Mon mari, Moti Shamir, Ă©tait major . AprĂšs avoir terminĂ© son poste dâofficier militaire dans la patrouille Golani, il est allĂ© Ă©tudier Ă lâUniversitĂ© dâAriel, oĂč il a Ă©tudiĂ© lâĂ©conomie et la gestion des affaires, et devait, aprĂšs avoir obtenu son diplĂŽme, retourner dans lâarmĂ©e en tant que commandant de brigade.
Le soir de Simâhat Torah, nous avons organisĂ© un grand dĂźner pour dix familles de nos amis. Nous nous sommes couchĂ©s Ă deux heures et demie du matin. Lavi , notre fils de quatre ans, nous a rĂ©veillĂ©s Ă huit heures du matin, nous Ă©tions Ă©puisĂ©s, puis nous avons entendu beaucoup de messages WhatsApp arriver sur le tĂ©lĂ©phone portable de Moti. Il nâa pas eu le temps de regarder et un voisin nous a appelĂ© et lui a dit : « Tu sais quâil y a la guerre ?
Au dĂ©but, il sâest rendu au briefing du service dâurgence de la localitĂ©, mais lorsquâil a rĂ©alisĂ© lâampleur de lâincident, il est rentrĂ© chez lui, a enfilĂ© son uniforme, a pris lâarme et mâa informĂ© quâil partait. Jâai couru jusquâĂ lâentrepĂŽt et lui ai prĂ©parĂ© un sac contenant des uniformes, des articles de toilette et des tĂ©filines. Il Ă©tait clair pour nous deux quâil devait sâen aller. Lavi sortit puis serra Lavit dans ses bras et lui demanda sâil reviendrait aujourdâhui. Je nâai rĂ©ussi quâĂ lui donner un rapide baiser. Puis jâai entendu dire quâil avait demandĂ© Ă notre voisin de sortir lâarme du coffre-fort et de veiller sur moi.
« Moti sâest rendu chez ses parents Ă Elkana pour rĂ©cupĂ©rer son gilet en cĂ©ramique. Sa mĂšre lui a dit : âTu as une femme enceinte et un enfant, ils ne tâont pas appelĂ©.â Il lui a rĂ©pondu : âMaman, tu ne comprends rien », a pris le gilet et a couru vers la voiture.
Tous les officiers dâapprentissage qui ne sont pas actuellement affectĂ©s Ă lâunitĂ© se sont entretenus et ont dĂ©cidĂ© de se rĂ©unir au carrefour de Gilat. Moti a laissĂ© le vĂ©hicule lĂ -bas et est montĂ© dans un autre vĂ©hicule. Ils ont avancĂ© vers les kibboutzim en bordure de Gaza et au carrefour de Moâan, une voiture devant eux a Ă©tĂ© heurtĂ©e par un RPG. Ils ont pris des armes qui se trouvaient Ă cĂŽtĂ© des corps de soldats ou de terroristes, ont menĂ© des batailles et ont tuĂ© de nombreux terroristes. Ils y ont Ă©tabli une petite force improvisĂ©e composĂ©e de soldats et dâofficiers Golani et de membres de lâUnitĂ© multidimensionnelle et se sont rendus au kibboutz Reâim. A lâentrĂ©e du kibboutz, on leur a tirĂ© dessus, ils sont sortis de la voiture et sont entrĂ©s Ă pied. Le cef de la sĂ©curitĂ© les envoya dans le quartier des jeunes, oĂč se trouvaient de nombreux terroristes.
« A 11 heures, alors que les combats se dĂ©roulaient, il mâa appelĂ©. Câest aprĂšs avoir compris sur le WhatsApp de la brigade dâalerte quâils parlaient de la peur de lâinfiltration de terroristes chez nous. Il avait lâair stressĂ© et je lui ai assurĂ© que jâemmenait Lavit du parc dâattractions. Jâai entendu des coups de feu en arriĂšre-plan et je lui ai dit :  » Prends soin de toi.  » Je ne savais pas que ce serait notre derniĂšre conversation. On mâa dit plus tard que lui et un autre officier de Golani, un de nos voisins, se sont disputĂ©s entre eux pour savoir qui serait le commandant de la force. Ils etaient neuf. Quand lâun dâeux a Ă©tĂ© abattu, il a dit : « Il mâen reste huit. » Ils se sont battus de maniĂšre incroyable, ont sauvĂ© des familles dans les abris.
