Un sentiment croissant de marginalisation
Un nouveau rapport rĂ©vĂšle une tendance inquiĂ©tante : 57 % des citoyens arabes israĂ©liens se disent pessimistes quant Ă lâavenir du pays, et 47 % expriment une crainte accrue pour leur sĂ©curitĂ©. Depuis le dĂ©but de la guerre, beaucoup affirment que lâattitude envers eux sâest dĂ©gradĂ©e, les poussant Ă envisager lâĂ©migration â certains ayant dĂ©jĂ franchi le pas.
Un climat de défiance aprÚs le 7 octobre
???? Yasmin (32 ans, nom dâemprunt), ingĂ©nieure biomĂ©dicale de Nazareth, a quittĂ© son emploi dans une entreprise technologique pour New York :
« Lâambiance au travail a changĂ©. Certains collĂšgues ont commencĂ© Ă me regarder diffĂ©remment, et les remarques sur les Arabes sont devenues frĂ©quentes. Lors dâune rĂ©union, lâun dâeux a dit que âla terre devait revenir aux Juifs seulementâ⊠et mon manager mâa fait taire quand jâai voulu rĂ©pondre. Jâai compris quâen IsraĂ«l, peu importe mon talent, mon identitĂ© arabe serait toujours un obstacle. »
???? Amal (52 ans), mĂšre cĂ©libataire et ex-fonctionnaire Ă JĂ©rusalem, a choisi de sâinstaller Ă Berlin aprĂšs avoir entendu une voisine dĂ©clarer dans un abri anti-bombes :
« Les Arabes doivent disparaĂźtre, je nâai aucune compassion pour eux. »
Elle ajoute :
« Jâai compris que je nâavais mĂȘme pas le droit dâexprimer la moindre empathie envers les civils de Gaza. Jâai prĂ©fĂ©rĂ© partir plutĂŽt que de continuer Ă me battre pour ĂȘtre acceptĂ©e. »
Les chiffres alarmants de lâĂ©migration
Un sondage du Israeli Democracy Institute montre quâau dĂ©but de la guerre, seulement 59 % des Arabes israĂ©liens prĂ©fĂ©raient rester en IsraĂ«l, contre 81 % en 2021, aprĂšs les Ă©meutes des villes mixtes et lâopĂ©ration Gardiens des Murailles.
En octobre 2024, ce chiffre a lĂ©gĂšrement augmentĂ© Ă 70 %, mais il reste beaucoup plus bas quâauparavant.
Discrimination Ă lâembauche : « On ne voit plus des citoyens de seconde classe, mais des terroristes »
???? Lina et Youssef (49 et 50 ans, noms dâemprunt), un couple de Jaffa, songent Ă Ă©migrer au Canada :
« Nous pensions quâIsraĂ«l offrirait Ă nos enfants un avenir prometteur. Mais aujourdâhui, avec leurs diplĂŽmes en informatique et en ingĂ©nierie, ils ne trouvent pas de travail dans les grandes entreprises. On ne les considĂšre mĂȘme plus comme des citoyens de seconde zone⊠mais comme des terroristes. »
Selon Sami Assad, directeur de lâassociation Kav Mashveh, spĂ©cialisĂ©e dans lâintĂ©gration des diplĂŽmĂ©s arabes dans le marchĂ© du travail :
« AprĂšs le 7 octobre, une mĂ©fiance sâest installĂ©e dans les lieux de travail mixtes. Les employĂ©s juifs se sont repliĂ©s sur eux-mĂȘmes, et les Arabes ont Ă©tĂ© exclus des conversations. »
Dans lâenseignement supĂ©rieur, 56 % des Ă©tudiants arabes ne se sentent pas en sĂ©curitĂ© sur leur campus.
Dans le secteur de la santĂ©, oĂč prĂšs de 50 % du personnel est arabe, certains mĂ©decins et infirmiers ont dĂ» se justifier de leurs posts sur les rĂ©seaux sociaux :
???? Leah Wapner, directrice de lâAssociation mĂ©dicale israĂ©lienne :
« Les employĂ©s arabes ont subi des pressions pour dĂ©noncer publiquement le Hamas. La tension Ă©tait telle que chacun sâest refermĂ© sur lui-mĂȘme, ce qui a creusĂ© un fossĂ© entre les communautĂ©s. »
Un climat de violence et dâinsĂ©curitĂ©
Un autre facteur majeur pousse les citoyens arabes israĂ©liens Ă quitter le pays : lâessor du crime organisĂ©.
En 2025, 35 Arabes israĂ©liens ont dĂ©jĂ Ă©tĂ© assassinĂ©s, contre 21 Ă la mĂȘme pĂ©riode en 2024. En 2024, 85 % des affaires de meurtres nâont pas Ă©tĂ© Ă©lucidĂ©es.
???? Kholoud Abu Ahmad (38 ans, Nazareth), activiste sociale, envisage de sâinstaller au Portugal ou en GrĂšce :
« Les violences dans les localités arabes ne sont pas prises au sérieux. La cherté de la vie explose et les budgets alloués à la sécurité augmentent, au détriment des investissements sociaux dans notre communauté. »
Une fuite des cerveaux qui fragilise la société
Lâexode touche surtout les diplĂŽmĂ©s et les professionnels qualifiĂ©s. Les Arabes israĂ©liens reprĂ©sentent :
- 2 % des employés de la high-tech,
- 6 % du secteur privé,
- 1 % des cadres dirigeants.
???? Dr. Maryan Tahaokho, Université Reichman :
« Si le gouvernement ne prend pas de mesures pour retenir ces talents, cela aura un coĂ»t non seulement Ă©conomique, mais aussi social. Lâinclusion doit ĂȘtre une prioritĂ©, mĂȘme en temps de crise. »
De nombreux Arabes israĂ©liens ont dĂ©jĂ rĂ©ussi Ă lâĂ©tranger, occupant des postes de direction dans Apple, Amazon, Intel et Nvidia.
Quelle réponse du gouvernement ?
Face Ă cette situation, lâAutoritĂ© pour le dĂ©veloppement Ă©conomique des minoritĂ©s, sous le ministĂšre de lâĂgalitĂ© sociale, a mis en place des initiatives pour encourager lâemploi des Arabes israĂ©liens, notamment via des subventions aux entreprises qui les recrutent.
Mais est-ce suffisant pour stopper lâĂ©migration de ces talents et reconstruire la confiance ?
Seul lâavenir le dira.
RĂ©daction francophone Infos Israel News pour lâactualitĂ© israĂ©lienne
© 2025 â Tous droits rĂ©servĂ©s




