Israël réduit l’aide à Gaza après la violation de l’accord : quatre nouveaux corps d’otages restitués

À peine 48 heures après la signature de la déclaration de Sharm el-Sheikh, le Hamas a informé le Comité international de la Croix-Rouge qu’il remettrait quatre corps d’otages israéliens supplémentaires. Une annonce tardive, obtenue sous la pression, alors qu’Israël décide de réduire de moitié les convois humanitaires à destination de Gaza.

Les faits
Dans un message transmis au CICR en début de soirée, le Hamas a annoncé qu’il livrerait quatre dépouilles d’otages à 22 h locales. Cette remise partielle s’ajoute aux quatre corps restitués la veille, portant à huit le nombre de victimes rapatriées depuis le début de la trêve.

Mais pour Jérusalem, l’organisation terroriste ne respecte pas les termes de l’accord signé sous médiation qatarie et américaine : 28 corps devaient être restitués avant le 15 octobre.
En réaction, Israël a notifié à l’ONU une réduction drastique du flux d’aide humanitaire, passant de 600 à 300 camions par jour, selon Reuters et The Times of Israel. L’entrée de carburant et de gaz sera désormais limitée “aux seules missions de reconstruction humanitaire strictement contrôlées”.

Les médiateurs qataris et égyptiens, relayés par CNN Arabic, ont supplié Israël “de ne pas briser les canaux de communication et de laisser une marge de manœuvre diplomatique” pour obtenir la restitution d’autres corps.

Un climat d’émotion et de colère
Quelques minutes après l’annonce, l’armée israélienne a confirmé le rapatriement du capitaine Daniel Peretz z”l, tombé à Gaza en 2023. “Une larme à l’œil, le cœur plein de fierté”, a résumé la chaîne Kan 11.

Mais la tension est montée d’un cran sur la scène politique intérieure.
Le ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir a accusé le gouvernement de faiblesse :

“Le fait que le Hamas se permette encore de jouer avec le retour de nos morts montre que l’organisation terroriste est toujours debout. La mission de la détruire n’est pas achevée et doit l’être au plus vite.”

Ben Gvir réclame un ultimatum clair au Hamas : restitution immédiate de tous les corps, ou interruption totale de l’aide humanitaire.
Cette position radicale trouve un écho dans l’opinion israélienne, où les familles des otages exigent la suspension de l’accord “jusqu’au retour du dernier enfant d’Israël”.

Trump durcit le ton : “La phase 2 commence”
À Sharm el-Sheikh, le président américain Donald Trump a confirmé que les 20 otages vivants avaient été rapatriés “dans un état meilleur que prévu”, mais a rappelé que “le travail n’est pas terminé : les morts n’ont pas encore retrouvé leur maison, et la deuxième phase commence maintenant.”

Un ton mesuré mais ferme, qui contraste avec les petites phrases cinglantes adressées aux dirigeants arabes quelques heures plus tôt :

“Il y en a parmi vous que je n’aime pas, mais je ne vous dirai pas lesquels… ou peut-être que si.”
Une manière, typiquement trumpienne, d’imposer son autorité sans rompre le fil diplomatique.

La diplomatie régionale se fissure
La journée a également été marquée par plusieurs désistements diplomatiques : le président de Chypre et son homologue d’Indonésie ont annulé à la dernière minute leurs visites prévues en Israël.
Selon les observateurs du Haaretz, ces retraits seraient liés à des fuites de documents confidentiels du sommet de Sharm el-Sheikh, révélant des divergences entre les délégations quant à la mention d’un “État palestinien futur”.

Dans ce climat, Israël resserre ses rangs. Le Premier ministre Benjamín Netanyahou s’est rendu dans la soirée à l’hôpital Beilinson pour rencontrer les anciens otages libérés : “Nous vous avons ramenés à la maison, et nous ramènerons aussi ceux qui ne sont plus parmi nous”, leur a-t-il déclaré, selon la chaîne Channel 12.

Analyse : la trĂŞve sous perfusion
En trois jours, la trêve a basculé d’un espoir fragile à une course d’endurance diplomatique.
Le Hamas, en étalant les restitutions, cherche à conserver un levier psychologique sur Israël et à s’assurer une visibilité médiatique quotidienne.
Jérusalem, de son côté, tente de maintenir la pression tout en évitant la rupture totale qui placerait la communauté internationale du côté de Gaza.
Les États-Unis appellent à la patience ; Ben Gvir réclame la poigne ; et l’armée se prépare à toute éventualité.

La réduction des convois humanitaires n’est pas seulement une sanction économique : c’est un signal stratégique.
Elle rappelle que pour Israël, la trêve n’est pas synonyme d’oubli, mais de conditionnalité : la sécurité d’abord, la morale ensuite.

Chute : le compte Ă  rebours moral
Ă€ 22 heures, le monde retiendra son souffle : quatre corps devraient ĂŞtre remis Ă  la Croix-Rouge.
Mais le véritable enjeu dépasse le chiffre.
Chaque dépouille ramenée incarne la même question : jusqu’où Israël peut-il faire confiance à un ennemi qui ne respecte ni sa parole, ni les morts ?
Et jusqu’à quand le monde continuera-t-il de parler de “processus de paix” face à un mouvement qui transforme la mort en monnaie d’échange ?

Dans le désert du Sinaï, Donald Trump a promis “une paix durable et juste”.
À Gaza, cette promesse reste, pour l’instant, ensevelie sous les ruines.


Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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