LA LIBERTE AVANT TOUT! par Rony Akrich

 

«Parole adressĂ©e Ă  JĂ©rĂ©mie par l’Eternel, aprĂšs que le roi SĂ©dĂ©cias eut conclu une convention avec tout le peuple de JĂ©rusalem, Ă  l’effet d’y proclamer l’émancipation, afin que chacun remit en libertĂ© son esclave et chacun sa servante, d’origine HĂ©breu, afin que nul ne retĂźnt dans la servitude son frĂšre judĂ©en».

 

Cet appel Ă  l’intĂ©gritĂ© et Ă  la paritĂ© sociale dans le propos du ProphĂšte peut paraĂźtre inopportun Ă  une Ă©poque oĂč le peuple juif est en guerre contre le terrible roi Nabuchodonosor; l’impĂ©ratif n’était-il pas de focaliser toute notre attention autour des manƓuvres militaires, et diffĂ©rer les rĂ©formes sociales Ă  plus tard ?

JĂ©rĂ©mie semble Ă©loignĂ© de la rĂ©alitĂ© et paraĂźt ne pas apprĂ©hender le sĂ©rieux de la situation lorsqu’il s’embarrasse de socialisme alors que la patrie est en danger. Mais sa charge est aussi de nous enseigner comment percevoir les Ă©vĂ©nements et les traduire, non par la raison mais par la probitĂ©.

La chute du royaume d’IsraĂ«l ne dĂ©pend guĂšre de la puissance ou du nombre de ses ennemis mais seulement de sa dĂ©chĂ©ance morale si celui-ci accepte de spolier la libertĂ© de ses frĂšres, de bafouer leurs droits les plus Ă©lĂ©mentaires. Ecoutez les dĂ©clamer: Quand on en a les facilitĂ©s, le pouvoir et l’argent, on assouvit ses appĂ©tits et l’on raille morale et justice. La vertu et la probitĂ© ? ChimĂšres des avortons pour se dĂ©fendre des puissants pensaient ils.

Dans ce Monde, il n’y a ni loi ni foi gĂ©nĂ©reuse, ce qui rĂšgne, c’est le droit du plus fort.

Bien sur, les manants n’ont pas l’énergie essentielle pour abattre la dictature et rassasier leurs envies ! Alors ils dĂ©savouent la force. Nous sommes ici en prĂ©sence du discours ambigu des cupides et des dĂ©pitĂ©s, les palabres d’ĂȘtres affaiblis et inopĂ©rants. Eux parlent de justice et de morale, parlent de modĂ©rer les appĂ©tences !

La vraie vie est la vie des durs, elle est dans l’outrance, dans l’orgie et la jouissance et pas dans la limitation, la restriction, la suppression des dĂ©sirs.

 

L’ultimatum de l’Eternel, annoncĂ© par le ProphĂšte, exige d’affranchir tous les esclaves afin de pouvoir apprĂ©cier un dĂ©but de solution Ă  tous les problĂšmes politiques et militaires.

Ne pas ĂȘtre un peuple moral abroge notre droit d’exister en tant que nation.

IsraĂ«l s’éloigne du banal royaume, il ne ressemble pas aux organisations utilitaristes de personnes qui mettent au premier rang de toutes les valeurs, l’utilitĂ©.

Il n’est pas non plus un «Contrat Social»: cette action par laquelle l’individu se prive de certaines de ses libertĂ©s naturelles non compatibles avec la vie en sociĂ©tĂ© et se soumet au pouvoir politique de l’Etat dans lequel il vit et qui lui garantit des droits fondamentaux (sĂ©curitĂ©, propriĂ©tĂ©, etc.
).Par ce pacte, les individus acceptent une autoritĂ© supĂ©rieure Ă  eux, censĂ©e garantir la volontĂ© gĂ©nĂ©rale.

Selon cette doctrine, l’individu est Ă  l’origine de la collectivitĂ©, par le contrat social, on part de l’état de nature pour en arriver Ă  une sociĂ©tĂ©.

 

La Torah s’interdit d’instituer l’esclavage en statut social, Ă  l’inverse d’un Aristote qui reconnaissait l’esclavage comme une rĂšgle normative des sociĂ©tĂ©s antiques, constituĂ©es d’humains et de sous ­humains promis Ă  la servitude.

