Iran : un Juif américain condamné à deux ans de prison pour un voyage en Israël effectué il y a treize ans

À Téhéran, la justice iranienne vient de condamner un citoyen américain d’origine juive à deux ans de prison, pour avoir visité Israël en 2010. L’affaire, révélée par le New York Times, illustre la dérive inquiétante du régime iranien contre ses propres citoyens et contre toute trace de lien avec l’État juif.

L’histoire a de quoi glacer le sang.
Kamran (Yehuda) Hakmati, un joaillier new-yorkais âgé de 70 ans, né en Iran et naturalisé américain, a été arrêté cet été alors qu’il rendait visite à sa famille à Téhéran. Son “crime” : avoir voyagé en Israël treize ans plus tôt pour célébrer la bar-mitsva de son fils.

Selon les informations recueillies par The New York Times, Hakmati a été arrêté à l’aéroport de Téhéran au moment de quitter le pays, puis placé en détention dans la prison d’Evin, tristement célèbre pour ses tortures et ses procès arbitraires. Il a d’abord été assigné à résidence, avant d’être de nouveau arrêté en juillet lors d’une descente des forces de sécurité iraniennes.


Un procès expéditif, sans avocat ni défense

D’après sa famille, Hakmati n’a bénéficié d’aucune défense légale.
Il a été présenté devant le tribunal révolutionnaire islamique, sans qu’aucune preuve concrète ne soit produite.
Le verdict initial – quatre ans de prison – a finalement été réduit à deux ans d’incarcération ferme.

« Kamran n’a jamais eu d’activités politiques, c’était un voyage familial », a déclaré un proche.
« Le régime cherche des boucs émissaires et s’en prend aux Juifs comme au temps des purges des années 1980. »

Depuis son arrestation, les autorités iraniennes refusent de communiquer sur l’affaire, arguant d’un “délit de sécurité nationale”.
Mais selon les observateurs, il s’agit avant tout d’un message politique adressé à la diaspora iranienne : quiconque entretient un lien avec Israël, même symbolique, s’expose à la vengeance du régime.


Une détention aux conditions alarmantes

Les proches de Hakmati sont particulièrement inquiets pour sa santé fragile.
Âgé de 70 ans, souffrant de problèmes cardiaques, il serait détenu dans des conditions insalubres, sans traitement adapté.
Les rares contacts autorisés se font par appels téléphoniques étroitement surveillés.

Un avocat engagé par la famille a déposé un recours en appel, mais aucune date d’audience n’a été fixée.
Pour l’heure, le prisonnier est maintenu dans une cellule collective du bloc 209 de la prison d’Evin, où sont enfermés les détenus politiques.


L’ombre du chantage diplomatique

Les analystes estiment que cette condamnation s’inscrit dans la stratégie de chantage diplomatique employée depuis des années par le régime iranien.
Plusieurs citoyens occidentaux, dont des Européens et des Américains, ont été arrêtés puis libérés contre des concessions politiques ou financières.

Dans ce cas précis, le fait que Hakmati soit Juif et Américain en fait une cible doublement symbolique.
Pour Téhéran, c’est une manière de dénoncer les “relations sionistes” de certains Iraniens de la diaspora et d’alimenter la propagande interne contre Israël.

« Ce n’est pas la première fois que l’Iran punit un simple voyageur pour ses liens familiaux avec Israël », rappelle un journaliste de Shargh Daily réfugié à Londres.
« Le régime a besoin de fabriquer des ennemis intérieurs pour masquer ses échecs économiques et sociaux. »


Une dérive inquiétante

Depuis plusieurs années, la République islamique durcit ses lois à l’encontre des binationaux et des Iraniens ayant séjourné en Israël.
Certains sont accusés d’“espionnage”, d’autres de “collaboration avec l’entité sioniste”, sans qu’aucune preuve ne soit jamais présentée.

Dans le cas de Hakmati, la charge repose uniquement sur un tampon israélien sur un ancien passeport.
Cette obsession du régime témoigne d’une haine idéologique persistante, nourrie par des décennies de propagande antisémite.


Le silence des chancelleries occidentales

À Washington, le Département d’État a confirmé être au courant du dossier, sans commenter publiquement.
Aucune réaction officielle n’a non plus été enregistrée du côté de l’administration Trump, qui maintient depuis janvier une ligne de fermeté absolue vis-à-vis du régime iranien.

Les États-Unis exigent déjà la libération de plusieurs détenus américains à Téhéran, notamment le scientifique Emad Shargi et l’environnementaliste Morad Tahbaz.
L’affaire Hakmati pourrait désormais s’ajouter à la liste des négociations bilatérales sur les prisonniers.


Un message glaçant pour les Juifs iraniens

Pour les quelques milliers de Juifs restés en Iran, cette affaire sonne comme un avertissement brutal.
Beaucoup vivent dans la peur d’être accusés de “sympathie sioniste” à la moindre interaction avec Israël ou la diaspora.
Les familles craignent désormais de recevoir leurs proches de l’étranger, de peur d’attirer l’attention des services de sécurité.

« Ce n’est pas seulement une attaque contre un homme, mais contre notre identité », a déclaré un membre de la communauté juive de Shiraz sous couvert d’anonymat.
« Ils veulent que nous renoncions à toute appartenance spirituelle avec Israël. »


L’absurdité d’un régime enfermé dans sa haine

Treize ans après un simple voyage familial, le régime iranien continue de criminaliser la mémoire d’Israël jusque dans les passeports périmés.
Cette affaire souligne le gouffre moral d’un pouvoir qui confond la religion avec la répression, et la souveraineté avec la peur.
Pendant que des terroristes sont libérés au nom d’accords régionaux, un vieil homme malade croupit en prison pour avoir célébré la majorité religieuse de son fils à Jérusalem.

Un contraste qui en dit long sur la faillite morale d’un régime en guerre contre son propre peuple — et contre tout ce qui touche, de près ou de loin, à la lumière d’Israël.


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