Contrairement Ă ce quâaffirment de nombreux commentateurs dans les mĂ©dias israĂ©liens et internationaux, il nây a rien de surprenant par lâapprobation par le CongrĂšs et le SĂ©nat amĂ©ricains de milliards de dollars dâaide Ă IsraĂ«l, par la poursuite des expĂ©ditions dâarmes vers IsraĂ«l, ainsi que par lâĂ©norme soutien international quâIsraĂ«l a reçu face Ă lâattaque sans prĂ©cĂ©dent de missiles et de drones de lâIran sur son territoire.
AprĂšs sept mois de guerre Ă Gaza, IsraĂ«l est plus contrĂŽlĂ© mais pas vraiment isolĂ© ni dans une situation internationale fondamentalement diffĂ©rente de sa situation du 6 octobre. MalgrĂ© les intimidations de certains mĂ©dias israĂ©liens â ce qui convient au Premier ministre Netanyahu, qui est politiquement alimentĂ© depuis des annĂ©es par le discours selon lequel « le monde entier est contre nous » â la plupart des pays espĂšrent que la guerre Ă Gaza et le gouvernement actuel prendra bientĂŽt fin, mais pas lâĂtat dâIsraĂ«l lui-mĂȘme. Ă moins dâĂ©volutions spectaculaires, il est peu probable que cela change.
Ils semblent ĂȘtre dâaccord avec IsraĂ«l sur la complexitĂ© de la situation sur le terrain et sur la responsabilitĂ© du Hamas dans sa crĂ©ation. Câest ainsi quâIsraĂ«l peut mener lâune des guerres les plus longues de son histoire sans aucune pression rĂ©elle pour lâarrĂȘter complĂštement. Ceux des pays occidentaux qui appellent Ă un cessez-le-feu visent pour la plupart une trĂȘve temporaire qui attĂ©nuerait la gravitĂ© de la situation humanitaire catastrophique, mais jusquâĂ prĂ©sent, ils nâont pas exigĂ© ni agi sĂ©rieusement pour mettre fin Ă la guerre. Et ce, mĂȘme sâils espĂšrent que cela arrivera bientĂŽt.
En outre, bien que le Hamas, lâIran, certains experts de lâONU ainsi que les militants en faveur dâun embargo complet et dâun boycott dâIsraĂ«l voient dans la guerre Ă Gaza une opportunitĂ© de renforcer le soutien international â et non la libĂ©ration des « territoires palestiniens » de 1967, mais aussi pour la dissolution de lâĂtat dâIsraĂ«l Ă lâintĂ©rieur de ses frontiĂšres reconnues Ă partir de 1948 â il nây a toujours pas de soutien international significatif Ă ce sujet.
Les quelques pays dans le monde qui soutiennent la dissolution de lâĂtat dâIsraĂ«l, et au contraire la grande majoritĂ©, soutiennent toujours la solution Ă deux Ătats. MĂȘme les gouvernements dâIrlande, dâEspagne, du BrĂ©sil, de Colombie et de Russie, qui comptent parmi les plus farouches critiques de la guerre Ă Gaza, ne soutiennent pas la reconnaissance dâun Ătat palestinien unique pour lâensemble de la zone situĂ©e entre le Jourdain et la mer MĂ©diterranĂ©e.
Câest pourquoi les sanctions des Ătats-Unis, des pays de lâUE et du Royaume-Uni se concentrent sur les « juifs de JudĂ©e Samarie » qui selon eux nuisent Ă la possibilitĂ© dâune solution Ă deux Ătats, et ils envisagent Ă©galement de les Ă©tendre aux entitĂ©s officielles israĂ©liennes.
En fait, lâIran et le Hamas se retrouvent coincĂ©s dans la mĂȘme situation que lâUnion soviĂ©tique et lâOLP lors de la premiĂšre guerre du Liban en 1982. Ainsi, bien que la plupart des pays occidentaux aient initialement condamnĂ© lâinvasion israĂ©lienne du Liban et le massacre de Sabra et Chatila, en pratique, Ă la lumiĂšre de lâĂ©chec de la Syrie et de lâOLP soutenue par lâUnion soviĂ©tique, ils voient la guerre comme un succĂšs stratĂ©gique qui les sert dans leurs efforts pour freiner la pĂ©nĂ©tration de cette derniĂšre au Moyen-Orient.
