Les relations entre Israël et l’Égypte, longtemps considérées comme un pilier de la stabilité régionale depuis les accords de Camp David de 1979, connaissent une dégradation alarmante. Les déclarations virulentes du président Abdel Fattah al-Sissi, les mouvements de troupes égyptiennes dans le Sinaï et la pression israélo-américaine sur ce dossier dessinent un scénario de crise inédit.
Selon des responsables sécuritaires, plus l’armée israélienne accentue sa pression sur le Hamas dans la bande de Gaza et plus le nombre de Palestiniens déplacés vers le sud augmente, plus la crainte du Caire grandit de voir des centaines de milliers de réfugiés franchir la frontière vers le Sinaï.
Dans un discours relayé par les médias égyptiens, le député et commentateur Mustafa Bakri a menacé ouvertement Israël : « Si vous franchissez nos frontières, vous nous trouverez dès le lendemain à Tel-Aviv. » Une rhétorique qui tranche avec des décennies de prudence diplomatique.
Le 20 septembre, l’armée égyptienne a confirmé le déploiement renforcé de ses troupes dans le Sinaï, en assurant que cette mesure respectait le traité de paix. Officiellement, Le Caire affirme vouloir protéger ses frontières contre le terrorisme et la contrebande. Officieusement, Israël estime que l’Égypte construit des infrastructures militaires qui pourraient avoir un usage offensif, en violation de l’accord de 1979.
Le site américain Axios a rapporté que le Premier ministre Benjamin Netanyahou a demandé à l’administration Trump de faire pression sur l’Égypte pour réduire ses forces. Deux responsables israéliens ont affirmé que l’armée égyptienne avait élargi des pistes d’aviation et bâti des installations souterraines susceptibles d’accueillir des missiles.
Cette escalade survient alors que les relations israélo-égyptiennes étaient déjà glaciales. Netanyahou et Sissi n’ont pas eu de rencontre publique depuis près de trois ans. À la récente conférence de Doha, le président égyptien est allé plus loin que jamais, qualifiant Israël « d’ennemi » et évoquant la possible remise en cause du traité de paix.
Les analystes rappellent le caractère symbolique de ce discours : il a été prononcé le 17 septembre, jour anniversaire des accords de Camp David de 1978. La coïncidence n’a échappé à personne, réveillant dans la rue égyptienne des appels au boycott et même à la guerre.
Les tensions se nourrissent également de la propagande médiatique. Plusieurs présentateurs vedettes au Caire ont affirmé que la région se trouvait « dans une atmosphère similaire à celle de 1967 » et que « 108 millions d’Égyptiens sont prêts à se sacrifier pour défendre la patrie ».
Si l’opposition égyptienne critique la mollesse du gouvernement et réclame des actions concrètes contre Israël, l’administration Biden – tout comme Israël – redoute une rupture brutale. Les forces multinationales stationnées dans le Sinaï constatent déjà une baisse des vols de surveillance, réduisant leur capacité de suivi.
Pour Israël, la perspective d’un effondrement du traité de paix avec son plus grand voisin arabe serait un séisme stratégique. La paix froide mais stable avec l’Égypte a permis pendant plus de quarante ans de concentrer les efforts militaires sur d’autres fronts. Une remise en cause transformerait la donne et plongerait la région dans une instabilité inédite depuis des décennies.
Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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