Platon lui-mĂȘme, peignant le portrait de l’état idĂ©al dans «la RĂ©publique», fractionnait la collectivitĂ© en trois classes : les philosophes, les soldats et les esclaves. Ces derniers pouvaient ĂȘtre d’ailleurs des personnes trĂšs instruites; des ingĂ©nieurs et des mĂ©decins, nĂ©anmoins ils dĂ©pendaient d’une caste infĂ©rieure.

IsraĂ«l doit devenir «un royaume de prĂȘtres, une nation sainte».

La vertu doit se hausser au rang de la nation et refuser la satisfaction primaire d’ĂȘtre comme tout le monde, de se suffire des vertus individuelles.

La moralitĂ© doit se matĂ©rialiser Ă  l’échelle collective du peuple d’IsraĂ«l, l’excellence de la nation des HĂ©breux ne s’évalue nullement sur un plan quantitatif mais avant tout sur sa qualitĂ© d’ĂȘtre, en trompant sa fonction morale elle ruine son bien-fondĂ©.

D’aprĂšs la Torah, la servitude de nos frĂšres hĂ©breux est une sentence rĂ©glementaire, mĂȘme si elle reste limitĂ©e, elle s’assĂšne en gĂ©nĂ©ral pour des raisons lĂ©gitimes, comme chĂątiment pĂ©dagogique et dĂ©courageant, par exemple en cas de vol. Selon la Loi divine, le voleur n’est pas envoyĂ© en milieu carcĂ©ral, car cela ne rembourserait pas le prĂ©judice causĂ© Ă  la victime, cela ne rĂ©tablirait sans doute pas le malfaiteur Ă©crouĂ© en prĂ©sence de compĂšres de son genre.

Le voleur est effectivement tenu de rĂ©parer sa faute, de s’acquitter de sa dette et si cela lui est impossible, ĂȘtre vendu comme esclave. De ce fait, la servitude n’est qu’un programme prometteur, une rĂ©action Ă  une amĂšre vĂ©ritĂ© de la sociĂ©tĂ© – le larcin, lĂ  oĂč il ne nous reste que peu de choix.

Nous devons assurĂ©ment tenter de restituer Ă  la victime sa propriĂ©tĂ© et remĂ©dier aux torts endurĂ©s, raison pour lesquelles le voleur sera cĂ©dĂ© comme esclave Ă  sa victime, lui rendant, par son travail, son bien. Il besognera pendant six ans, comprenant ainsi la valeur de l’ouvrage bien mieux qu’entre les murs dĂ©colorĂ©s d’une geĂŽle.

Cet homme qui honnissait la valeur du travail et le patrimoine d’autrui, qui tentait de se bĂątir une vie facile et immorale Ă  bon compte, devra, pour se sauver spirituellement, abandonner sa libertĂ© pendant au moins six ans et se vouer Ă  un exercice bienfaiteur – le travail.

En consĂ©quence, le voleur ne se transformera pas en paria de la sociĂ©tĂ©, il ne sera pas Ă©cartĂ© de la communautĂ©, il sera soutenu de maniĂšre adĂ©quate, afin de reprendre son rĂŽle Ă  l’intĂ©rieur de la sociĂ©tĂ©. AprĂšs avoir expiĂ© sa peine, malgrĂ© la gravitĂ© de son acte, le voleur est finalement rendu Ă  la libertĂ©, car c’est son droit le plus lĂ©gitime.

 

L’énoncĂ© d’un tel chĂątiment dans le JudaĂŻsme est infiniment plus gĂ©nĂ©reux que le systĂšme judiciaire dĂ©crit dans Les MisĂ©rables, oĂč le hĂ©ros est vouĂ© aux travaux forcĂ©s Ă  vie aprĂšs avoir chapardĂ© un quignon de pain, il concĂšde au condamnĂ© le regret et une nouvelle virginitĂ© sociale.

La libertĂ© est le patrimoine le plus cher dont l’homme dispose, nul n’a le droit de lui soustraire.

