« La dernière photo ? » : le message glaçant d’Israël en persan après la frappe de Doha

Quelques heures après la frappe spectaculaire menée par Tsahal à Doha contre la haute direction du Hamas, le ministère israélien des Affaires étrangères a choisi une arme tout aussi puissante : la communication. Sur son compte officiel en persan, il a publié une image d’une rencontre entre des dirigeants du Hamas et des diplomates iraniens, assortie d’une simple question : « آخرین تصویر? » – « La dernière photo ? ». En hébreu, la même formule : « התמונה האחרונה? » – « La dernière image ? ».

Ce message laconique, presque cynique, a immédiatement enflammé les réseaux sociaux. Il laisse entendre que les responsables photographiés pourraient bien avoir signé là leur dernière apparition publique avant d’être pris pour cibles. Le choix du persan n’est pas anodin : il vise directement Téhéran, principal soutien du Hamas, en associant l’Iran à la cible désignée par Israël.

La portée symbolique de cette publication est considérable. Alors que le Qatar venait d’annoncer la suspension de sa médiation dans les négociations sur les otages, l’État hébreu a ainsi doublé son offensive militaire d’un avertissement diplomatique et psychologique. « C’est une guerre de messages autant qu’une guerre de missiles », commente un analyste sécuritaire israélien. « En une image et trois mots, Israël a rappelé à l’Iran que ses protégés sont vulnérables. »

Côté israélien, l’opération de Doha a été dirigée au plus haut niveau par le Premier ministre Benyamin Netanyahou, le ministre de la Défense Katz et les responsables du Shin Bet. Amit Segal, journaliste politique, a rappelé que « pour la première fois depuis l’opération Jonathan (Entebbe), Tsahal a frappé dans un pays qui n’est pas officiellement un État ennemi ». Cette dimension historique rend le tweet du ministère encore plus marquant, car il relie le terrain militaire à un front diplomatique inédit.

L’effet recherché est double : d’une part semer la peur dans les rangs du Hamas en montrant qu’Israël n’hésite plus à frapper ses dirigeants même sous la protection de puissances régionales ; d’autre part, adresser un avertissement direct à l’Iran, en langue persane, afin de délégitimer son rôle et de rappeler qu’il ne pourra éternellement protéger ses alliés.

En choisissant l’ironie glaçante plutôt que de longs discours, Israël a voulu marquer les esprits. Le tweet du ministère des Affaires étrangères devient ainsi un prolongement de la frappe : une « bombe diplomatique » qui vient souligner la vulnérabilité du Hamas et l’embarras de ses parrains.

Cet épisode illustre un tournant : le conflit avec le Hamas ne se joue plus seulement à Gaza ou au Liban, mais aussi sur les réseaux sociaux, dans le langage des symboles et des images. La formule « La dernière photo ? » restera comme l’un de ces messages qui condensent, en trois mots, la stratégie israélienne : traquer ses ennemis partout, et leur rappeler qu’aucun refuge n’est sûr.

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