Quel est donc cette vitalité secrète qui, à Jérusalem, a fait éclater, aux yeux du monde entier et à nos propres yeux, l’inévitable différence de propriétés de la notion de Juif moderne, l’indéniable substance juive de cette figure moderne que l’Histoire juive a saisi dans l’Etat d’Israël?

Or, cette cité vieille de trois mille ans, où l’herbe grandissait sur les pierres tombales, nous l’avons retrouvée non pas comme d’autres hommes retrouvent les Pyramides ou les Cathédrales, en outils de révélation, voire même de frénésie, mais en objets tout de même, extérieurs et étrangers à notre Moi.

Cette ville, cette vieille ville, cet héritage, l’un des plus vieux de notre tradition, une ruine que le peuple juif a retrouvé dans les détonations des journées d’un printemps. Aux grandes heures juvéniles de l’amour, c’est comme un fiancé que l’Eternel est venu vers nous dans cette antique cité où l’attrait mystique devient beauté, charme et nostalgie. C’est comme si sous ces cieux un dais nuptial se dressait pour nous unir à Lui dans un enchantement qui faisait battre à nos cœurs la chamade

Aucun Juif ne peut rester imperturbable à cet amour, au contraire, le plus moderne, le plus jeune, le plus protégé contre le romantisme du passé, c’est dans sa rencontre avec ce Patrimoine du passé qu’il a découvert la preuve profonde de son Etre juif.

Nos Sages nous enseignent que Jérusalem n’a pas été répartie par D.ieu entre les tribus, mais qu’elle appartient à l’ensemble du peuple juif.

Même si certains d’entre nous n’ont pas d’approche spirituelle particulière, ils participent aussi à cette communauté nationale, parfois sans le savoir.

Au-delà des attaches extérieures, il existe des liens profonds qui nous réunissent tous autour de ce prodigieux héritage spirituel qu’est Jérusalem.

L’antique cité de David éclabousse, du plus fort de nous-mêmes, l’élément spirituel qui est l’essence du peuple d’Israël. Seule la mission sacrée de Jérusalem peut nous associer les uns aux autres et sublimer les divergences de vues politiques et idéologiques qui nous divisent la plupart du temps. C’est le vestige le plus vieux de la tradition juive qui s’est révélé être l’élément le plus dynamique, le plus actif, le plus vivifiant et le plus rajeunissant de l’existence juive, aujourd’hui.

Quel est donc ce secret qui, à Jérusalem, a fait reluire la fatale polarité de la notion de Juif moderne?

Actuellement il est possible de répliquer que cette secrète énergie relève de la vitalité profonde de la tradition juive, son potentiel de jeunesse, son enthousiasme, son suivi permanent de l’actualité, l’ensemble des valeurs religieuses et culturelles, des rites et des symboles, des observances et des prières, qui continueront à vous être totalement étrangers si vous les approchez comme s’il s’agissait d’un simple héritage.

Mais si, comme pour Jérusalem, vous l’abordez comme une fiancée, ils vous diront soudain pourquoi et en vue de quoi vous êtes un Juif capable de retrouver l’Hébreu qui est en en vous; ils vous prouveront et soutiendront votre identité Israël. L’unité d’Israël a déjà été la condition première de la construction du Premier Temple; elle sera la condition du rétablissement du Troisième Temple, ultime et éternel.

Et cette unité, faible encore il n’y a que peu de temps, s’affirme avec une force impressionnante de jour en jour. Elle est principalement Jérusalem lorsqu’Israël, dont elle façonne la conscience, redevient méritoire d’elle par son unité intérieure; c’est alors que la Jérusalem unie en elle-même intimement, redevient bonne pour Israël par son unité visible.

Les deux ensembles, Israël Un et Jérusalem Une, se redécouvrent ainsi l’un l’autre dans ce qu’ils ont de réel, d’éternel, c’est-à-dire qu’ils se redécouvrent en Lui, l’Éternel, le Dieu Vrai, le Dieu d’Israël, le Roi de Sion, en sa Torah de Sion, en sa parole de Jérusalem.

Israël et Yerouchalayim se gagnent ainsi mutuellement; ils se séduisent ainsi réciproquement, par une attirance plus qu’émotionnelle.

Ils ont besoin l’un de l’autre en vue de l’accomplissement de leur vocation commune.

Cette invite est une exhortation à l’approfondissement de l’être Hébreu, et de ce fait même une vocation de portée universelle, voire cosmique.

Nous te renouvelons notre serment, Jérusalem, nous nous souviendrons de toi pour l’éternité, rien n’a changé, rien ne saurait changer. C’est devenu plus difficile, rien de plus.

Nous avons toujours su gérer les situations difficiles, et nous en sommes même sortis plus grands et plus forts. Lorsque les guerres, le terrorisme et autres douleurs nous ont frappés, les pessimistes prévoyaient la mort lente de l’implantation juive et c’est exactement le contraire qui s’est passé.

Maintenant lorsque l’ombre cruelle de l’abandon de la Judée-Samarie et de Jérusalem, étend son obscure vilenie, nous sommes consignés aux premiers postes d’une lutte qui avec l’aide de D.ieu permettra à Jérusalem de rayonner pour un monde que nous voulons et que nous ferons meilleur.