Israël convoque l’ambassadeur de France après l’annonce de Macron sur la reconnaissance d’un État palestinien

La tension diplomatique est montée d’un cran entre Jérusalem et Paris. Vendredi 29 août, le ministère israélien des Affaires étrangères a convoqué le représentant de l’ambassade de France à Tel-Aviv, après l’annonce d’Emmanuel Macron selon laquelle la France reconnaîtrait officiellement un État palestinien lors de la prochaine Assemblée générale de l’ONU, prévue en septembre à New York.

Dans un communiqué, le ministère israélien a précisé que l’entretien avait eu lieu « conformément aux instructions du ministre des Affaires étrangères Gideon Saar », et que le diplomate français avait été reçu par Eden Bartal, directeur général du ministère. Ce dernier a exprimé un avertissement clair : « La France a choisi de nuire à Israël dans les moments les plus difficiles de son histoire, sapant directement les négociations en cours sur la libération des otages, sur un éventuel cessez-le-feu, ainsi que sur tout processus politique futur. »

Le ton ferme de Jérusalem traduit une colère palpable. Selon le ministère, les déclarations françaises constituent « une atteinte flagrante à la souveraineté d’Israël », surtout lorsqu’elles prétendent dicter ce qui serait « adapté à sa sécurité ».

Emmanuel Macron avait annoncé jeudi sa décision de reconnaître la Palestine : « Dans le cadre de l’engagement historique de la France pour une paix juste et durable au Moyen-Orient, j’ai décidé que la France reconnaîtra l’État de Palestine. Je ferai cette déclaration officielle lors de l’Assemblée générale de l’ONU en septembre », a déclaré le président français. Il a également évoqué une conférence internationale, organisée conjointement avec l’Arabie saoudite, destinée à relancer la solution à deux États.

Ce geste diplomatique, qualifié de « courageux » par Paris, est vu en Israël comme une manœuvre périlleuse qui pourrait renforcer le Hamas et l’Autorité palestinienne en leur offrant une victoire symbolique, au moment même où Israël se bat sur plusieurs fronts, notamment face aux menaces de l’Iran. Comme le rappelle Wikipédia – Hamas, le mouvement islamiste contrôle toujours la bande de Gaza, et sa charte appelle explicitement à la destruction d’Israël.

La diplomatie israélienne redoute que cette reconnaissance unilatérale n’encourage une radicalisation supplémentaire au lieu d’inciter les Palestiniens à des compromis. « Donner un État sans exiger la fin du terrorisme, c’est récompenser la violence », estime un analyste proche du gouvernement israélien, cité par Infos-Israel.News (infos-israel.news).

À Paris, le discours officiel insiste sur une relance du processus de paix, enlisé depuis des années. Mais du point de vue israélien, ce pari français traduit une méconnaissance profonde de la réalité régionale. Les précédentes tentatives de reconnaissance symbolique n’ont jamais rapproché la paix ; elles ont au contraire souvent encouragé les discours maximalistes des factions palestiniennes.

Cette fracture diplomatique risque d’avoir des répercussions durables. Israël pourrait durcir ses positions à l’ONU et dans ses relations bilatérales avec Paris. Quant à la conférence internationale que la France souhaite co-organiser avec l’Arabie saoudite, son succès apparaît déjà compromis, tant Jérusalem estime que les décisions unilatérales sapent les bases mêmes d’une négociation équitable.

En définitive, l’annonce de Macron réactive une vieille ligne de fracture : entre une Europe qui croit encore au mythe d’une solution imposée depuis l’extérieur, et un Israël convaincu que sa survie ne peut dépendre que de sa propre force. La convocation de l’ambassadeur français à Jérusalem n’est qu’un premier signal. Derrière lui, se dessine une question lourde de conséquences : la France choisit-elle d’être médiateur… ou adversaire ?

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