Katz contre Barnea : duel au sommet entre le ministre de la Défense et le vétéran du journalisme

La confrontation verbale entre Israël Katz, ministre de la Défense, et Nahum Barnea, plume historique de Yedioth Aharonot, a pris une tournure cinglante. À la suite d’un article au vitriol publié par le journaliste, Katz a riposté publiquement en accusant Barnea de « mains lisses et de gros mensonges » – une formule devenue virale en quelques heures.

Des promesses d’hier aux affrontements d’aujourd’hui

Pour Katz, l’histoire se répète : déjà lorsqu’il était ministre des Transports, Barnea l’avait raillé en affirmant que les gigantesques projets ferroviaires et routiers annoncés ne verraient jamais le jour. Katz rappelle aujourd’hui que toutes ces infrastructures – gares, routes, tramways, ports – existent bel et bien, et que les « mains de Barnea », censées se couvrir de poils si les projets se réalisaient, sont restées « lisses », mais toujours promptes à taper sur son clavier.

La critique de Barnea

Dans son éditorial, Barnea décrit Katz comme un ministre « égocentrique », enfermé dans ses propres récits de gloire. Il l’accuse d’avoir importé un style politicien dans un domaine – la Défense – qui devrait rester au-dessus des querelles partisanes. Selon le journaliste, Katz « remplit la 14ᵉ étage de la Kirya (QG de Tsahal) de nervosité et de plaintes chroniques » et s’expose plus dans les caricatures que dans les décisions militaires effectives.

La contre-offensive du ministre

Katz a dégainé une longue liste de ses réussites militaires depuis sa nomination :

  • participation centrale à l’opération “Avec le lion” contre l’Iran, incluant la préparation d’attaques aériennes stratégiques sur Téhéran et ses sites nucléaires ;
  • conception de l’opération “Mariage rouge” visant à décapiter le commandement militaire iranien et de l’opération “Tornado” destinée à frapper les infrastructures du régime ;
  • actions offensives au Liban contre le Hezbollah, avec l’installation de cinq positions stratégiques permanentes de Tsahal ;
  • entrée de Tsahal en Syrie après la chute du régime Assad, prise de positions sur le mont Hermon et neutralisation des capacités stratégiques de l’armée syrienne ;
  • changement radical de doctrine en Judée-Samarie : occupation permanente de camps de réfugiés considérés comme foyers terroristes, avec selon lui une baisse de près de 80 % des attentats ;
  • en bande de Gaza, mise en place des opérations « Oz VeHerev » et « Merkavot Gidéon », conduisant à une destruction sans précédent des tunnels et infrastructures terroristes, et maintien de Tsahal dans 75 % du territoire conquis pour empêcher le retour du Hamas.

Selon Katz, ses décisions ont permis d’accroître la sécurité du pays, de renforcer l’implantation israélienne et de préparer la prochaine étape : la défaite totale du Hamas et la libération des otages.

Un conflit révélateur

Au-delà des piques personnelles, cette passe d’armes révèle une fracture entre deux univers :

  • d’un côté, un ministre de la Défense qui se pose en homme d’action, assumant un discours musclé, presque triomphaliste ;
  • de l’autre, un journaliste chevronné qui incarne une presse sceptique, soucieuse de pointer l’ego et les excès des responsables politiques.

Pour le grand public israélien, ce duel illustre aussi le climat d’après-7 octobre : tensions internes, remise en cause des élites militaires et politiques, et une société en quête de figures fortes. Katz, en attaquant frontalement Barnea, s’adresse directement à son électorat, lassé des critiques médiatiques.

Entre humour noir et réalité stratégique

L’expression « mains lisses et gros mensonges » restera comme une formule ironique symbolisant ce bras de fer. Mais derrière l’humour acide, le sujet est sérieux : la gestion d’une guerre multi-fronts, la préparation d’opérations décisives contre l’Iran, le Hezbollah et le Hamas, et la place de la presse dans le débat public israélien.

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