Israël, Trump et les cercueils : « Si le Hamas ne se désarme pas, nous les désarmerons et ce sera violent »

À la suite de la remise partielle — sous escorte du Comité international de la Croix-Rouge — de plusieurs cercueils d’otages, la tension diplomatique a basculé en menace ouverte. Donald Trump promet de « désarmer » le Hamas si le groupe refuse de déposer les armes, tandis que Tsahal et le Shin Bet appellent à la prudence lors de l’identification des corps remis par le médiateur. La trêve signée à Sharm el-Sheikh vacille entre gestes humanitaires et chantages politiques.

Ce 14 octobre, le Hamas a informé les médiateurs et le CICR qu’il remettrait plusieurs cercueils d’otages décédés à un point de transfert dans le nord de la bande de Gaza ; la Croix-Rouge s’est mise en route pour récupérer ces dépouilles. Israël a officiellement demandé que l’identification soit conduite avec la plus grande sensibilité et que les familles soient informées en priorité.

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Dans un communiqué conjoint diffusé à 21:29 (heure locale) par le porte-parole de l’armée et le porte-parole du Shin Bet, on lit (traduction) :

« Selon les informations reçues, la Croix-Rouge est en route vers un point de rencontre dans le nord de la bande de Gaza, où plusieurs cercueils de captifs décédés lui seront remis. Tsahal demande de faire preuve de sensibilité et d’attendre l’identification officielle qui sera d’abord communiquée aux familles. Le Hamas est tenu de respecter l’accord et de faire les efforts nécessaires pour ramener tous les captifs décédés. »

Quelques minutes plus tard, le même canal d’information précisait (21:29) que « Tsahal et la Croix-Rouge n’ont pas été informés du nombre exact de cercueils qui seront transférés ce soir, mais on estime qu’il s’agira de 4 à 6 captifs ». Ces précisions soulignent l’imprévisibilité des restitutions et la difficulté d’organiser une procédure d’identification digne et coordonnée.

La mise en garde de Washington
Depuis Sharm el-Sheikh, le président Donald Trump a accentué la pression : « si le Hamas ne se désarme pas, nous les désarmerons », a-t-il déclaré. Dans une tirade rapportée peu après, il a ajouté avec fermeté : « Et ce sera rapide et violent » — formule destinée à marquer la détermination américaine et à dissuader toute manœuvre dilatoire de la part du Hamas.

Réactions en Israël
La nouvelle de la remise des corps a provoqué une onde émotionnelle et politique : le gouvernement insiste sur la nécessité d’un retour digne des défunts et le rétablissement complet des restes comme condition morale de l’accord. Certaines voix au sein de la coalition, plus radicales, appellent à durcir encore les sanctions sur Gaza et à geler les flux d’aide si le Hamas continue d’« instrumentaliser » la restitution.

Le ministre de la Sécurité nationale a publiquement demandé un ultimatum clair au mouvement islamiste : « si vous ne rendez pas nos morts, nous arrêterons immédiatement toute livraison d’aide ». Ce constat illustre la ligne dure qui gagne du terrain dans l’opinion israélienne : la réciprocité conditionne désormais l’aide humanitaire.

Humanitaire vs. stratégique
Pour le Comité international de la Croix-Rouge, la récupération et le rapatriement des corps demeurent « une opération extrêmement délicate » en raison des destructions massives à l’intérieur de la bande de Gaza et des contraintes sécuritaires. L’ICRC rappelle que la mission humanitaire exige coopération et transparence de toutes les parties — un vœu parfois en décalage avec la réalité tactique des acteurs sur le terrain.

La séquence des messages — annonce du transfert, communiqué conjoint Tsahal/Shin Bet, estimation du nombre de cercueils, puis la menace américaine — illustre le glissement d’une opération strictement humanitaire vers un théâtre de pressions politiques et militaires.

Deux enjeux se superposent. D’abord, le volet moral : la restitution des dépouilles est une obligation éthique et un impératif national pour Israël ; la transformer en levier politique signe l’échec de la confiance entre les protagonistes. Ensuite, le volet stratégique : la menace explicite de désarmement – prononcée par Washington – modifie l’équation régionale. Une opération visant à « désarmer » le Hamas comporte des risques militaires et politiques majeurs : réactivation de la violence, pertes civiles, et réactions de puissances régionales, d’où la nécessité d’une coordination internationale serrée.

La granulosité des informations (estimation de 4–6 cercueils, absence de calendrier précis) révèle aussi la tactique connue du Hamas : livrer par étapes pour conserver un levier de négociation et attirer l’attention médiatique. Israël, sous pression intérieure, répond par la conditionnalité des aides — un test moral autant que stratégique pour la communauté internationale.

Ce que cela signifie pour la trĂŞve
La fragilité du cessez-le-feu est patente : entre gestes humanitaires ponctuels et ultimatums coercitifs, la trêve tient sur un fil. Si la logique du “compte-rendu partiel” se poursuit, le risque d’escalade — fermeture de points de passage, réduction des convois, ripostes militaires — devient réel. Les médiateurs appellent à la retenue ; Jérusalem et Washington brandissent la menace comme levier.

La remise de cercueils — geste douloureux et solennel — soulève une question cruciale : jusqu’à quel point une opération humanitaire peut-elle rester pure lorsqu’elle est noyée dans des calculs stratégiques ? La phrase martiale de Donald Trump — « si le Hamas ne se désarme pas, nous les désarmerons » — résonne comme un ultimatum. La suite dépendra de la capacité des médiateurs à transformer une pause fragile en progrès tangible, et de la volonté des belligérants d’honorer non seulement les textes, mais la dignité des victimes.


Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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