre soulagement national et rancunes partisanes.
Yair Lapid, chef de l’opposition, a été l’un des premiers à s’exprimer sur X (ancien Twitter) : « Nous attendons avec le souffle coupé nos enfants. Merci au président Trump. Et que nos fils reviennent à leurs frontières. » Dans un second message, il a salué « les soldats, les réservistes et toutes les forces de sécurité qui ont tout sacrifié pour l’État d’Israël », sans citer le moindre mot sur le Premier ministre. Même ton du côté d’Avigdor Lieberman (Israël Beitenou), qui a parlé d’un « matin d’espoir et de joie immense » et remercié Trump « pour ses efforts et sa direction », tout en ajoutant prudemment : « Merci à tous ceux qui ont contribué à cet accord ».
Plus à gauche, Yair Golan, chef du parti Les Démocrates, a publié un message empreint d’émotion : « Après deux années de douleur et de lutte, il y a enfin de l’espoir. Merci au président Trump d’avoir conduit à cet accord et à la fin de la guerre. Merci aux familles qui n’ont jamais abandonné, aux soldats et soldates qui ont combattu et saigné pour ce moment, et au peuple d’Israël qui a montré une solidarité et une fraternité exceptionnelles. » Gadi Eisenkot, ancien député et ex-chef d’état-major, a lui aussi salué « un accord qui ramènera nos fils et nos filles à la maison après deux années d’enfer », mentionnant Trump et les équipes de négociation, mais sans mot sur Netanyahou.
Seul Benny Gantz, président du parti Bleu et Blanc, a adopté une position différente. Dans un communiqué mesuré, il a tenu à remercier à la fois « le président Trump pour son engagement sans faille à ramener les otages et garantir la sécurité d’Israël », mais aussi « le Premier ministre Netanyahou et l’échelon politique pour la décision importante et courageuse d’adopter le plan présidentiel ». Gantz, plus institutionnel, a voulu rétablir une certaine unité nationale autour de cet accord. Mais dans l’ensemble, le message est clair : l’opposition a choisi de célébrer la victoire morale et humanitaire sans créditer le gouvernement, soulignant ainsi les fractures internes du leadership israélien.
Cet épisode illustre à quel point la politique israélienne reste polarisée, même dans les moments d’unité apparente. Si tous les partis s’accordent à saluer la libération des otages — symbole d’une victoire humaine et spirituelle —, la bataille pour le récit politique, elle, ne fait que commencer. Entre reconnaissance envers Washington, critiques implicites envers Jérusalem et prudence stratégique vis-à -vis du Hamas, chacun joue sa partition. Dans cette cacophonie feutrée, Netanyahou reste au centre du jeu — absent des discours, mais omniprésent dans les calculs.
Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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