Israël : vaste opération policière à Lod et dans le Triangle contre la criminalité arabe

Alors que la guerre contre le Hamas se poursuit au sud, Israël fait face sur son propre territoire à un autre défi sécuritaire majeur : la montée en flèche de la criminalité organisée au sein de la société arabe. Ce shabbat, la police israélienne a lancé une opération d’envergure dans la ville de Lod et dans les localités du Triangle, mobilisant des unités spéciales contre les réseaux mafieux et les bandes criminelles. Dix-sept suspects ont été arrêtés, un important arsenal saisi, et des réseaux de drogue et de vol de véhicules démantelés. Une démonstration de force voulue par le nouveau commissaire de police, Danny Levy, qui a déclaré l’état d’urgence face à la spirale meurtrière.

Une opération musclée sur le terrain

L’opération a impliqué plusieurs centaines de policiers, dont des membres de la prestigieuse unité 33, les « Gideonim », spécialisée dans la lutte contre le crime organisé. Au cours des raids menés simultanément à Lod et dans plusieurs villes arabes du Triangle, les forces de l’ordre ont saisi deux pistolets, un fusil M16, deux blocs d’explosifs militaires, des armes factices utilisées pour intimider des rivaux, de grandes quantités de munitions et environ 4,5 kg de drogues diverses.

La police a également intercepté en flagrant délit une cellule de voleurs de voitures, confirmant l’ampleur du phénomène de criminalité organisée. Les images publiées montrent des suspects menottés et un butin conséquent exposé sur une table : armes, chargeurs, explosifs et paquets de drogue.

« C’est une démonstration de force et un message clair : la police israélienne ne tolérera plus cette vague de violence », a déclaré sur place le commissaire Levy.

Une crise profonde : 200 meurtres par an

Depuis plusieurs années, la criminalité dans la société arabe est devenue l’un des principaux défis intérieurs d’Israël. En 2023, plus de 200 personnes ont été assassinées dans des règlements de comptes mafieux, souvent liés à des guerres de clans et à des trafics d’armes et de drogue. Les victimes sont majoritairement issues des communautés arabes israéliennes, mais la menace déborde parfois vers d’autres segments de la société.

Les causes de cette criminalité endémique sont multiples : faiblesse des structures communautaires, chômage élevé, circulation massive d’armes illégales, et infiltration croissante d’organisations criminelles dans la vie municipale et économique. La police, longtemps accusée de passivité, a dû revoir sa stratégie après des critiques virulentes, y compris au sein du gouvernement.

Réactions politiques et sociales

La nouvelle opération a été saluée par plusieurs responsables politiques, qui voient dans cette mobilisation un signe que l’État prend enfin au sérieux ce qu’ils qualifient de « menace nationale ». « Il ne s’agit pas seulement d’un problème communautaire. La criminalité arabe mine la sécurité intérieure d’Israël tout entier », a déclaré un député de la coalition.

Dans la société arabe elle-même, les réactions sont plus nuancées. De nombreux habitants appellent de leurs vœux une présence policière renforcée pour mettre fin à l’impunité des clans. Mais certains dénoncent des méthodes brutales et des arrestations qu’ils jugent arbitraires. « Nous voulons de la sécurité, pas une occupation policière », a déclaré un responsable local de Lod.

Une stratégie de tolérance zéro

Le commissaire Danny Levy, nommé récemment, a annoncé une stratégie de « tolérance zéro » face aux gangs. « Nous allons mobiliser toutes les unités spéciales, coopérer avec le Shin Bet si nécessaire, et traiter cette criminalité comme une menace à la sécurité nationale », a-t-il affirmé. Cette déclaration marque un tournant : jusque-là, la criminalité arabe était souvent reléguée au rang de problème local. Désormais, elle est traitée au même niveau de gravité que le terrorisme.

La saisie d’armes de guerre, comme les fusils M16 et les explosifs militaires, confirme d’ailleurs que les frontières entre crime organisé et terrorisme sont de plus en plus poreuses. Plusieurs analystes estiment que certains trafiquants collaborent avec des réseaux liés au Hezbollah ou au Hamas pour faire entrer des armes en Israël.

Un défi pour l’État de droit

Au-delà de la question sécuritaire, cette vague criminelle soulève un défi politique et sociétal : comment restaurer l’autorité de l’État dans des zones où les clans ont parfois plus de pouvoir que la police ? Pour certains experts, la solution ne peut pas être seulement répressive. Elle doit inclure des réformes économiques, une meilleure intégration sociale, et une coopération avec les leaders arabes modérés.

Mais dans l’immédiat, l’urgence est de stopper l’hémorragie. La multiplication des meurtres, souvent commis en plein jour, alimente un climat de peur qui pousse de nombreux Arabes israéliens à demander une protection accrue.

La dimension internationale

Si ce problème est avant tout interne, il a aussi une résonance internationale. Israël est régulièrement montré du doigt pour son traitement des minorités arabes. En rétablissant l’ordre et en protégeant ces populations contre les mafias, le gouvernement peut aussi envoyer un signal : celui d’un État de droit capable de défendre tous ses citoyens, quelle que soit leur origine.

Des comparaisons sont parfois faites avec l’Italie et sa lutte contre la mafia dans les années 1980, où la combinaison de répression policière, de réformes judiciaires et de pression internationale avait permis d’affaiblir durablement les clans. Israël semble vouloir s’engager sur une voie similaire.

Conclusion

L’opération menée ce week-end à Lod et dans le Triangle n’est pas une action isolée : elle s’inscrit dans une stratégie de long terme visant à éradiquer la criminalité organisée au sein de la société arabe. En arrêtant 17 suspects, en saisissant des armes lourdes et des drogues, la police israélienne a voulu frapper fort et montrer qu’une nouvelle ère s’ouvre. Mais le chemin sera long : seule une combinaison de fermeté policière et de réformes structurelles permettra de restaurer la sécurité et la confiance. Pour Israël, cette bataille n’est pas moins cruciale que celles menées à Gaza ou au Liban : c’est l’avenir de sa cohésion interne qui est en jeu.

 

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