AprĂšs quatre ans de reports successifs, le paiement sans contact arrive enfin dans les stations-service israĂ©liennes. Ă partir de ce dimanche, les automobilistes pourront rĂ©gler leur plein en approchant leur carte, leur tĂ©lĂ©phone ou mĂȘme leur montre de la pompe. Une petite rĂ©volution technologique qui met fin Ă un anachronisme unique au monde.
Câest un changement que les IsraĂ©liens attendaient depuis longtemps. DĂšs le 2 novembre, toutes les stations-service du pays devront permettre le paiement par la norme EMV, un standard international utilisĂ© dans la majoritĂ© des pays occidentaux. Ce systĂšme, qui repose sur la communication sans contact (NFC), permet de payer en quelques secondes simplement en approchant son carte bancaire, smartphone, montre connectĂ©e, bracelet ou bague de la borne de paiement.
Le dispositif sera dĂ©ployĂ© dans lâensemble des pompes automatiques, Ă©liminant la nĂ©cessitĂ© dâintroduire physiquement la carte dans la fente, une pratique devenue obsolĂšte Ă lâheure des paiements intelligents.
Une transition imposĂ©e par la Banque dâIsraĂ«l
La Banque dâIsraĂ«l a confirmĂ© cette semaine que les compagnies pĂ©troliĂšres avaient reçu lâordre formel de basculer vers le standard EMV avant la fin du mois dâoctobre. La date limite ayant coĂŻncidĂ© avec un samedi, lâentrĂ©e en vigueur a Ă©tĂ© dĂ©calĂ©e au dimanche 2 novembre.
Les enseignes qui nâauront pas effectuĂ© la mise Ă jour ne pourront plus accepter de paiements par carte. Selon Ynet et le site Ă©conomique Globes, le rĂ©gulateur a refusĂ© tout nouveau dĂ©lai, estimant quâIsraĂ«l « ne pouvait plus se permettre dâĂȘtre le dernier pays du monde occidental Ă ne pas utiliser la norme EMV dans les stations-service ».
Jusquâici, les compagnies pĂ©troliĂšres invoquaient une rĂ©glementation vieille de plusieurs dĂ©cennies du ministĂšre de lâĂnergie et de lâĂconomie, interdisant lâusage du tĂ©lĂ©phone portable Ă proximitĂ© des pompes par crainte dâexplosion. Un argument devenu caduc Ă lâheure oĂč des millions dâIsraĂ©liens tĂ©lĂ©phonent, filment ou paient dĂ©jĂ via smartphone sans incident.
Cette contrainte rĂ©glementaire servait surtout de prĂ©texte Ă un retard technologique que la Banque dâIsraĂ«l qualifie aujourdâhui de « dommageable pour la compĂ©titivitĂ© et la sĂ©curitĂ© des paiements ».
La fin du âgommage de carteâ Ă lâisraĂ©lienne
Le fameux « gommage » de la carte bleue â cette insertion manuelle dans une borne usĂ©e â appartient dĂ©sormais au passĂ©.
Le nouveau systÚme réduit considérablement les risques de fraude et offre une meilleure protection contre le piratage des données bancaires.
En pratique, les automobilistes pourront désormais utiliser Apple Pay, Google Pay ou Samsung Pay, comme ils le font déjà dans les supermarchés, restaurants et transports publics.
Selon les prévisions du ministÚre des Finances, la modernisation du secteur devrait faire économiser plusieurs dizaines de millions de shekels par an en maintenance et en frais de transaction.
Pour les conducteurs, câest aussi la promesse dâun gain de temps et dâune expĂ©rience fluide, notamment dans les stations automatiques ouvertes la nuit, souvent dĂ©pourvues de personnel.
Un symbole de modernisation
Lâadoption de la norme EMV dĂ©passe le simple aspect technique : elle symbolise le rattrapage technologique dâun pays pourtant Ă la pointe de lâinnovation.
Comment expliquer que la âstart-up nationâ ait pris tant de retard sur un domaine aussi basique ?
La réponse réside dans la lenteur des grands opérateurs énergétiques, attachés à leurs systÚmes anciens, et dans la complexité des réglementations croisées entre la sécurité des installations et la cybersécurité des paiements.
« Câest une anomalie enfin corrigĂ©e », explique lâĂ©conomiste israĂ©lien Dr. Amir Shachar dans Calcalist. « Il Ă©tait absurde quâun pays exportant des technologies de paiement mobile soit incapable dâutiliser ces mĂȘmes outils pour ses citoyens Ă la pompe. »
Les experts saluent Ă©galement la dĂ©cision de la Banque dâIsraĂ«l comme un signal fort de modernisation Ă©conomique.
Dans un contexte dâinflation maĂźtrisĂ©e et de transition numĂ©rique accĂ©lĂ©rĂ©e, la mesure renforce la confiance du consommateur et place IsraĂ«l dans la moyenne des pays de lâOCDE en matiĂšre de sĂ©curitĂ© des transactions.
Une modernisation sous tension économique
Mais cette transition nâest pas sans coĂ»t. Les compagnies estiment Ă prĂšs de 150 millions de shekels le montant total de la mise Ă niveau technique, incluant les bornes, les logiciels de paiement et les certifications EMV.
Certaines petites stations indépendantes, notamment en périphérie, ont exprimé leurs inquiétudes quant à la rentabilité de cette transformation.
MalgrĂ© cela, la Banque dâIsraĂ«l ne reculera pas. Lâobjectif est clair : zĂ©ro exception, zĂ©ro fraude, zĂ©ro contact inutile.
Les autoritĂ©s espĂšrent ainsi mettre fin Ă des annĂ©es de retard administratif et renforcer la traçabilitĂ© des paiements, un enjeu crucial dans la lutte contre le blanchiment dâargent et la fraude fiscale.
Vers une société israélienne sans espÚces ?
Ce changement sâinscrit dans une stratĂ©gie plus large du gouvernement israĂ©lien visant Ă rĂ©duire progressivement lâusage des espĂšces. Depuis 2023, les paiements en liquide sont plafonnĂ©s Ă 6 000 shekels pour les particuliers et Ă 11 000 shekels pour les entreprises.
Lâobjectif affichĂ© est de faire dâIsraĂ«l une Ă©conomie majoritairement numĂ©rique dâici 2030, capable de rivaliser avec les pays scandinaves.
Au-delĂ du progrĂšs technologique, câest aussi une Ă©volution culturelle : la fin du billet froissĂ©, du reçu papier et du vieux terminal Ă bande magnĂ©tique. IsraĂ«l avance enfin vers une Ăšre de paiement fluide et sĂ©curisĂ©, symbole dâefficacitĂ© et de transparence.
RĂ©daction francophone Infos Israel News pour lâactualitĂ© israĂ©lienne
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