C’est une phrase qui a fait l’effet d’une bombe dans les couloirs de la diplomatie européenne. Lors d’un échange tendu entre responsables israéliens et représentants français à l’ONU, un haut diplomate israélien a lancé :

« Allez-vous créer un pays dont le jour de l’indépendance sera le 7 octobre ? »

Cette phrase, amère et tranchante, fait référence au soutien ambigu de la France à la reconnaissance d’un État palestinien, même après les massacres du 7 octobre perpétrés par le Hamas. Un soutien qui, du point de vue israélien, ne tient aucun compte de la réalité sur le terrain, ni de la douleur encore vive du peuple israélien.

Cette déclaration n’est pas qu’un coup d’éclat rhétorique. Elle reflète un profond désarroi – et une colère froide – au sein du gouvernement israélien. Car pour Israël, la reconnaissance unilatérale d’un État palestinien aujourd’hui, sans désarmement du Hamas, équivaut à valider la terreur comme fondement d’un État.

Un contexte d’humiliation nationale

Le 7 octobre 2023 restera dans l’histoire d’Israël comme un jour noir. Plus de 1 200 civils israéliens massacrés, des femmes violées, des enfants brûlés, des familles entières exterminées dans leurs maisons. Un pogrom à l’ère des réseaux sociaux, dont les images ont été diffusées avec fierté par les bourreaux.

Les dons sont la bienvenue en cette situation particulièrement difficile  :

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Ce jour-là, le Hamas n’a pas seulement attaqué des militaires – il a ciblé des civils avec une barbarie calculée. Et il l’a revendiqué. Il en a fait un moment fondateur de sa propagande.

C’est pourquoi, lorsqu’un pays comme la France évoque aujourd’hui la création d’un État palestinien sans poser comme condition préalable le démantèlement total du Hamas, Israël y voit une gifle morale.

La France en décalage complet

Depuis le début du conflit, Paris tente de maintenir une posture d’équilibre entre soutien à Israël et “compréhension” des aspirations palestiniennes. Mais en insistant sur une reconnaissance unilatérale, la diplomatie française franchit une ligne rouge.

Elle envoie le message suivant :

« Peu importe ce que vous avez subi le 7 octobre. Peu importe que vos otages soient encore détenus. Peu importe que les auteurs des massacres gouvernent toujours Gaza. Nous sommes prêts à récompenser cette entité. »

C’est ce qui a déclenché la colère israélienne, et la désormais célèbre réplique :

« Le 7 octobre, pour vous, c’est le début d’une nation ? Pour nous, c’est une plaie ouverte. »

Une inversion morale intolérable

Dans les couloirs du ministère des Affaires étrangères israélien, on parle d’“inversion morale totale”. Car, selon Jérusalem, la France ne condamne pas le Hamas avec la fermeté requise, ne lie pas la reconnaissance d’un État palestinien à des conditions strictes de démilitarisation, et ferme les yeux sur la glorification de la violence dans les territoires palestiniens.

« Il ne s’agit pas d’être contre les Palestiniens », expliquait un diplomate israélien sous couvert d’anonymat.
« Mais on ne peut pas construire un État sur des ruines morales. »

Pour Israël, l’idée d’un État palestinien à l’heure actuelle reviendrait à entériner le 7 octobre comme un moment fondateur. Et cela, aucun gouvernement israélien, de droite comme de gauche, ne l’acceptera jamais.

Une opinion publique israélienne unie

Sur ce point, Israël est uni. Les partis politiques, les médias, et la majorité de la population rejettent avec force toute reconnaissance d’un État palestinien qui ne serait pas précédée d’un changement radical sur le terrain.

Et ce n’est pas une opposition idéologique, mais existentielle. L’image d’un État qui naîtrait des cendres de Kibbutz Be’eri ou Kfar Aza est inacceptable pour l’opinion israélienne.

Un éditorial du journal Israel Hayom résume cette position :

« Ce n’est pas un État que vous proposez – c’est un sanctuaire pour les assassins. »

Une diplomatie israélienne offensive

Face à ce climat, Israël ne se contente plus de protester. Il contre-attaque sur tous les fronts :

– En publiant des preuves sur les liens directs entre l’Autorité palestinienne et les groupes terroristes,
– En exposant les livres scolaires incitant à la haine et à la violence,
– En appelant les pays amis à ne pas se faire les complices involontaires d’un nouveau fiasco diplomatique.

Car pour Israël, un État palestinien non démocratique, armé, islamisé et radicalisé ne serait pas un partenaire de paix – mais un avant-poste de l’Iran à ses frontières.

Des réactions internationales partagées

Les États-Unis, bien qu’engagés sur la voie des deux États, refusent pour l’instant toute reconnaissance unilatérale. Ils insistent sur le retour des otages, la fin des hostilités, et la reconstruction post-Hamas avant toute discussion sérieuse sur un État.

Même des pays arabes modérés, comme les Émirats ou la Jordanie, partagent cette prudence. Ils savent que l’instauration d’un État dans le chaos actuel ne ferait qu’alimenter de nouveaux cycles de guerre.

La France, en agissant seule ou avec quelques partenaires européens, risque de se marginaliser et d’affaiblir encore davantage sa position dans la région.

Le poids du 7 octobre ne s’efface pas

Israël le répète sans cesse : le 7 octobre n’est pas un incident ponctuel. C’est un traumatisme national, une ligne de fracture historique, un avant/après qui redéfinit les règles du jeu.

Et tout pays qui prétend vouloir jouer un rôle diplomatique dans la région doit reconnaître cette réalité. Faute de quoi, il perdra toute légitimité aux yeux des Israéliens.

C’est pourquoi la phrase, aussi brutale soit-elle, fait mouche :

« Allez-vous vraiment créer un pays dont le jour d’indépendance sera le 7 octobre ? »

C’est une manière directe de dire à la France :
“Réfléchissez. Car en reconnaissant cet État maintenant, vous ne soutenez pas la paix – vous légitimez le massacre.”