L’écart entre le salaire moyen et le salaire médian en Israël atteint des niveaux exceptionnellement élevés par rapport aux autres économies occidentales, révélant une fracture profonde du marché du travail. C’est ce qui ressort du dernier rapport publié par Institut national d’assurance (Bituah Leumi), qui dresse un portrait contrasté de la situation salariale au premier semestre 2025.
Pour la première fois de l’histoire du pays, le salaire moyen des salariés israéliens a franchi la barre symbolique des 15 000 shekels. À la fin du semestre, il s’établissait précisément à 15 098 shekels, soit 443 shekels de plus qu’à la même période l’an dernier. Cette progression alimente le discours officiel d’une économie dynamique, portée notamment par la high-tech et certains pôles urbains très attractifs.
Mais ce chiffre flatteur masque une réalité bien plus préoccupante. Le salaire médian, qui représente le revenu séparant la population salariée en deux parts égales, n’était que de 10 586 shekels sur la même période. Autrement dit, la moitié des salariés israéliens gagne moins que ce montant. Le différentiel entre salaire moyen et salaire médian atteint ainsi 43 %, un écart considéré comme extrêmement élevé dans les pays développés et révélateur d’inégalités structurelles marquées.
La comparaison internationale est éloquente. En France, l’écart est d’environ 20 %, avec un salaire médian mensuel de 2 183 euros contre un salaire moyen de 2 735 euros. Au Royaume-Uni, la différence est encore plus faible : le salaire annuel médian s’élève à 38 100 livres sterling, pratiquement au même niveau que le salaire moyen de 38 430 livres. Même aux États-Unis, pourtant réputés pour leurs fortes inégalités, l’écart reste inférieur à celui observé en Israël, avec un revenu annuel médian d’environ 60 000 dollars contre une moyenne oscillant entre 75 000 et 80 000 dollars.
À cette fracture s’ajoute un autre déséquilibre majeur : l’écart salarial entre hommes et femmes. En 2025, le salaire moyen des hommes atteignait 18 441 shekels, tandis que celui des femmes plafonnait à 11 940 shekels, soit 54 % de moins. Un chiffre qui place Israël parmi les pays occidentaux où les disparités de genre sur le marché du travail demeurent les plus prononcées.
Le rapport du Bituah Leumi dresse également la carte des villes où les salaires moyens sont les plus élevés, illustrant la concentration géographique de la richesse. Herzliya arrive en tête avec un salaire moyen de 22 951 shekels, suivie de Ra’anana (22 565 shekels) et de Modiin-Maccabim-Reout (22 512 shekels). À Tel Aviv, la moyenne s’élève à 22 359 shekels, tandis qu’à Kfar Saba, elle atteint 20 674 shekels. Ces chiffres soulignent l’écart grandissant entre le centre du pays, fortement intégré à l’économie technologique mondiale, et les autres régions.
En filigrane, le constat est clair : si l’économie israélienne affiche une croissance salariale impressionnante sur le papier, cette richesse est de plus en plus concentrée entre les mains d’une minorité. Le fossé entre les revenus élevés et la majorité des travailleurs continue de se creuser, posant un défi social majeur pour les années à venir et interrogeant la capacité du modèle économique israélien à assurer une prospérité réellement partagée.
Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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