IsraĂ«l et la France peuvent trouver un terrain dâentente (en consultation avec la GrĂšce et lâĂgypte) sur un large Ă©ventail de questions, de la Libye au Liban, et de la pĂ©ninsule arabique Ă lâIran. Les intĂ©rĂȘts communs devraient Ă©galement servir Ă rĂ©duire lâimportance des diffĂ©rences entre les deux pays par rapport Ă la question palestinienne.
https://ml.monde-decouverte.fr/l2/7L00HJEso10/202838/2436469388.html?La nouvelle géopolitique des relations franco-israéliennes
Au cours de lâannĂ©e Ă©coulĂ©e, la France sâest positionnĂ©e comme une force active, voire un chef de file, dans les efforts pour rĂ©tablir lâĂ©quilibre des forces en MĂ©diterranĂ©e ; un Ă©quilibre qui a Ă©tĂ© bouleversĂ© par les ambitions nĂ©o-ottomanes et islamistes du prĂ©sident Erdogan de Turquie. Le prĂ©sident Emmanuel Macron, un jeune homme dâĂtat qui a cherchĂ© Ă changer radicalement la carte politique intĂ©rieure de la France, a ravivĂ© une vision de la France en tant quâacteur stratĂ©gique indĂ©pendant avec une influence unique en Europe, en Afrique et au Moyen-Orient ; et plus prĂ©cisĂ©ment, sur les traces de lâancien prĂ©sident Sarkozy, Ă©galement dans la rĂ©gion mĂ©diterranĂ©enne.
En Ă©troite coordination avec lâĂgypte et les Ămirats arabes unis (ce dernier est un alliĂ© majeur de la France dans le Golfe), Macron a dĂ©fini la protection des nations musulmanes modĂ©rĂ©es et la lutte contre le radicalisme islamiste comme les principaux intĂ©rĂȘts français. Cela comprend les domaines suivants :
Au Sahel, oĂč les troupes françaises ont Ă©tĂ© directement impliquĂ©es au Tchad et au Mali.
En Libye, oĂč la France a aidĂ© les forces de lâANL dirigĂ©es par Khalifa Haftar, sâopposant au rĂ©gime du «gouvernement dâaccord national» Ă Tripoli qui a des liens islamistes.
Au Liban, oĂč Macron sâest rendu deux fois depuis lâexplosion de Beyrouth, et la France a pris les devants en exigeant des rĂ©formes gouvernementales, contestant ainsi la domination du Hezbollah.
En MĂ©diterranĂ©e orientale, oĂč Macron sâest opposĂ© aux politiques turques, soutenant pleinement les positions grecques et Ă©gyptiennes.
Quant Ă lâIran, la France continue de sâopposer Ă la dĂ©marche de TĂ©hĂ©ran vers lâarme nuclĂ©aire. (La France ne souhaite pas que dâautres pays rejoignent le «Club nuclĂ©aire»).
Au-delĂ de la dimension rĂ©gionale, lâobjectif de Macron est apparemment de rendre la France Ă nouveau pertinente et une nation leader dans lâUE, en particulier dans le sillage du Brexit britannique. Sur le plan intĂ©rieur, une position ferme sur tous ces fronts pourrait affaiblir les campagnes contre le leadership de Macron et renforcer son image.
Sur pratiquement tous les sujets, les intĂ©rĂȘts gĂ©opolitiques de la France sâaccordent avec ceux dâIsraĂ«l. Par consĂ©quent, la France devrait revoir les avantages de relations plus Ă©troites avec IsraĂ«l. à son tour, IsraĂ«l devrait prendre lâinitiative de crĂ©er un cadre formel / informel pour des pourparlers bilatĂ©raux, Ă©ventuellement complĂ©tĂ© ultĂ©rieurement par un cadre multilatĂ©ral comprenant la GrĂšce, Chypre, les Ămirats arabes unis et lâĂgypte. Macron et son ministre des Affaires Ă©trangĂšres Jean-Yves Le Drian partagent le point de vue selon lequel la France devrait participer Ă la realpolitik et mener une diplomatie soutenue par des capacitĂ©s militaires et de renseignement. Si tel est le cas, ils pourraient envisager lâinitiative dâun partenariat avec IsraĂ«l pour rĂ©pondre Ă leurs besoins.