Le Premier ministre Menachem Begin avec le Premier ministre britannique Margaret Thatcher, Londres, le 25 mai 1979 (Photo : PM)
Par exemple, le 16 janvier 1980, Yehuda Milo, le reprĂ©sentant de lâambassade dâIsraĂ«l Ă Londres, a Ă©crit dans un tĂ©lĂ©gramme au ministĂšre des Affaires Ă©trangĂšres Ă JĂ©rusalem que la position britannique est que « lâOLP sert les intĂ©rĂȘts soviĂ©tiques au Moyen-Orient ».  » Dans un rĂ©sumĂ© datĂ© du 10 mai 1983, prĂ©parĂ© par le chef de lâambassade israĂ©lienne Ă Londres, Yoav Biran, il expliquait que la guerre appelĂ©e en IsraĂ«l OpĂ©ration « GalilĂ©e Paix » avait Ă©tĂ© accueillie dans un premier temps par le ministĂšre britannique des Affaires Ă©trangĂšres avec « des critiques sĂ©vĂšres et bruyantes auxquelles mĂȘme le Premier ministre Thatcher sâest dâabord laissĂ© emporter et auquel il a participĂ©. »
LâopĂ©ration « Paix en GalilĂ©e » a Ă©tĂ© dĂ©finie par le ministĂšre britannique des Affaires Ă©trangĂšres comme une invasion illĂ©gale et disproportionnĂ©e du Liban et ils « ont naviguĂ© et exagĂ©rĂ© les descriptions des dommages causĂ©s Ă la population civile du Liban ». Byrne a dĂ©crit comment, en rĂ©ponse, la Grande-Bretagne a dĂ©clarĂ© un embargo sur les armes contre IsraĂ«l, a annulĂ© lâinvitation de lâattachĂ© militaire israĂ©lien Ă une exposition dâarmes et a Ă©galement gelĂ© les contacts au niveau des ministres. Mais selon Byrne, dans la deuxiĂšme phase, le Premier ministre Thatcher a restreint son ministĂšre des Affaires Ă©trangĂšres Ă la lumiĂšre des informations qui lui sont parvenues, des exagĂ©rations et du manque de fondement de certaines de ses dĂ©clarations, et de « lâĂ©valuation selon laquelle lâopĂ©ration de paix en GalilĂ©e a Ă©tĂ© commode » avec ses implications politiques stratĂ©giques pour lâOccident.
Le Hamas et lâIran commettent des erreurs stratĂ©giques qui ne font que rappeler aux pays occidentaux et arabes pourquoi ils continuent de soutenir lâĂtat dâIsraĂ«l, mĂȘme sâils sont fatiguĂ©s de la guerre Ă Gaza et prĂ©occupĂ©s par la situation humanitaire des citoyens palestiniens. Entre autres choses, lâenlĂšvement de 253 personnes par le Hamas et son refus persistant de libĂ©rer 133 otages aprĂšs sept mois nous rappellent constamment quâil sâagit dâune organisation terroriste cruelle et mĂ©prisable, que la plupart des pays ne veulent pas que dâautres organisations terroristes imitent.
LâIran nous le rappelle constamment, non seulement avec sa derniĂšre attaque directe contre IsraĂ«l, mais aussi avec les attaques incessantes menĂ©es par ses organisations mandataires, le Hezbollah et les Houthis, ainsi que par les milices chiites en Irak.
MalgrĂ© toute la sympathie mondiale pour les souffrances des citoyens palestiniens, rares sont les pays dans le monde qui sont convaincus quâil est prĂ©fĂ©rable pour eux de rompre tous leurs liens avec IsraĂ«l et de le remplacer par lâIran et un rĂ©seau rĂ©gional de groupes jihadistes soutenues par celui-ci. Bien entendu, la rĂ©alitĂ© nâest pas aussi binaire et il existe dâautres options, mais ils ne sont pas prĂȘts Ă prendre le risque que les plans iraniens soient rĂ©alisĂ©s ou promus avec succĂšs. LâintĂ©rĂȘt de contenir lâIran se combine avec une foule dâautres intĂ©rĂȘts mondiaux et internes de ces pays.
Dans un monde de realpolitik oĂč la rĂ©alitĂ© est gĂ©nĂ©ralement dĂ©terminĂ©e par les intĂ©rĂȘts globaux des pays et de leurs gouvernements et non par des groupes dâĂ©tudiants, dâartistes ou de professeurs radicaux qui Ă©tudient le « colonialisme », il est probable que lorsque la guerre Ă Gaza mettra fin Ă certains des ceux-ci se dĂ©placeront pour protester sur dâautres questions. Seules les familles israĂ©liennes et palestiniennes qui ont perdu leurs proches depuis le 7 octobre ne pourront pas simplement tourner la page et devront faire face Ă cette perte pour toujours.
En outre, ces militants â qui travaillent depuis des annĂ©es pour la paix et les droits de lâhomme au Moyen-Orient, pour la fin du rĂ©gime dâapartheid israĂ©lien dans les « territoires palestiniens » de 1967 et pour un Ătat dâIsraĂ«l plus dĂ©mocratique et plus Ă©galitaire â devront faire face aux dĂ©fis difficiles créés par les gouvernements de Netanyahu et du Hamas.
Par ŚŚŚȘŚ ŚŚ§
RĂ©daction francophone Infos Israel News pour lâactualitĂ© israĂ©lienne
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