Depuis prĂšs de 70 ans, je mesure ma vie, Ă la suite de la maladie de la polio que jâai eue dans mon enfance, ma jambe gauche a Ă©tĂ© raccourcie et presque paralysĂ©e. Les gens nâen savent pas grand-chose mais je suis un homme qui souffre, qui meurt de douleur. Avec lâĂąge câest devenu plus difficile. Je ne mâapitoie pas sur moi-mĂȘme â je veux raconter une histoire.
Dans la plupart des luttes que jâai eues, jâai Ă©chouĂ©. Il y a eu aussi des succĂšs, mais je ne choisis pas mes combats en fonction de leurs chances de succĂšs : je les examine pour voir sâils sont mauvais, et sâils sont mauvais et que la rĂ©ponse est positive et que jâai de la force, alors je mâenrĂŽle. Mais la vĂ©ritĂ© est que je nâai plus beaucoup de force. Ce sera probablement mon dernier combat pour sauver la Mer Morte. Le corps est traĂźtre et lâĂąge donne ses signes.
Je doute que je verrai les fruits de cette lutte â elle durera des annĂ©es. Malheureusement, les politiciens, ne se prĂ©occupent que du gros titre de demain, ou de ce qui leur rapportera des dividendes dans une semaine, et jâespĂšre quâau moins mes petits-enfants ne verront pas cette mer en images, mais dans leur vie.
Je ne dĂ©teste pas les riches. Au contraire, mĂȘme ceux qui ont rĂ©ussi grĂące Ă leur initiative, une idĂ©e de gĂ©nie, une start-up â que jâapprĂ©cie mĂȘme, contribuent Ă la sociĂ©tĂ©. Je ne supporte pas les riches qui se sont enrichis Ă nos dĂ©pens, aux dĂ©pens de notre santĂ©, aux dĂ©pens du fait quâils dĂ©tiennent une sorte de monopole, et que nous leur payons une rente monopolistique. Ces personnes sont nuisibles Ă la sociĂ©tĂ©, elles ne lui sont pas utiles.
Suis-je tombĂ© amoureux du personnage du guerrier de la justice ? Peut-ĂȘtre que oui, mais jâai dĂ©jĂ eu ma dose de gloire dans le monde, je nâen ai plus besoin. Le bouledogue et le bulldozer ce nâest pas moi, câest un personnage de tĂ©lĂ© que jâai jouĂ©. Jâai fait toutes sortes de choses folles â jâai emmenĂ© une personne handicapĂ©e, je lâai descendu en rappel jusquâau ministĂšre des Transports parce quâil nây avait pas dâaccessibilitĂ©. Jâai créé un avant-poste illĂ©gal, « Maale Mofaz », afin quâils puissent voir Ă quel point il est facile de crĂ©er un avant-poste et Ă quel point les autoritĂ©s ferment les yeux.
Jâai aussi poursuivi des policiers parce que je voulais montrer que les policiers eux-mĂȘmes commettaient des crimes, et jâai attrapĂ© le commissaire Shlomo Aharonishki sans ceinture. Et bien sĂ»r, il y a eu des passages oĂč jâai juste eu de la chance â jâai filmĂ© lâavocat Ram Caspi racontant comment il avait secouĂ© le pays. Les provocations faisaient partie de lâaffaire. Les gens ne savent pas que je suis une personne assez gentille et agrĂ©able. Ils pensent que je suis une sorte de grand hĂ©ros.
Mais pouvons-nous enfin parler de la mer Morte ?
La merveille du monde est en danger : quand deviendra-t-elle une « flaque » ?
Chaque annĂ©e, le niveau de la mer Morte baisse de plus dâun mĂštre. Au cours des 60 derniĂšres annĂ©es, la mer Morte a perdu prĂšs de la moitiĂ© de sa superficie : de 1 200 km Ă 580 km. Aujourdâhui dĂ©jĂ , le bassin sud a disparu et sâest transformĂ© en bassins dâĂ©vaporation. Les principales raisons â les barrages construits par IsraĂ«l sur le Jourdain et la Syrie sur le fleuve Yarmouch ont considĂ©rablement rĂ©duit la quantitĂ© dâeau qui sâĂ©coulait dans la mer Morte. Dans le mĂȘme temps, les usines puisent lâeau de la partie nord de la mer Morte pour produire divers produits chimiques.
