Sans les émeutes, Bennett et Lapid étaient censés fermer hier avec le parti arabe RAAM. Mais la réunion a été annulée. Et peut-être que c’était bien ainsi. La réunion annulée était comme un doigt dans l’œil. Prendre le contrôle des émeutes avec la proximité du parti arabe RAAM montre déjà une contradiction de trop dans l’opinion publique.
Alors que faisons nous ? Reporter la réunion ? En attendant que la situation se calme ? ça ne marchera pas. Il n’y aura pas de moment plus opportun, car c’est la réalité israélienne. Il est impossible d’y échapper. Si une réunion de négociations de coalition est annulée en raison de violents affrontements dans la capitale israélienne, comment se déroulera exactement un événement de cette ampleur, voire plus grand et plus grave, alors que les capitaines sont dépendants du mouvement islamique du sud ?
Le conflit ne peut pas être caché, tout comme les autres problèmes fondamentaux ne peuvent pas être balayés sous le tapis… Un gouvernement doit se fonder sur des accords de base et non sur une décision «de ne pas décider» ou sur un accord «de ne pas régler les questions litigieuses». Ces derniers jours, nous avons reçu des preuves criardes que la réalité ne se contentera pas de la poudre magique de la «bonne volonté» et de la «compréhension mutuelle».
Parce qu’il n’y a pas de gouvernement sans idéologie. Et quiconque entre au gouvernement avec une déclaration claire qu’il «met l’idéologie de côté», est comme celui qui a vendu tous ses principes pour une chaise, et peu importe le nombre de belles paroles sur la «coopération» que nous versons dessus. L’idéologie, la vision du monde, est l’outil des dirigeants, c’est leur boussole, pas un poids oppressant qui doit être enlevé des épaules pour avancer.
Face à une réalité aussi complexe qui nécessite des décisions décisives, un gouvernement sans idéologie est comme un chantier sans plans d’ingénierie. Mais dans la vie politique, il n’y a pas de vide, et là où l’on promet de «mettre de côté» son idéologie au nom de l’harmonie de groupe, les autres prendront le relais, s’approprieront et inclineront le navire dans leur direction.
Bennett entre dans cette situation absurde les yeux ouverts – et il le sait. Il sait qu’avec les partenaires actuels il devra non seulement « reporter de quelques années » l’application de ses principes idéologiques, mais il ne pourra pas non plus faire face aux défis et problèmes que la réalité quotidienne inonde selon lui. Certes, l’avenir de la Judée et de la Samarie ou le statut du rabbinat peuvent ne pas être déterminés le lendemain, mais même une émeute sur le mont du Temple, des tirs de roquettes ou une attaque terroriste doivent être traités – et il y en a beaucoup. Et par rapport à chacun de ces scénarios, Bennett est dans une dispute difficile, approfondie et profonde avec Michaeli et Horowitz, avec Amar Bar-Lev et même avec Lapid – malgré l’atmosphère de « snooping ». Et c’est avant même de parler de la RAAM, et c’est avant même de parler de guerre ou d’attaque de poursuites judiciaires à La Haye.
Bennett et Shaked, un instant, ont laissé les réactions sur les réseaux, les colonnes de rage et les manifestations. Regardez la réalité. La réalité ondule devant vous avec des drapeaux d’avertissement rouges. Nous n’avons aucun privilège de penser qu’ «un bon gouverneur sera bon». Le camp national peut être déçu, mais il vous apprécie toujours beaucoup. Il n’est pas trop tard pour récupérer. L’inconfort que peut causer la gauche qui prépare déjà les partis à la victoire sera bien moins terrible que les conséquences d’un gouvernement sans voie. Et oui, vous avez un endroit où aller. Reveillez vous !