Depuis le 7 octobre 2023, date du pogrom du Hamas qui a coûté la vie à plus de 1 200 personnes en Israël – parmi lesquelles plusieurs Français –, un vent d’exil souffle à nouveau sur la communauté juive de France. L’idée de l’Alyah, cette émigration vers la terre d’Israël, séduit de plus en plus de familles. Pour beaucoup, c’est désormais « le seul choix possible pour fuir des actes antisémites qui s’aggravent » et « l’indifférence croissante face à un discours antisioniste banalisé ».
L’ombre du 7 octobre et le climat français
En France, les agressions antisémites se sont multipliées depuis deux ans. Selon les chiffres du ministère de l’Intérieur et du SPCJ, les signalements ont doublé par rapport à l’année précédente. Pour les Juifs français, chaque nouvelle attaque – comme récemment à Neuilly-sur-Seine, où un homme armé d’un couteau a menacé de « tuer des Juifs » près d’une synagogue – agit comme un électrochoc.
Cette insécurité nourrit un sentiment d’étouffement. « Nous n’avons plus confiance dans la capacité de la société française à nous protéger », confie Sarah, 42 ans, mère de trois enfants à Lyon. Pour elle, l’Alyah n’est plus un rêve lointain mais un plan concret, motivé par la peur de voir ses enfants grandir dans un climat de haine.
Israël, un avenir à bâtir
Pourtant, l’installation en Israël ne va pas sans défis. Le pays vit toujours sous la menace permanente du Hamas, du Hezbollah et de l’Iran. La société israélienne, fracturée par les divisions politiques internes, reste habituée à « vivre sur le fil ». Mais cette réalité n’effraie pas ceux qui ont choisi le départ.
À l’aéroport Ben-Gourion, les images de familles descendant de l’avion avec leurs valises et des drapeaux israéliens en main disent tout de l’émotion de ce retour aux racines. « Malgré les difficultés, c’est ici que nous devons construire notre avenir », répètent les nouveaux immigrants. Pour eux, la priorité doit être donnée à une meilleure intégration : emploi, logement, apprentissage de l’hébreu.
Les appels à faciliter l’Alyah
Des associations et des responsables communautaires en France demandent au gouvernement israélien de renforcer ses dispositifs d’accueil. « Beaucoup veulent partir mais redoutent l’inconnu. Il faut rendre l’intégration plus fluide », insiste le rabbin David Zerbib, engagé auprès des olim de France.
Des programmes existent déjà, soutenus par l’Agence juive et le ministère israélien de l’Intégration. Mais les besoins explosent : cours de reconversion professionnelle, aides financières, reconnaissance des diplômes. Autant de leviers qui détermineront si l’élan actuel se transformera en mouvement massif.
Entre la France et Israël, un choix cornélien
Face à ce dilemme, certains plaident pour un engagement parallèle en France. « Nous devons aussi bâtir notre avenir ici », rappelle Arno Klarsfeld, inquiet d’une fuite massive. Pour lui, l’antisémitisme doit être combattu par une action politique ferme, sans quoi la France perdra une partie essentielle de son identité.
En Israël, l’arrivée des Juifs de France est perçue comme une bénédiction démographique et culturelle. Mais pour les familles concernées, ce choix demeure douloureux : quitter une patrie de cœur pour une patrie historique, dans l’espoir de trouver une sécurité qu’ils ne ressentent plus en Europe.
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