La guerre-éclair de douze jours entre Israël et l’Iran, surnommée par Donald Trump lui-même « la guerre des 12 jours », s’est achevée sans vainqueur clair déclaré. Pourtant, dans les capitales arabes, les analyses convergent autour d’un même constat : un acteur a su tirer son épingle du jeu de manière spectaculaire – Israël. À l’inverse, les Palestiniens apparaissent aujourd’hui comme les grands perdants de cette séquence géopolitique, complètement éclipsés.
Une guerre sans vainqueur officiel, mais une dynamique qui bascule
Les deux camps – Israël et l’Iran – ont chacun revendiqué la victoire. Israël a affirmé avoir détruit les principales infrastructures du programme nucléaire iranien, tandis que Téhéran s’est félicité d’avoir infligé des frappes symboliques sur le territoire israélien. Et pourtant, comme l’indique le journal arabe Al-Nashara, le président Trump a « remercié les deux parties » dans un message ambigu, suggérant qu’aucune d’entre elles n’a remporté de triomphe total.
Plus surprenant encore : après avoir encouragé Israël à continuer les frappes, Trump a rapidement entamé des négociations secrètes avec les Iraniens. Dans une déclaration qui a choqué certains analystes, il a même « remercié » l’Iran d’avoir averti à l’avance de sa frappe sur la base américaine d’Al-Udeid au Qatar.
L’oubli des Palestiniens : une ironie tragique
Mais derrière les postures victorieuses, les analystes arabes relèvent un oubli glaçant : la cause palestinienne a été totalement absente de la fin de la guerre, alors même que tout avait commencé en son nom.
Ce conflit trouve son origine dans l’opération « Déluge d’al-Aqsa » d’octobre 2023, lancée depuis Gaza par le Hamas.
En soutien à cette attaque, les milices pro-iraniennes en Syrie, au Liban, en Irak et au Yémen avaient ouvert de nouveaux fronts contre Israël. Deux ans plus tard, la bande de Gaza est laissée pour compte, sans mention ni soutien réel dans les accords de cessez-le-feu.
Dans les rédactions du Golfe et au Caire, c’est l’amertume qui domine. « Tout cela a été fait au nom de Gaza, et aujourd’hui, plus personne ne parle de Gaza », note un chroniqueur basé à Amman. Les Palestiniens sont devenus les oubliés de leur propre guerre, sacrifiés sur l’autel d’une confrontation plus vaste entre puissances régionales.
Un rêve palestinien qui s’effondre
Le tableau est sombre : les frontières d’Israël pourraient même s’élargir, selon plusieurs fuites diplomatiques. En parallèle, le projet d’un État palestinien serait réduit à une entité quasi fictive, « symbolique », privée de souveraineté réelle.
Alors que certains espéraient qu’un conflit majeur raviverait l’élan en faveur de la cause palestinienne, le résultat est exactement inverse : la question palestinienne a été marginalisée. Pire : certains diplomates arabes admettent que plusieurs capitales envisagent de reconnaître l’accord de cessez-le-feu entre Israël et l’Iran sans y inclure les Palestiniens.
Le monde arabe mal à l’aise
Dans les chancelleries arabes, le malaise est palpable. Le soutien initial à l’Iran dans le conflit – présenté comme protecteur des Palestiniens – a été balayé par la réalité : la République islamique a négocié seule, sans consulter ses alliés régionaux, ni Gaza.
À Beyrouth, à Damas et même à Bagdad, la peur est que cette dynamique affaiblisse davantage les gouvernements pro-iraniens. Et dans les pays comme le Liban, certains craignent de devoir accueillir de nouveaux réfugiés palestiniens, dans une région déjà économiquement asphyxiée.
Israël renforce sa légitimité
D’un point de vue géopolitique, Israël est apparu — malgré les dommages — comme l’acteur rationnel, stratégique et déterminé, capable de frapper l’Iran au cœur de ses installations sensibles, tout en s’imposant comme interlocuteur incontournable dans le cadre des pourparlers avec Washington.
Israël a également regagné en prestige auprès de plusieurs chancelleries arabes, notamment en Égypte, en Jordanie, en Arabie saoudite et aux Émirats arabes unis, où l’on a vu dans l’attaque contre Fordow, Natanz et Ispahan une preuve de puissance maîtrisée.
Une conclusion amère pour les soutiens de Gaza
À l’issue de cette guerre fulgurante, les Palestiniens semblent réduits au silence, leurs revendications évaporées dans un contexte stratégique bien plus large. L’Iran a utilisé leur cause comme justification initiale, mais les a oubliés au moment de conclure. Les États-Unis et Israël n’ont jamais inclus Gaza dans leurs calculs finaux. Et les pays arabes, affaiblis et divisés, n’ont pas su ou pas voulu s’imposer comme défenseurs actifs de la cause.
Conclusion : Israël, sans le clamer haut et fort, sort victorieux sur la scène diplomatique. La Palestine, elle, voit encore un peu plus son rêve d’État s’éloigner.
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