Avant tout, il est important de préciser qu’il n’y a pas suffisamment de renseignements accumulés sur le Yémen et sur l’organisation des Houthis. La distance géographique – plus de 2 000 km de vol au-dessus de la mer Rouge – et l’absence d’activités contre Israël jusqu’à l’année dernière n’ont pas suscité un intérêt particulier du renseignement, jusqu’à ce que l’autre camp s’active. Leur chef, Abdel Malek al-Houthi, et le porte-parole Yahya Saree, dont le style d’apparition devant les caméras est étrange, affirment sans équivoque que tant que la guerre à Gaza se poursuit, les Houthis sont mobilisés dans la campagne contre Israël.
Activités et intentions des Houthis
Les membres de l’organisation communiquent et publient sans relâche sur les réseaux sociaux. L’un d’entre eux annonce que les attaques sur la ville de Jaffa – en évitant intentionnellement de mentionner Tel-Aviv ou Ramat Gan – ne sont qu’un « avant-goût » en vue de leur véritable objectif. Sur une grande affiche, un membre des Houthis inscrit le nom de la ville de Dimona en hébreu et en arabe, avertissant les employés du centre nucléaire : « Préparez-vous. »
Le problème principal réside avant tout dans le bureau du dirigeant suprême Khamenei à Téhéran et dans le commandement des Gardiens de la révolution. Les directives, les cargaisons d’armes modernes et les ordres d’exécution viennent de là. Pour l’instant, Israël n’a pas pris de décision opérationnelle claire pour agir en Iran.
Les Houthis, définitivement des Yéménites d’un autre genre, savent prendre des libertés. Les lancements contre Israël semblent être un exercice avant un objectif bien plus ambitieux. Discrètement, un avion civil a décollé de Sanaa pour l’Irak, transportant les familles des hauts responsables de l’organisation « Ansar Allah », le nom officiel des Houthis.
Le chef de l’organisation, son frère et plusieurs officiers ont décidé d’évacuer leurs familles vers un lieu sûr. Il reste incertain combien de temps ils resteront dans cette cachette, sous la protection du Premier ministre irakien Mohammed Shia al-Sudani, connu pour son soutien au régime iranien. Presque en même temps, un avion spécial de l’Organisation mondiale de la santé a quitté Sanaa pour la Jordanie, transportant le chef de mission Tedros Ghebreyesus et un membre de son équipe blessé lors d’une frappe aérienne israélienne sur l’aéroport yéménite.
Abdel Malek dirige les activités de son organisation depuis un tunnel. Comme Nasrallah et Sinwar, il a décidé, pour sa sécurité, de rester sous terre, malgré la distance qui le sépare de Tel-Aviv.
Projets futurs des Houthis
Les Houthis, restant presque les seuls actifs après les lourds coups portés au Hamas et au Hezbollah, ne prévoient pas de cesser leurs tirs de missiles et drones. Bien au contraire, ils envisagent d’intensifier leurs actions dans les jours à venir.
Ahmad Massoudi, un membre influent de l’organisation, déclare : « Israël est l’ennemi, non seulement des Houthis, mais de tous les citoyens du Yémen. » Sa fonction officielle est celle de conseiller principal, mais en pratique, il supervise le transfert de munitions vers les commandements locaux.
Israël souhaiterait sans aucun doute éliminer Abdel Malek al-Houthi, comme cela a été fait avec Sinwar, Nasrallah et les hauts responsables du Hamas. Nasrallah, il faut le noter, est la figure admirée par le leader yéménite, qui lui a dédié une cérémonie commémorative spéciale à Sanaa.
À Sanaa, ils déclarent déjà qu’après la « victoire », ils se consacreront à leur prochain objectif, le véritable, pour lequel ils se préparent depuis des mois : la prise de contrôle de tout le Yémen, le pays le plus pauvre du monde arabe.
C’est l’objectif central, et les « frappes sur Israël », affirme Abdel Malek al-Houthi, ne sont qu’un test de force avant l’objectif ultime.