Moti a Ă©tĂ© blessĂ© par un Ă©clat dâobus Ă lâĆil, mais ce nâest que lorsquâil a Ă©tĂ© blessĂ© Ă lâĂ©paule quâil a annoncĂ© quâil se retirait et commençait Ă Ă©vacuer les blessĂ©s. Il ĂŽta le gilet et appuya sur le point dâentrĂ©e de la balle. Lorsquâils ont commencĂ© Ă se retirer, le groupe a Ă©tĂ© abattu par des terroristes depuis lâune des maisons et Moti a reçu une balle dans le dos et est mort sur le coup. Il a Ă©tĂ© impossible dâĂ©vacuer son corps pendant de nombreuses heures. Mardi seulement, on a frappĂ© Ă la porte et on mâa informĂ© quâil avait Ă©tĂ© tuĂ©. Jâai reconnu le coup. CâĂ©tait mon travail pendant longtemps : dans lâarmĂ©e, jâĂ©tais officier des secours. Jâavais terriblement mal au ventre et jâavait peur que quelque chose nâarrive Ă la grossesse. Un mĂ©decin du camp est venu et mâa dit : « câest la plus grande douleur que vous puissiez ressentir dans votre vie, mais cela ne nuira pas au fĆtus ». Depuis, je me promĂšne avec le sentiment quâil y a la vie et la mort en moi.
Jâai grandi dans la ville de Carmel, au sud du mont HĂ©bron. AprĂšs lâarmĂ©e, jâai Ă©tudiĂ© le droit et aujourdâhui je travaille au Conseil rĂ©gional de Samarie. Jâai Ă©pousĂ© Moti quand jâavais 21 ans et il en avait 23, un ami commun nous a prĂ©sentĂ©. Notre fils aĂźnĂ©, Lavi, est arrivĂ© aprĂšs des soins qui heureusement se sont dĂ©roulĂ©s assez rapidement.
« Nous avons repris les traitements quand Lavi avait un an et demi. Nous pensions que cette fois aussi, cela irait vite, il me restait des embryons congelĂ©s, nous les avons rendus et je nâai pas Ă©tĂ© acceptĂ©. Nous avons commencĂ© des sĂ©ries de rĂ©cupĂ©ration dâovules et la rĂ©cupĂ©ration dâembryons. Ce sont trois annĂ©es de traitements au cours desquelles il nây a pas eu un mois sans de rĂ©pit et il y a eu Ă©galement une fausse couche en cours de route.
« Ce nâest pas facile de suivre des traitements de fertilitĂ©, jâĂ©tais trĂšs hormonale et Moti mâa accommodĂ©. Pendant les traitements et la grossesse avec Lavi, il Ă©tait dans lâarmĂ©e, donc cette fois câĂ©tait une correction pour lui. Il mâaccompagnait pour prendre du sang, faire des tests, il restait assis avec moi pendant des heures dans la file dâattente du mĂ©decin. Il Ă©tait déçu de moi Ă tout rĂ©sultat nĂ©gatif, mais venait toujours me chercher.
Le jour de notre mariage, en juin dernier, nous avons reçu une réponse positive : il y a une grossesse et la date de naissance estimée est en février. Nous étions euphoriques.
Moti a Ă©tĂ© tuĂ© alors que jâĂ©tais enceinte de 22 semaines de notre fĆtus. Lors des shiva, jâai dĂ©couvert quâil parlait avec tant de joie Ă tout le monde de ma grossesse, ce qui nâest pas typique de lui. Il Ă©tait tellement excitĂ© et inquiet et attendait la naissance. Quand je jeĂ»nais Ă Tisha BeAv, il sâest mis en colĂšre contre moi. Quand Lavi mâa donnĂ© des coups de pied pendant mon sommeil, il mâa fait pression pour que je me fasse tester. Câest triste de penser que jâarriverai Ă lâaccouchement avec ma mĂšre et mes deux sĆurs au lieu de Moti.
Au cours des deux derniĂšres annĂ©es, nous avons fait lâallumage de Hanoukka : nous avons Ă©crit sur une note, le dernier jour de la fĂȘte : « ⌌ ŚŚŚŚŠŚš Ś§ŚšŚŚȘŚ ŚŚ, ŚąŚ Ś Ś ŚŚŚšŚŚ ŚŚâ», puis une demande pour la grossesse. Nous avons enterrĂ© les notes que nous avions Ă©crites dans la menorah. Avant quâil ne soit tuĂ©, je lui ai dit : « Mami, cette annĂ©e nous publierons le miracle.  » Dans notre communautĂ©, nous ne parlons pas toujours ouvertement de tels sujets, mais pour Moti , cela ne le dĂ©rangeait pas que je partage. Lors de la derniĂšre Hanoukka, lorsque jâai ouvert les billets, jâai eu mal au ventre. CâĂ©tait fou de voir que je lui demandais aussi de sâoccuper de Moti. MĂȘme sâil a Ă©tĂ© tuĂ©, jâai publiĂ© le miracle. »
En rĂ©sumĂ© : « Notre fille saura que son pĂšre a Ă©tĂ© un hĂ©ros toute sa vie, pas seulement dans la mort. Il a choisi de vivre une vie de mission et jâai toujours Ă©tĂ© derriĂšre lui. Je ne lui ai jamais dit âne pars pasâ. »
RĂ©daction francophone Infos Israel News pour lâactualitĂ© israĂ©lienne
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