C’est cette libertĂ© qui est continuellement transgressĂ©e par les pouvoirs politiques, c’est cette libertĂ© qui est asservie, qui est mĂ©prisĂ©e, sacrifiĂ©e sur l’autel du mĂ©pris.

Le concept des droits des hommes s’est engagĂ© peu Ă  peu contre l’arbitraire, les actes dictatoriaux et l’autocratie. L’acceptation de la libertĂ© ne commence qu’avec une prise de conscience et une connaissance rĂ©flĂ©chie. Nous voulons que l’ĂȘtre humain soit une crĂ©ature inviolable, nous voulons que la personne humaine vive accompagnĂ©e de droits incontestables, parmi lesquels le droit de sauvegarder sa plĂ©nitude physique, sa plĂ©nitude intellectuelle, sa plĂ©nitude spirituelle, contre toute attitude violente ou brutale.

DĂšs son rĂ©veil, le Juif remercie l’Eternel: «Qui ne m’a pas fait esclave», car Lui et seulement Lui nous a dĂ©livrĂ© de notre servitude et enseignĂ© comment ne jamais redevenir captifs les uns des autres. La Torah condamne radicalement la vassalitĂ© dĂ©finitive entre les hommes puisque cela souille le reflet divin original et si particulier Ă  chaque ĂȘtre.

D’aprĂšs le Rav Kook, cette bĂ©nĂ©diction ne concerne pas seulement la dĂ©pendance matĂ©rielle de l’esclave, mais aussi l’esclavage psychologique, qui est bien plus grave.

On peut ĂȘtre esclave d’autrui et ĂȘtre cependant un homme libre au fond de soi-mĂȘme, mais l’homme qui est psychiquement esclave, dĂ©savoue sa nature propre en s’accommodant des intentions et des ambitions d’autrui. Aucune lĂ©gitimitĂ© n’est accordĂ©e, dans le JudaĂŻsme, Ă  la servitude, sauf si celle ci est utilisĂ©e de maniĂšre provisoire et sans vouloir offenser la personnalitĂ© du condamnĂ©. Si le provisoire Ă©volue vers le dĂ©finitif, il favorise lentement mais sĂ»rement une seconde nature qui altĂšre la dignitĂ© divine indissociable de l’ĂȘtre humain.

En HĂ©breu, les termes «indĂ©pendance et personnalité» ont une mĂȘme racine Ă©tymologique, et nous enseigne donc que pour ĂȘtre soi-mĂȘme, il est indispensable d’ĂȘtre Ă©mancipĂ©.

 

Les justes au conditionnel constituent la majoritĂ© du peuple d’IsraĂ«l, cela la Torah le comprend aisĂ©ment et c’est cette raison qui la destine prĂ©cisĂ©ment Ă  l’homme en situation rĂ©elle: «La Torah n’a pas Ă©tĂ© donnĂ©e aux anges», elle fut offerte Ă  l’Homme. Elle doit Ă©valuer attentivement toutes les difficultĂ©s de l’existence humaine, d’une certaine façon D.ieu «se rĂ©duit» afin d’octroyer Ă  l’individu une leçon conforme Ă  son univers: «La Torah s’est exprimĂ© dans le parler des hommes», ceux-lĂ  mĂȘme qui existent dans un corps, un corps de chair et de sang, travaillĂ© par des instincts et des pulsions.

Le concept de l’esclavage Ă©tait fortement enracinĂ© dans l’expĂ©rience humaine, il Ă©tait pratiquement impossible, pour le JudaĂŻsme, de l’extirper en une fois, mais la Torah va tenter de le dĂ©faire pas Ă  pas en concevant une nouvelle administration sociale capable de saper cette tradition de l’intĂ©rieur.

Les civilisations antiques accrĂ©ditaient le dĂ©dain envers l’esclave ce qui par ailleurs Ă©tait totalement Ă©tranger au JudaĂŻsme.

Dans la langue hĂ©braĂŻque il ne se trouve pas de mot particulier pour dĂ©finir un esclave: «EVED» signifie parfois cela, mais aussi le travailleur, dans la conscience hĂ©braĂŻque, la mĂȘme expression rĂ©vĂšle Ă  la fois l’esclave et le serviteur de D.ieu, «EVED ASHEM».

