Israël menacé d’exclusion de l’Eurovision : quand la musique devient l’otage de la guerre à Gaza

À l’approche d’une décision cruciale, Israël redoute une éviction inédite de l’Eurovision. Officiellement pour des raisons “humanitaires”, en réalité sous pression politique liée au conflit à Gaza. Derrière les tractations feutrées, Vienne soutient Jérusalem, Berlin est attendue au tournant, tandis que la présidence israélienne a mobilisé un groupe de crise. Au cœur de la tempête, la chanteuse Eden Golan refuse tout compromis : « Je monterai sur scène seulement avec notre drapeau ».

Une exclusion aux allures de sanction diplomatique
Depuis l’été, l’Union européenne de radiotélévision (UER) débat de l’avenir de la participation israélienne. Quatre pays – Espagne, Irlande, Slovénie et Pays-Bas – ont déjà annoncé qu’ils boycotteraient la compétition si Israël restait en lice. En coulisses, l’argument est explicite : « Avec les images de Gaza, il devient difficile de justifier la présence d’Israël », confiait un ancien cadre de l’UER à Ynet.

La règle est claire : Israël n’a violé aucun règlement. « Si Israël est exclue, ce sera uniquement pour des raisons politiques », poursuit-il, visant directement le Premier ministre Benyamin Netanyahou.

L’Autriche en rempart, l’Allemagne en arbitre
Face à la fronde, quelques capitales s’opposent à la politisation du concours. L’Autriche, pays hôte en 2025, a rappelé que l’Eurovision devait rester un espace culturel et non une arme de sanction. « Exclure Israël n’aidera pas Gaza et n’apportera aucune solution politique », a déclaré la ministre des Affaires étrangères Beate Meinl-Reisinger. Vienne est même prête à garantir des mesures de sécurité accrues pour la délégation israélienne.
Dans les cercles israéliens, l’autre espoir repose sur l’Allemagne, poids lourd du concours et membre du Big Five. Une déclaration ferme de Berlin pourrait renverser l’équilibre et dissuader d’autres pays de rejoindre le boycott.

Un tabou : l’ombre de la Shoah
Un diplomate impliqué l’avoue : « Personne à l’UER ne veut porter la responsabilité d’exclure Israël l’année du 80e anniversaire de la Shoah ». Le symbole est trop lourd, l’image désastreuse pour l’Europe. D’où l’hypothèse d’une “solution intermédiaire” – participation avec conditions, ou compromis technique – permettant de sauver les apparences sans humiliation frontale.

La voix du président Herzog
Conscient de l’enjeu, le président Isaac Herzog a monté une cellule spéciale à la Maison présidentielle. « L’Eurovision n’est pas qu’une scène culturelle, c’est une bataille diplomatique », explique-t-il. Herzog, perçu en Europe comme une figure consensuelle, agit en parallèle du ministère des Affaires étrangères pour éviter toute identification avec la politique du gouvernement. « Je m’y consacre nuit et jour », a-t-il assuré aux responsables du diffuseur Kan.

Eden Golan, symbole de résilience
Sur scène, l’icône reste Eden Golan, qui avait bravé les huées à Malmö. Contactée par Ynet, elle a été catégorique : « Nous devons monter avec la tête haute et le drapeau d’Israël. Aucun autre drapeau ne peut remplacer l’étoile de David ». Pour la chanteuse, l’Eurovision demeure une vitrine irremplaçable : « C’est une force, un espoir, une manière de porter notre voix en tant que peuple juif et israélien ».

Un enjeu au-delà de la musique
La menace d’exclusion ne concerne pas seulement un concours pop. Elle illustre le risque d’un glissement : si Israël est bannie de l’Eurovision, demain ce pourrait être les compétitions sportives européennes, comme ce fut le cas pour la Russie après l’Ukraine. « Culture et sport sont l’âme d’une nation, on ne vit pas seulement de pain », rappelle Yoav Tzafir, ancien chef de délégation israélienne.

Au fond, l’affaire Eurovision révèle la fragilité de la place d’Israël dans l’espace international. À travers une scène musicale, c’est la légitimité d’un pays qui est contestée. Entre manœuvres diplomatiques et pressions politiques, l’Eurovision 2025 est déjà bien plus qu’un concours de chansons : c’est un test de résistance pour l’image d’Israël en Europe.


Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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