À l’occasion du centenaire de la naissance d’Eli Cohen, surnommé « notre homme à Damas », Nadia Cohen, sa veuve, s’est exprimée dans une interview avec Arutz 7. Elle a critiqué ceux qui l’ont envoyé en mission, bien qu’ils savaient que ses activités étaient surveillées par les services syriens.

L’espoir renouvelé

L’entretien débute par les espoirs suscités par les récents bouleversements en Syrie, qui pourraient permettre à Israël de localiser, au milieu du chaos, le lieu de sépulture d’Eli Cohen et de rapatrier ses restes pour un enterrement en Israël. Nadia Cohen évoque les attentes qu’elle nourrit face à l’offensive des rebelles et la possibilité de retrouver et ramener ses ossements en Israël.

La semaine dernière, Nadia a demandé à rencontrer le chef du Mossad, Dedi Barnea, pour discuter de cet anniversaire marquant. Bien que ce dernier soit actuellement très occupé par la question des otages et d’autres dossiers de sécurité, il a accepté d’écrire quelques mots en mémoire d’Eli et de ses actions héroïques.

« Je lui ai demandé ce qu’il en était de la situation en Syrie et s’il voyait une chance de retrouver les restes d’Eli. Il m’a dit que si Bachar al-Assad sollicitait notre aide, nous pourrions conditionner notre assistance à la récupération des ossements d’Eli. Mais il m’a aussi laissé entendre qu’ils n’avaient toujours pas localisé sa tombe », explique Nadia. Elle rappelle que même sous la direction de Meir Dagan, des recherches intensives ont été menées, en collaboration avec les Américains, pour examiner chaque tombe en Syrie.

Un combat sans relâche
« Il n’a pas été enterré dans un cimetière juif », explique Nadia. « Ils ont cherché dans des tombes anonymes, sans inscription, mais ont rencontré des obstacles, et après un certain temps, ils ont dû suspendre les recherches. Cependant, le Mossad n’a jamais abandonné. Chaque chef du Mossad a formé une équipe spéciale pour tenter de localiser sa tombe. »

Malgré cela, Nadia exprime sa douleur persistante : « C’est une plaie ouverte. C’est déprimant. J’ai vécu ma vie avec cet homme, et je sais qu’à ma mort, il ne reposera pas à mes côtés. Mais nous devons voir ce que les développements en Syrie vont révéler. Tous ceux qui étaient en fonction à l’époque d’Eli sont morts lors des révolutions précédentes, et je ne sais pas s’il reste quelqu’un qui se souvient ou sait quelque chose. »

Une critique acerbe envers ses supérieurs
Nadia reproche vivement aux responsables d’Eli Cohen de l’avoir envoyé en mission malgré les risques évidents : « Ils savaient qu’il était en danger, mais ils l’ont quand même envoyé à sa mort. C’est une cruauté indescriptible. Ils ont continué à l’exploiter, bien qu’il ait fourni des informations qu’aucun autre n’avait pu obtenir dans les cercles les plus sensibles de la Syrie. »

Elle décrit certains de ces responsables comme « des lâches et des opportunistes qui ne savaient pas apprécier qu’il avait trois enfants qu’il n’a pas pu les voir grandir. Ils manquaient de compassion. Mon cœur saigne et saignera jusqu’à ma mort pour ce qu’ils nous ont fait. »

Nadia critique également l’ancien chef du Mossad, Meir Amit, qu’elle qualifie de « cruel et idiot », affirmant qu’il poursuivait ses ambitions personnelles tout en tentant de se dédouaner des responsabilités liées au sort d’Eli.

Les recherches se poursuivent
En conclusion, Nadia revient sur les rumeurs selon lesquelles des cimetières en Syrie auraient été détruits pour construire des routes ou des habitations. « Tout est possible. Ils n’ont pas traité son corps avec humanité. Nous ne savons pas ce qu’ils ont fait de sa dépouille ni où ils l’ont jetée », déclare-t-elle avec amertume.