Israël se souvient : deux ans après le 7 octobre, la promesse de « se relever » résonne à Tel-Aviv

Dans le silence dense du parc Yarkon, au cœur de Tel-Aviv, des milliers d’Israéliens se sont réunis pour rendre hommage aux victimes du 7 octobre 2023 — le jour qui a bouleversé à jamais l’histoire du pays. Deux ans plus tard, la douleur demeure, mais aussi une force nouvelle : celle d’un peuple qui a refusé de s’effondrer. Le discours de clôture, prononcé par Yonatan Chamriz, frère d’Alon Chamriz — tué par erreur lors d’une opération de sauvetage à Gaza —, a cristallisé cette énergie de résilience : « J’ai promis ce jour-là, enfermé dans mon abri avec ma femme enceinte et ma fille de deux ans : nous nous relèverons ! »

Ce soir du 7 octobre 2025, l’émotion collective n’avait rien d’une simple commémoration. C’était une déclaration d’existence. Car au-delà des visages endeuillés, des larmes et des photos, chaque mot, chaque note de musique résonnait comme une promesse adressée aux vivants et aux disparus.


Le rassemblement, organisé par les familles de victimes et les rescapés, a débuté par une minute de silence. Sur la scène, Shlomo Artzi et Idan Amedi ont interprété des chansons devenues symboles de fraternité nationale. Puis sont venus les témoignages : des mères, des frères, des fiancées. Chacun portait une histoire intime et tragique, mais unie par le même fil — celui d’un peuple frappé dans sa chair et qui, malgré tout, continue à se battre pour sa survie morale et physique.

Yonatan Chamriz, l’un des fondateurs du mouvement « Komou » (« Levez-vous »), a parlé sans note ni effet de tribune. Il a raconté cette journée où tout a basculé : le téléphone qui sonne, le frère qui se bat contre les terroristes, puis le message d’adieu. Et cette promesse, faite dans l’obscurité d’un abri : « Nous nous relèverons. » Ce mot, répété trois fois, est devenu le cœur du discours, repris par la foule.

Chamriz a dénoncé, avec une émotion contenue, le vide politique des premières heures du drame : « Ce jour-là, seul le peuple fonctionnait. C’est lui qui nous a nourris, habillés, soutenus. Quand aucun dirigeant n’était là, le peuple d’Israël s’est levé. » Une phrase simple, mais lourde de sens dans un pays encore traversé par les débats sur la responsabilité politique et militaire de cette journée apocalyptique.


Parmi les interventions les plus poignantes, celle de Galit Dan, mère et fille endeuillée, qui a perdu sa fille Noya et sa mère Carmela lors du massacre du kibboutz Nir Oz. « Nous ne voulons pas de vengeance, nous voulons la réparation », a-t-elle déclaré, dressant un tableau déchirant de son double deuil. Ses mots rappelaient que, derrière les chiffres et les slogans, le 7 octobre reste d’abord une tragédie humaine — une cassure intime qui a traversé chaque foyer du sud d’Israël.

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Autre moment fort : Vicky Cohen et Anat Angrest, mères d’otages toujours détenus à Gaza, ont pris la parole ensemble, chacune s’adressant à son fils disparu. Leurs mots, entre murmure et cri, ont bouleversé l’assistance : « Mon enfant, je te le jure, je ne renonce pas. Un peuple entier ne renonce pas à vous. » Dans le public, certains portaient encore les bracelets jaunes des familles d’otages — ces symboles d’attente et d’espérance, toujours présents deux ans après.


L’événement, relayé en direct par les principales chaînes israéliennes, a marqué un tournant. Non seulement parce qu’il a été organisé par les familles elles-mêmes, mais aussi parce qu’il portait une exigence claire : une commission d’enquête nationale pour que « plus jamais » ne soit un slogan vide. « Nous créerons cette commission », a affirmé Chamriz. « Pas pour accuser, mais pour comprendre, et pour garantir que l’État qui s’est endormi ce matin-là ne dorme plus jamais. »

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Cette revendication de justice et de transparence fait écho aux débats politiques récents. Comme le rappelle Infos-Israel.News, plusieurs anciens responsables militaires plaident pour un examen total des dysfonctionnements ayant précédé l’attaque — des alertes ignorées aux lenteurs de mobilisation. Les familles, elles, ne demandent pas de vengeance : elles exigent la vérité, et la fin des silences d’État.


Mais le ton général du rassemblement n’était pas celui du désespoir. Au contraire, c’était celui de la renaissance. Dans un pays meurtri, fragmenté, les survivants du 7 octobre incarnent aujourd’hui une force morale qui dépasse les divisions politiques. Ils rappellent qu’Israël ne se définit pas seulement par ses drames, mais par sa capacité à transformer la douleur en cohésion nationale.

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En conclusion de la cérémonie, les projecteurs se sont éteints un instant. Une immense étoile bleue a scintillé sur l’écran de fond, puis le mot « נקום » — Nakom (« nous nous relèverons »). La foule s’est levée, silencieuse d’abord, puis debout, chantant l’Hatikva comme un serment collectif.

Le message était limpide : Israël n’oubliera jamais le 7 octobre. Ni la terreur, ni la trahison, ni les larmes. Mais surtout, Israël ne cèdera pas. Car, comme l’a dit Yonatan Chamriz, « notre peuple s’est levé quand ses dirigeants étaient absents — et il se lèvera encore. »


Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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