La politique actuelle de la France en MĂ©diterranĂ©e et au Moyen-Orient dĂ©coule de lâintervention dâAnkara en novembre 2019 en Libye. Ayant dĂ©jĂ eu une relation complexe avec Haftar alors que Le Drian Ă©tait ministre de la DĂ©fense, et cherchant Ă enrayer la subversion des FrĂšres musulmans en gĂ©nĂ©ral et en Ăgypte en particulier, la France soutient dĂ©sormais Haftar, commandant de lâ«ArmĂ©e nationale libyenne» (ANL), contre la Turquie et le «gouvernement dâaccord national» (GNA) islamiste basĂ© Ă Tripoli.
En mai 2020, les forces du GNA, soutenues par la Turquie, ont forcĂ© lâANL Ă abandonner son siĂšge de la capitale et Ă se retirer. LâĂgypte, soutenue par la France, a alors averti le GNA de ne pas avancer vers lâest au-delĂ de la ligne Syrte-Youfra. Les Turcs, pour leur part, veulent arrĂȘter la France dans ses Ă©lans, prendre le contrĂŽle du centre de la Libye et de ses ressources, autonomiser les FrĂšres musulmans dans la rĂ©gion et, surtout, devenir le facteur dominant de la MĂ©diterranĂ©e orientale et annuler lâalliance EastMed Gas Forum (EMGF) (reliant la France, lâItalie, la GrĂšce et Chypre, lâĂgypte, IsraĂ«l, la Jordanie et lâ AutoritĂ© palestinienne).
Macron a Ă©galement adoptĂ© une position ferme contre les mesures agressives de la Turquie envers la GrĂšce. Alors que lâAllemagne, bien quâen Ă©troite coordination avec la France, a assumĂ© le rĂŽle de mĂ©diateur, Macron est le seul dirigeant Ă affronter activement la politique turque en MĂ©diterranĂ©e orientale et non seulement Ă sây opposer. Ce faisant, il a fait de la France un alliĂ© efficace de lâĂgypte, des Ămirats arabes unis et dâIsraĂ«l.
Perspectives de changement dans les relations franco-israéliennes
Au fil des ans, les relations dâIsraĂ«l avec la France ont connu des hauts et des bas dramatiques. Les attitudes israĂ©liennes sont toujours marquĂ©es par la crise qui a conduit Ă la guerre des Six jours de 1967, quand IsraĂ«l sâest senti trahi par la politique pro-arabe de de Gaulle. à lâĂ©poque, de prĂ©tendues considĂ©rations de realpolitik sĂ©paraient les deux pays. Vous pouvez maintenant les rejoindre.
Macron a dĂ©jĂ exprimĂ© des rĂ©serves sur la campagne palestinienne pour faire de lâEurope un alliĂ© contre IsraĂ«l. Bien quâil se prononce du bout des lĂšvres sur la nĂ©cessitĂ© dâun Ătat palestinien, il nâa pas fermĂ© la porte Ă lâinitiative de paix du prĂ©sident Trump au Moyen-Orient et, plus important encore, a protestĂ© contre la dĂ©lĂ©gitimation dâIsraĂ«l. En 2017, en commĂ©moration des dĂ©portations de juifs par les nazis et le rĂ©gime de Vichy, il a dĂ©noncĂ© sans Ă©quivoque lâantisionisme comme une nouvelle forme dâantisĂ©mitisme.
Plus rĂ©cemment, la France a saluĂ© lâaccord de normalisation dâIsraĂ«l avec son proche alliĂ© contre la Turquie, les Emirats Arabes Unis, ainsi que lâaccord avec BahreĂŻn. En arriĂšre-plan, les intĂ©rĂȘts communs de la France, des Ămirats arabes unis, dâIsraĂ«l, de la GrĂšce et de lâĂgypte. Le chef du Mossad, Yossi Cohen, a rĂ©cemment dĂ©clarĂ© que la Turquie pourrait reprĂ©senter une plus grande menace pour IsraĂ«l que lâIran. La citation peut avoir Ă©tĂ© prise hors de son contexte. Cependant, alors que la Turquie adopte une position rĂ©solument hostile envers IsraĂ«l sur des questions comme JĂ©rusalem et Gaza, elle nâest pas un ennemi actif.
Pourtant, les propos de Cohen indiquent quâIsraĂ«l, comme la France, doit reconsidĂ©rer ses prioritĂ©s stratĂ©giques. La rĂ©ponse arrogante dâErdogan aux mouvements français en MĂ©diterranĂ©e orientale reflĂšte son humeur belliqueuse. Il en va de mĂȘme pour son affirmation selon laquelle transformer Sainte-Sophie en mosquĂ©e ouvrira la voie Ă la libĂ©ration de la mosquĂ©e Al-Aqsa Ă JĂ©rusalem.