Les dommages causĂ©s par la baisse du niveau sont lâĂ©loignement de la cĂŽte maritime, la destruction du tourisme, la formation de gouffres et les dommages aux eaux souterraines. La mer Morte, qui est un trĂ©sor naturel mondial unique, est en danger dâextinction. Si nous nâagissons pas pour le sauver, on sâattend Ă ce que dâici 2050, il ne restera plus quâune flaque dâeau, une petite bande dâeau dans le bassin nord.
« Il nây a pas de solution magique ici, dâaccord? », explique Jacky Ben Zaken du groupe « Guardians of the Dead Sea ». Selon lui, « Il y a deux choses ici â il y a une solution Ă court terme et une solution Ă long terme, et les deux doivent exister. Le court terme est de changer dâattitude, de dire â âVous pouvez vivre avec les gouffres, vivre avec les gouffres, vous pouvez souscrire une assurance, vous pouvez tout faire », et les gens viendront, les gens construiront, il y aura de lâespoir, il y aura de la prospĂ©ritĂ©, car si cela ne se produit pas, pourquoi le sauver ? »
« Parlons maintenant du long terme : pour que lâĂtat dise aux usines â âOK, vous utilisez environ 180-150 millions de mĂštres cubes dâeau par an ? Pas de problĂšme, mais ce que vous prĂ©levez vous reviendra sous forme dâeau dessalĂ©e de lâeau », explique un vieil homme.
« Vous voyez la retraite tous les jours »
Quel est votre problĂšme avec le recul de la plage ? Quâest-ce que cela vous fait Ă vous qui gĂ©rez cette plage ici ?
Itai Maor, responsable du dĂ©veloppement commercial de Kalya Tourism, rĂ©pond : « Vous voyez la retraite tous les jours. Vous construisez des escaliers, vous rendez la plage accessible aux gens. Un jour, deux jours, une semaine plus tard, la mer commence Ă se retirer. Vous accrochez des panneaux â ils ne sont plus pertinents. En fait, tous les temps courent aprĂšs la mer, la cabane des sauveteurs est promu toutes les quelques annĂ©es. Maintenant, nous avons dĂ©jĂ commencĂ© Ă fabriquer une telle cabane qui est plus facile Ă dĂ©monter et Ă faire avancer, et nous ne laissons aucun mĂ©moriaux derriĂšre. »
« Le complexe âGlamping Minus 420â est une belle parcelle que nous avons faite Ă un endroit qui Ă©tait en fait une mer, et une partie de lâendroit est un belvĂ©dĂšre de sauveteur qui Ă©tait en 2000, qui est aujourdâhui Ă 400-500 mĂštres de la mer â alors câest dĂ©jĂ devenu un coin romantique Mais aujourdâhui nous avons un gazebo de maĂźtre nageur Nous lâavons mis en 2019 pour quâil soit juste au bord de lâeau, et dĂ©jĂ en hiver , elle est loin de 20-30 mĂštres de la ligne dâeau. »
Si quelquâun sort cette piĂšce des archives dans 20 ans, cette mer ne sera plus lĂ , nâest-ce pas ?
Itai Maor: « Nous devrons venir le voir du nord, voire pas du tout. »
Je veux dire, il nây aura pas de plage ici lĂ oĂč il y en a maintenant.
Itay Maor : « Ce ne sera pas le cas.
Yael Maor, ancienne PDG du Centre de recherche et de dĂ©veloppement de la mer Morte et dâArava, rĂ©pond : « Ils verront un bain lointain avec des surfaces de boue et il sera impossible dâatteindre, la mer Morte. Câest la catastrophe qui va arriver ici. »
Quâaimeriez-vous rĂ©ellement quâil se passe ?
Yael Maor, qui est Ă©galement lâune des fondatrices du kibboutz Kalia, rĂ©pond : « Nous voulons quâils sâoccupent de deux canaux â Ă la fois la compensation financiĂšre, le financement qui est actuellement sur le compte privĂ© de lâentreprise, et aussi de trĂšs nouvelles idĂ©es technologiques sur comment vraiment garder la mer proche. »
Le kibboutz peut-il exister sans cette plage ?
