Le premier volet de l’accord entre Israël et le Hamas, signé au Caire sous médiation américaine, égyptienne et qatarie, commence à produire ses effets – et ses controverses. Parmi les clauses les plus sensibles figure la libération de 250 prisonniers palestiniens, dont un grand nombre de membres du Hamas condamnés pour des crimes de sang. Une décision qui fait écho à celle de 2011, lorsque 1 027 terroristes avaient été relâchés en échange du soldat Gilad Shalit. Quatorze ans plus tard, les Israéliens n’ont pas oublié que plusieurs de ces détenus libérés avaient repris le combat et contribué à la montée en puissance du Hamas à Gaza, jusqu’au massacre du 7 octobre 2023 comme le cas de Sinwar.
Selon les informations rapportées par le journaliste Baruch Yedid sur le canal חדשות הבזק, le Hamas se vante aujourd’hui d’avoir « blanchi les prisons » — tabyid as-sujun, expression utilisée dans le monde arabe pour signifier la libération massive de ses militants. Pour le mouvement islamiste, cette victoire symbolique vient renforcer son image au sein du monde arabe, tandis que sa direction cherche déjà à consolider son avenir politique sous la protection du Qatar et de la Turquie. Ces deux pays, alliés historiques du Hamas, ont récemment resserré leurs liens diplomatiques avec Washington, jouant un double jeu entre médiation régionale et couverture politique.
Mais à Jérusalem, la controverse s’intensifie. Le Shin Bet, dirigé par David Zini, doit présenter ce jeudi après-midi au cabinet sécuritaire une évaluation détaillée des risques liés à la libération des prisonniers inscrits sur la liste de l’accord. Plusieurs sources sécuritaires affirment que nombre d’entre eux sont directement impliqués dans des attaques meurtrières contre des civils israéliens. Des voix au sein du gouvernement préviennent déjà : « Libérer des terroristes, c’est potentiellement préparer le prochain massacre. » La question divise le cabinet, alors même que la société israélienne, unie autour du retour des otages, reste marquée par la peur d’un retour en force du Hamas.
À l’international, les partenaires arabes d’Israël, notamment l’Égypte, rappellent leurs lignes rouges. Selon des sources diplomatiques égyptiennes citées ce matin, Le Caire a clairement indiqué à l’émissaire américain Witkoff qu’il refuserait toute présence israélienne permanente le long du corridor Salah ad-Din (Philadelphie), zone stratégique reliant Gaza à la frontière égyptienne. Une manière de signifier que l’accord ne saurait se transformer en occupation prolongée. Dans ce jeu complexe de concessions et de méfiances, Israël tente d’éviter que la trêve ne soit perçue comme une faiblesse.
Alors que le cabinet doit se réunir à 17 h 00 et le gouvernement à 18 h 00 pour valider les modalités finales, la tension politique monte. Derrière les sourires diplomatiques de la veille, le pays mesure le prix réel de la paix fragile qui s’annonce : celui de la justice différée et du risque sécuritaire renouvelé. Pour Israël, la priorité demeure le retour de tous les otages — mais sans oublier la leçon de 2011 : chaque prisonnier libéré aujourd’hui pourrait devenir l’ennemi de demain.
Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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