Macron et son fidĂšle partenaire Le Drian veulent rĂ©habiliter lâinfluence française. Contrairement Ă lâĂ©poque de De Gaulle, la politique française au Moyen-Orient nĂ©cessite aujourdâhui une association avec IsraĂ«l, plutĂŽt quâune aliĂ©nation et une prise de position pro-arabe. Lâalignement ouvert dâAbu Dhabi, Manama et JĂ©rusalem offre une plate-forme diplomatique et militaire pour reconstruire les liens du passĂ© sur la base dâintĂ©rĂȘts communs Ă©mergents et dâune nouvelle perspective sur le Moyen-Orient. Macron est motivĂ© non seulement par lâĂ©volution des sentiments envers IsraĂ«l, mais aussi par la comprĂ©hension que pour que les interventions de la France au Liban et en Libye et les efforts pour contenir la Turquie soient couronnĂ©s de succĂšs, le rapprochement avec IsraĂ«l est essentiel.
Macron fait face Ă deux obstacles principaux. PremiĂšrement, dans le domaine de la politique Ă©trangĂšre, le ministĂšre français des Affaires Ă©trangĂšres continue de souscrire Ă la vision «traditionnelle» de la question israĂ©lo-palestinienne, qui est Ă lâorigine de tensions entre Paris et JĂ©rusalem depuis des dĂ©cennies. En outre, certains aspects de la question nuclĂ©aire iranienne, dans laquelle la France a Ă©tĂ© plus forte que lâancien prĂ©sident Obama mais pas aussi ferme quâIsraĂ«l lâespĂšre maintenant Ă la lumiĂšre de la politique de Trump, restent une source sĂ©rieuse de discorde entre les deux pays. DeuxiĂšmement, au niveau national, lâimportante communautĂ© musulmane française reste politiquement affiliĂ©e aux partis de gauche, qui sont fortement pro- palestiniens et fondamentalement anti-israĂ©liens.
Cependant, la France reconnaĂźt dĂ©sormais que lâapproche binaire «Arabe contre IsraĂ«l» au Moyen-Orient est dĂ©passĂ©e. Reste Ă savoir si Macron aura le courage de prendre une nouvelle direction politique, dĂ©fiant la communautĂ© musulmane française tout en ralliant la droite gaulliste, le centre et les catholiques contre Le Pen et lâextrĂȘme droite.
Recommandations pour la politique israélienne
Face Ă une nouvelle carte gĂ©opolitique du Moyen-Orient et de la MĂ©diterranĂ©e orientale, IsraĂ«l devrait saisir lâopportunitĂ© de renouer ses relations avec la France. Cela devrait inclure des mĂ©canismes formels et informels pour des conversations stratĂ©giques rĂ©guliĂšres, au moins deux fois par an.
Israël devrait également entreprendre des visites de haut niveau pour consolider les compréhensions géopolitiques.
Un tel format bilatĂ©ral pourrait conduire Ă un format de consultations multilatĂ©rales, peut-ĂȘtre discret, qui inclurait lâĂgypte, les Ămirats arabes unis, la GrĂšce et Chypre, travaillant ensemble pour obtenir le soutien des Ătats-Unis.
Les dĂ©cideurs israĂ©liens doivent surmonter les associations nĂ©gatives avec la France qui prĂ©valent depuis 1967. Une approche israĂ©lienne pragmatique a permis dâentretenir des relations fondamentalement positives avec la France pendant des annĂ©es, et le moment est venu de servir les intĂ©rĂȘts des deux pays. passer Ă un nouveau niveau.
IsraĂ«l devrait Ă©galement utiliser son accord de paix avec les Ămirats arabes unis pour nouer des liens plus Ă©troits avec la France. Les Ămirats arabes unis sont particuliĂšrement bien placĂ©s pour encourager Paris Ă amĂ©liorer ses relations avec JĂ©rusalem.
La France et IsraĂ«l ont tous deux beaucoup Ă gagner dâune amĂ©lioration de leurs relations.
Via:Â JISS â Colonel (res.) Olivier Rafowicz.
RĂ©daction francophone Infos Israel News pour lâactualitĂ© israĂ©lienne
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