Yael Maor » « Je vois vraiment une image dĂ©faitiste, que si cette Mer Morte, qui a un nom international, est un bain lointain, je suis sĂ»r que les gens ne viendront pas ici, ils auront peur de venir. Comme ils lâont fait avec les gouffres â mes amis israĂ©liens, pas seulement des touristes, disent : « Quoi, jâirai Ă la mer Morte ? Il y a des gouffres sur le chemin dâici. Et quand le sel sâĂ©loignera, je suis sĂ»r que ça empĂȘchera les gens de venir ici. »
Le professeur Nadav Lenski de lâInstitut gĂ©ologique, directeur du laboratoire de la mer Morte, explique : « Câest une merveille de la nature. Ce que nous avons ici en ce moment est une merveille de la nature. Il y a ici une mer trĂšs salĂ©e qui recule en raison du manque de lâeau et lâĂ©vaporation excessive, et tout ce qui se passe derriĂšre nous est une rĂ©action au mot Ceci â regardez les lignes de vĂ©gĂ©tation, comment elles sâapprochent de la mer. Regardez les dolines, elles sâapprochent de la mer. Vous avez de nouveaux paysages dynamiques. il y a de belles couches de sel lĂ -bas â si vous le prenez comme une coquille, si vous le prenez et lâĂ©tiquetez. Câest vrai, câest un phĂ©nomĂšne naturel au niveau mondial. »
Alors vous dites, ce qui nous est arrivĂ©, qui est presque un dĂ©sastre â transformons-le en avantage.
« Totalement ».
Rendre la beauté créée ici à partir des gouffres accessible au public en toute sécurité
Les deux chiffres qui peuvent sauver la Mer Morte
La Mer Morte peut-elle ĂȘtre sauvĂ©e ? Bien sĂ»r vous pouvez. Il faut dâabord croire. Deux â le gouvernement doit ĂȘtre convaincu de prendre une dĂ©cision pour sauver la Mer Morte. Trois â nous avons maintenant vraiment une percĂ©e avec la Jordanie, nous leur donnons de lâeau, ils nous transfĂšrent de lâĂ©nergie. La coopĂ©ration dans ce domaine fera une diffĂ©rence. Mais il faut se souvenir de deux chiffres â le premier est 2030, puis il y a un appel dâoffres pour faire fonctionner les usines de la Mer Morte, et jusquâĂ cet appel dâoffres nous ferons le changement de discours : au lieu de parler dâargent et de dividendes, nous parlerons de restaurer la mer et de la sauver.
Le deuxiĂšme chiffre est de 180 millions de mĂštres cubes dâeau quâICL pompe chaque annĂ©e pour produire de la potasse : nous voulons quâils continuent Ă faire des bĂ©nĂ©fices, mais nous voulons que lâeau revienne â pour rendre cube pour cube, 180 millions de cubes, et lâusine jordanienne rendra Ă©galement sa part, et puis nous avons rĂ©solu la moitiĂ© du problĂšme.
En attendant, je fais du recrutement de masse : je fais bien sĂ»r tout bĂ©nĂ©volement, mais dâautres ne sont pas prĂȘts. Nous avons besoin dâexperts, nous avons besoin de conseils juridiques, nous avons besoin dâacheter des supports numĂ©riques, etc., et jâespĂšre que vous nous aiderez . Cette lutte a besoin dâun visage â la lutte sur la mer Morte, sans visage, ne rĂ©ussira pas. La mer Morte nâa rien Ă voir ni avec la gauche ni avec la droite â câest une question consensuelle. Je ne connais pas un seul IsraĂ©lien qui dise : « Laissons cette mer mourir.
Optimiste ou pessimiste ?
Je suis tombĂ© malade dâune maladie dite post-polio, câest une maladie qui attaque les organes qui Ă©taient alors touchĂ©s par la polio. Et cela rend le tout plus difficile. Je suis gĂ©nĂ©ralement une personne optimiste, mais je ne sais pas combien de temps encore jâaurai la force de courir et de mener des luttes publiques. Peut-ĂȘtre que ce combat sur la Mer Morte est mon dernier combat.
EnquĂȘte : Amit Kaminsky
Commentaires
Idan Ofer a refusĂ© de rĂ©pondre Ă la proposition de Rosenthal, mais Dead Sea Industries a rĂ©pondu : « Les activitĂ©s des usines comprennent le pompage et le retour de toute lâeau Ă la mer, aprĂšs lâextraction des minĂ©raux. La rĂ©duction de lâactivitĂ© nuira considĂ©rablement Ă lâĂ©conomie dâIsraĂ«l, y compris Ă lâemploi et le tourisme. Toute vĂ©ritable solution Ă la situation de la mer Morte devra nĂ©cessairement reposer sur la reprise du flux depuis la Jordanie en coordination avec les Jordaniens.
RĂ©daction francophone Infos Israel News pour lâactualitĂ© israĂ©lienne
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