Qui ne connait pas le restaurant de Jo Goldenberg qui se trouvait au 7 rue des Rosiers, où a eu lieu la fusillade dans ce quartier du Marais fréquenté par la communauté juive de l’époque.
C’est à l’heure de la pause déjeuner, le lundi 9 août 1982, qu’un groupe de cinq hommes armés font irruption dans le restaurant de Jo Goldenberg, en plein Marais. L’un des hommes lance une grenade.
À cette heure d’affluence, une cinquantaine de clients se trouvent à table. Des coups de feu sont tirés.
Après l’explosion, le commando traverse le quartier, surnommé le Pletzl en tirant dans la foule. En moins de trois minutes, l’attentat fait six morts et vingt-deux blessés.
Aucune organisation n’a revendiqué l’attentat. Les services de police et de renseignements chargés de l’enquête ont tout d’abord soupçonné le Fatah, Conseil révolutionnaire d’Abou Nidal — un groupe palestinien dissident de l’OLP. Cependant une chose demeurait surprenante : Abou Nidal revendique toujours ses actions ; or, il contesta avoir été l’instigateur de la fusillade.
En octobre 2008, l’enquête rebondit grâce à un documentaire de Thierry Vincent diffusé sur Canal+. Dans ce documentaire qui s’appuie sur la contre-enquête minutieuse et étayée d’un ancien officier des Renseignements généraux, ce dernier met en évidence la venue à Paris le en provenance d’Allemagne via Metz, de deux terroristes « néonazis », Odfried Hepp et Walter Kexel.
Le premier, ayant suivi des entraînements para-militaires dans certains camps radicaux palestiniens, travaille activement, depuis avril 1982, pour la Stasi. Les deux terroristes recherchés par la police allemande pour de multiples attentats ont été identifiés à Metz (Moselle) chez un nazi notoire le 7 août au soir. De plus les portraits robots correspondent assez à la description des témoins (type européen, âge, etc.). Odfried Hepp, toujours vivant, ancien membre du FLP (Front de libération de la Palestine), ancien agent de la Stasi, reconnaît dans le documentaire que son acolyte (suicidé depuis) peut très bien en être l’auteur.
Trois ans plus tard, en novembre 2011, l’enquête subit un revirement de situation avec l’annonce de l’identification des auteurs de la fusillade par le juge Marc Trévidic. Il s’agit de deux hommes membres d’un commando du Fatah réfugiés depuis en Jordanie, pays d’où ils ne peuvent être extradés. Pourtant, un témoin privilégié (il a reçu une rafale dans les jambes du 1er tueur et une deuxième dans la poitrine du 2eme) est formel : « il ne s’agissait pas d’Arabe mais d’Européens, d’environ 22/23 ans. ». La piste jordanienne semble donc bien compromise par ce témoin.
Le 28 août 1982, Barril interpelle les poseurs supposés de la bombe de la rue des Rosiers : des nationalistes irlandais. C’est le début de l’affaire des Irlandais de Vincennes – dans laquelle Paul Barril est soupçonné d’avoir apporté lui-même les pièces à conviction, armes, explosifs et documents compromettants. L’impact des balles est toujours visible sur la devanture.
Fuyant les pogroms Nahoum Goldenberg quitte la Russie et s’installe à Istanbul avec sa famille après avoir traversé la Mer Noire. Il arrive à Paris en 1920 où il ouvre sa première charcuterie au 15 rue des Rosiers dans le quartier juif le Pletzl.
Son affaire sera ensuite reprise par son fils Joseph « Jo » Goldenberg qui ouvrira avec son frère Abraham « Albert » le restaurant du 7 rue des Rosiers. Cet établissement au décor parsemé de photos des plus grandes personnalités de la planète est devenu une véritable institution de la communauté juive et propose une cuisine traditionnelle.
Parmi les spécialités : le Zakouskis 8 variétés de hors-d’oeuvre (tarama, caviar d’aubergines, foie et oeufs hachés, fromage blanc aux herbes), l’Assiette Ibérienne ou Caucassienne, le Saumon fumé. …
Mais en 2010, Goldenberg est remplacé par un magasin de vêtements et la plaque commémorant l’attentat a disparu. Suite à une demande formulée par des associations, une nouvelle plaque a été posée par la mairie de Paris le 29 juin 2011. (source Wikipedia)
Aujourd’hui Jo Goldenberg n’est plus tout comme un pan du Pletzl qui disparaît avec lui … Même si l’âme du shteitl qu’était le marais de l’époque a disparu depuis longtemps.