Mais la libertĂ© avant tout, notre libertĂ© intĂ©rieure! Nous acceptons de devenir les serviteurs de D.ieu, mais jamais l’esclave d’autrui.

La Torah récuse la veulerie et la dépendance soumise au prochain.

Nos maitres accusent ceux qui s’abandonnent et se soumettent au mal: «Quel est le vĂ©ritable hĂ©ros? Celui qui sait vaincre ses passions» (TraitĂ© Avot IV, 1).

Le fondement du droit Ă©tant moral, l’évolution du droit est toujours influencĂ©e par des principes moraux et par des principes moraux Ă  caractĂšre universel. Les droits des hommes sont l’expression des revendications qui tiennent Ă  la dignitĂ© humaine, exprimĂ©es dans des termes qui sont ceux de la Loi.

NĂ©anmoins les droits des hommes sont des rĂšgles Ă©ternelles, elles se sont imposĂ©es lentement dans l’Histoire, d’une maniĂšre progressive. Les droits des hommes sont historiques au sens oĂč ils rĂ©sultent d’une victoire graduelle, jamais rĂ©solue et toujours sur le chemin de la dignitĂ© humaine sur Terre.

 

Mais voila que l’Histoire a mis un terme Ă  l’exil dĂ©pravant des Juifs, nous voici rentrĂ©s sur Notre Terre. YĂ©rouchalayim est ressuscitĂ©e, rassemblĂ©e, les villes de YĂ©houda ne sont plus abandonnĂ©es.

Ce retour miraculeux peut paraĂźtre Ă©trange Ă  certains qui voudront y apporter toutes sortes de remarques judicieuses, basĂ©es sur l’instrumentation de l’Histoire.

Mais l’incontestable ressort de cette entreprise, c’est d’abord et avant tout ce renouveau fraternel au sein de notre peuple. MalgrĂ© nos querelles privĂ©es, qui ne sont rien d’autres que des blessures superficielles, notre nation reconquiert au quotidien sa cohĂ©sion, notre Histoire actuelle en IsraĂ«l prouve qu’une solidaritĂ© intelligente nous rĂ©unit.

L’essence de notre amour pour Sion (le sionisme), la ferme volontĂ© de faire refleurir ce dĂ©sert et d’y reconstruire notre pays (la rĂ©demption), c’est bien grĂące Ă  cette fraternitĂ© naturelle et gage de notre survie que nos ennemis furent vaincus Ă  chacune de nos guerres.

Il nous Ă©choit de garantir prĂ©cieusement l’éthique de la nation, d’honorer mĂ©ticuleusement les rĂšgles morales et universelles qui nous affectent principalement: l’IndĂ©pendance, la ParitĂ© et l’UnitĂ©, au sein de notre peuple. L’élection d’IsraĂ«l conjugue l’alliance entre D.ieu et les hommes pour le meilleur de toute l’humanitĂ©.

Le vĂ©cu d’IsraĂ«l reste le vecteur essentiel par lequel le crĂ©ateur se dĂ©voile Ă  l’HumanitĂ©.

IsraĂ«l s’échoue souvent sur les rĂ©cifs de son Histoire, la Bible raconte et dĂ©peint ces Ă©carts, mais cela ne compromet en rien l’essence de sa vocation.

Le caractĂšre spĂ©cifique d’IsraĂ«l est totalement diffĂ©rent en comparaison des autres civilisations.

Voila donc pourquoi Israël est encore et toujours présent parmi nous.

 

 

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1 COMMENTAIRE

  1. Comme quoi , il n ‘ y a que les cons qui ne changent pas d ‘ avis , quand je pense que rony akrich vient de l’extrĂȘme gauche la plus radicale , anti sioniste et tout le tsoin tsoin et que l ‘ on voit ce qu ‘ il est devenu aujourd ‘ hui , c ‘est le jour et la nuit ! je ‘ l ‘ ai Ă©coutĂ© s ‘ exprimer a ce sujet sur son site , c ‘ est fou ! aujourd’hui c ‘ est un intellectuel et penseur du judaisme au plus haut niveau et qui de plus arrive a nous faire comprendre la mystique de la loi en arrivant a vulgariser les sujets ! trop fort ! merci pour cette dĂ©couverte !