Le tribunal de Bagdad vient de condamner le célèbre blogueur irakien Nasr Maqsoud Aboud, alias « Land », à quatre mois de détention pour avoir publié ce que les autorités qualifient de « contenu inapproprié ». Une accusation fourre-tout qui illustre la dérive autoritaire d’un système judiciaire obsédé par les normes morales… et qui rappelle à quel point les libertés individuelles restent une illusion dans certains pays du monde arabe.
Avec plus de 286 000 abonnés sur TikTok, Land s’était imposé comme une figure populaire — et provocante — de la scène numérique irakienne, en particulier grâce à ses vidéos de maquillage, son look androgyne, et son franc-parler assumé. Dans un pays où les codes de genre sont encore rigides et la liberté d’expression surveillée comme un champ de mines, son audace n’a pas été pardonnée.
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Quand le mascara devient une menace
Land n’a pas été condamné pour incitation à la haine, ni pour diffusion de contenus violents, mais bien pour avoir « choqué les bonnes mœurs » par son apparence féminine et son comportement jugé « non conforme ». Selon les autorités irakiennes, ses vidéos « mettent en danger la société et brouillent les repères des jeunes ».
Autrement dit : porter du maquillage sur TikTok en Irak peut vous envoyer en prison. Bienvenue en 2025 dans un monde parallèle où le fard à paupières dérange plus que la corruption ou les milices.
Un signal glaçant pour les minorités
Ce verdict envoie un message limpide : toute expression de genre non conventionnelle sera réprimée sans pitié. Il confirme ce que de nombreux militants irakiens dénoncent depuis des années : une recrudescence des campagnes anti-LGBTQ+, encouragées par des forces conservatrices, religieuses ou paramilitaires, souvent alliées au pouvoir.
La sentence de Land n’est pas isolée. D’autres jeunes créateurs, artistes ou blogueurs irakiens ayant osé afficher un look ou une opinion hors normes ont été convoqués, intimidés, censurés ou arrêtés. L’objectif est clair : réinstaurer par la force un ordre moral patriarcal, aux antipodes de l’aspiration des jeunes générations à plus de liberté et de tolérance.
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Silence complice de la communauté internationale
Pendant que Land dort en cellule, les chancelleries occidentales détournent les yeux. Pas de réaction de l’ONU, ni de déclaration des grands défenseurs des droits de l’homme. L’Irak, encore sous perfusion économique internationale, bénéficie d’un statut d’impunité morale au nom de la stabilité régionale.
Mais que vaut une stabilité bâtie sur la répression culturelle, la peur et la police des apparences ? La question reste entière.
Une génération entière est en train de comprendre que s’exprimer est un risque. S’exprimer autrement est un crime.
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