Le ministère des Transports a frappé fort. Lors de la conférence « תחבורה, תשתיות ואנרגיה » organisée par ynet et Yedioth Ahronoth, la ministre des Transports Miri Regev a annoncé une série de mesures d’application inédites destinées à enrayer l’une des causes majeures d’accidents mortels sur les routes israéliennes : l’usage du téléphone portable au volant.
Source principale : https://www.ynet.co.il/news/article/sj0r00fkp
La mesure la plus spectaculaire prévoit qu’un conducteur surpris en train d’envoyer un message recevra immédiatement — et sans procédure judiciaire — une amende administrative de 10 000 shekels, même lors de la première infraction. Une sanction que la ministre décrit comme « la seule capable de générer une véritable dissuasion ».
La décision marque un tournant radical dans la politique routière israélienne, et s’inscrit dans une stratégie plus globale : réduire la mortalité routière en responsabilisant directement les conducteurs, tout en renforçant les dispositifs de contrôle de la police.
Un changement de paradigme : l’humain avant l’infrastructure
Pour Regev, les chiffres parlent d’eux-mêmes : « 80 % des accidents sont causés par le facteur humain — alcool, fatigue, et surtout les messages en conduisant. C’est une responsabilité personnelle », a-t-elle rappelé lors de la conférence.
Depuis plusieurs années, Israël investit massivement dans les routes, tunnels, lignes rapides de bus et infrastructures ferroviaires. Mais la ministre estime que même les meilleures infrastructures ne permettent pas de compenser la négligence humaine. En d’autres termes : tant que les conducteurs continueront à regarder leurs téléphones plutôt que la route, l’État ne pourra pas réduire significativement le nombre de morts.
Le nouveau dispositif s’inscrit donc dans une logique de « tolérance zéro », déjà adoptée dans plusieurs pays européens. Mais Israël va beaucoup plus loin en imposant une amende parmi les plus élevées au monde pour ce type d’infraction.
Renforcement massif de l’application policière
Selon Regev, la police israélienne a déjà commencé à déployer un plan d’application renforcé. Il comprend :
- des patrouilles supplémentaires sur les axes à risque,
- des caméras automatiques détectant l’usage du téléphone,
- des véhicules banalisés,
- un système documentaire simplifié pour dresser des amendes administratives immédiates.
« Nous voulons créer une dissuasion réelle. Celui qui met des vies en danger paiera », a déclaré la ministre.
La mesure prévoit également que pour une infraction répétée, le véhicule pourra être saisi, ce qui constitue un niveau supplémentaire de pression sur les récidivistes.
Des critiques et des questions : est-ce suffisant pour réduire les accidents ?
Si de nombreux professionnels de la sécurité routière saluent l’initiative, certaines critiques soulignent que l’État se concentre trop exclusivement sur l’aspect punitif. Les associations de conducteurs demandent davantage de campagnes d’éducation, un renforcement de la signalisation et une amélioration du transport public.
À ces critiques, Regev répond frontalement : « Que les automobilistes qui restent des heures dans les bouchons prennent le transport public. Moins de voitures = moins de congestion. »
Elle affirme que son ministère investit actuellement dans des projets massifs, parmi lesquels :
- l’extension des voies rapides,
- des bus express,
- des lignes de train reliant le nord et le sud,
- la modernisation de gares clés.
Objectif personnel de Regev : la ligne Kiryat Shmona–Eilat
La ministre ne cache pas son ambition : obtenir un second mandat pour achever la réalisation du projet mythique — et régulièrement reporté — d’une ligne ferroviaire reliant Kiryat Shmona à Eilat sur toute la longueur du pays.
« Je veux rester ministre des Transports pour mener ce projet historique jusqu’au bout. Seule moi peux le faire », a-t-elle affirmé devant l’auditoire.
Le projet, soutenu à plusieurs reprises par les gouvernements successifs, représente un investissement colossal mais constitue également un enjeu stratégique pour relier le nord et le sud du pays, renforcer la cohésion nationale et offrir une alternative réelle à la route 90, l’un des axes les plus accidentogènes du pays.
Des voyages ministériels critiqués — réponse directe de Regev
La ministre est revenue sur une critique récurrente : ses nombreux déplacements à l’étranger. À cela, elle répond sans détour : « Toutes mes missions sont essentielles. Elles servent directement au développement des infrastructures, à la coopération internationale, et au financement de projets. »
Une réponse qui vise à clore un débat souvent instrumentalisé par l’opposition, mais qui n’a pas entamé sa détermination à renforcer la politique de sécurité routière.
Responsabiliser, prévenir, punir : un virage sécuritaire assumé
Regev se dit déterminée à renverser la tendance. Les routes israéliennes ont enregistré plus de 360 morts l’année dernière, un chiffre que le ministère juge inacceptable. La stratégie repose donc sur trois piliers :
- Responsabilité personnelle renforcée : amende élevée, saisie du véhicule pour récidive.
- Prévention : campagnes de sensibilisation et investissements dans le transport public.
- Application policière accrue : contrôles renforcés, nouvelles technologies, présence accrue.
Reste à savoir si l’amende de 10 000 shekels — sans équivalent dans les pays occidentaux — suffira à changer en profondeur la culture de conduite en Israël, ou si elle générera d’autres débats sur l’équité et la proportionnalité.
Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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