Jérusalem : un troisième suspect arrêté dans l’affaire des incendies de Rehavia

La tension qui agite la société israélienne depuis le début de la guerre ne cesse de produire des débordements violents. Samedi soir, la police a annoncé l’arrestation d’un troisième suspect dans l’affaire des incendies criminels survenus dans le quartier de Rehavia, à Jérusalem. Selon les autorités, il s’agit d’un habitant de Herzliya âgé d’une soixantaine d’années, transféré immédiatement au poste de Moriah pour interrogatoire.

Cette arrestation marque une étape importante dans une enquête ouverte après plusieurs incendies volontaires survenus il y a une dizaine de jours, lors de manifestations contre la guerre et contre le gouvernement. Ces mises à feu, qui avaient touché des poubelles, des pneus et même des abords de l’esplanade commémorative du 7 octobre, ont rapidement dégénéré : un véhicule en stationnement a été totalement détruit, tandis que des habitants des immeubles voisins avaient dû être évacués en urgence en raison des fumées toxiques.

Les faits

La police de Jérusalem avait d’abord procédé à l’interpellation de deux hommes âgés de 60 et 80 ans, soupçonnés d’avoir participé aux incendies. L’annonce de l’arrestation d’un troisième suspect confirme l’élargissement de l’enquête. Selon le porte-parole de la police, « l’objectif est d’identifier l’ensemble des personnes impliquées dans ces actes graves qui ont mis en danger des vies humaines et causé des dégâts considérables ».

Les images diffusées par la police israélienne, relayées par la presse locale (Kipa, Ynet), montrent la carcasse calcinée du véhicule détruit, ainsi que des façades d’immeubles noircies par les flammes. Les habitants du quartier, l’un des plus anciens et prestigieux de Jérusalem, ont exprimé leur colère face à ce qu’ils perçoivent comme une escalade inacceptable dans les méthodes de protestation.

Une enquête sensible

L’affaire revêt une dimension politique particulière. Depuis le déclenchement de la guerre, les manifestations contre la conduite du gouvernement se sont multipliées, certaines donnant lieu à des affrontements avec les forces de l’ordre. Mais le passage à des actes de destruction volontaire marque un seuil inquiétant.

Pour les autorités, il s’agit d’un test de fermeté : laisser se développer des actions violentes au nom de la contestation reviendrait à affaiblir l’État de droit dans un moment déjà critique. Comme l’a rappelé un responsable de la police cité par Haaretz, « le droit de manifester est sacré, mais il s’arrête là où commence la mise en danger de vies humaines ».

L’enquête se poursuit désormais avec l’hypothèse d’une action concertée de plusieurs personnes âgées, toutes issues d’horizons différents. Les motivations restent floues : s’agit-il d’une provocation politique, d’un geste symbolique contre le pouvoir en place, ou d’une escalade incontrôlée d’une manifestation ?

Réactions

Dans la classe politique, les réactions oscillent entre indignation et inquiétude. Des députés de la coalition ont dénoncé un « terrorisme interne » destiné à semer la peur au cœur même de Jérusalem. Du côté de l’opposition, certains rappellent la nécessité de ne pas confondre des individus isolés avec l’ensemble des manifestants.

Les habitants du quartier de Rehavia, eux, parlent d’un climat délétère. « Nous avons entendu des explosions, vu les flammes monter, et nous avons dû quitter notre immeuble en pleine nuit », témoigne une résidente, interrogée par la radio publique Kan. « Quelles que soient les opinions politiques, on ne peut pas mettre des familles en danger de cette manière. »

Mise en perspective

Les incendies de Rehavia ne sont pas des faits isolés. Depuis plusieurs mois, Israël connaît une multiplication des actes de vandalisme liés aux tensions politiques et sociales. En parallèle des affrontements sur le front extérieur, un front intérieur s’ouvre : celui de la cohésion nationale.

Les chercheurs en sciences politiques soulignent que l’histoire d’Israël a toujours été marquée par des débats passionnés, mais que la dérive vers des violences internes constitue une menace sérieuse. L’ancien commissaire de police Yohanan Danino a mis en garde dans Maariv : « Si nous tolérons que la colère se traduise par des incendies de voitures et de bâtiments, nous ouvrons la porte à une radicalisation qui peut coûter des vies. »

Les suites judiciaires

Le suspect arrêté ce samedi devrait être présenté dès dimanche devant le tribunal de Jérusalem pour une demande de prolongation de sa détention. Les deux autres suspects, déjà en garde à vue, attendent également que la justice statue sur leur sort.

La police a assuré que l’enquête se poursuivra « jusqu’à ce que tous les responsables soient identifiés et traduits en justice ». Les enquêteurs cherchent à déterminer si les incendies sont liés à un mouvement organisé ou s’il s’agit d’initiatives isolées.

Conclusion

L’arrestation d’un troisième suspect dans l’affaire des incendies de Rehavia souligne la gravité de ces actes et la détermination de la police à restaurer l’ordre. Mais au-delà de l’aspect judiciaire, l’affaire révèle une société sous pression, où les fractures politiques débordent désormais sur la sécurité quotidienne des citoyens. Entre colère contre le gouvernement et volonté de maintenir la cohésion nationale, Israël se trouve confronté à une équation délicate : protéger la liberté d’expression tout en empêchant que la contestation ne se transforme en menace pour la vie des habitants.

 


Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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