Depuis l’été 2025, l’Iran a entamé un vaste effort de reconstitution de capacités militaires, bien que les projecteurs restent principalement braqués sur Gaza et le front nord-libanais. Selon des sources d’intelligence occidentales, la République islamique a importé environ 2 000 tonnes de perchlorate de sodium depuis la République populaire de Chine — un composant essentiel du carburant des missiles à ergols solides. « Ces cargaisons peuvent alimenter quelque 500 missiles », affirme l’expert Jeffrey Lewis. (ynetglobal)
Parallèlement, l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) signale des « mouvements suspects » autour des sites d’enrichissement iranien. (The Week)
Ce couple actions-réactions — renforcement des forces balistiques iraniennes et surveillance internationale accrue — ramène au premier plan les enjeux de souveraineté israélienne, de prolifération régionale et de défi diplomatique global.
Contexte immédiat : faits et données
Selon un article publié par CNN et fondé sur des sources européennes, l’Iran aurait reçu 10 à 12 cargaisons depuis fin septembre 2025, totalisant un volume d’environ 2 000 tonnes de perchlorate de sodium. (ynetglobal)
Cette matière première n’est pas explicitement listée dans les sanctions de l’ONU, mais elle s’inscrit dans la chaîne de fabrication du perchlorate d’ammonium, agent crucial dans les propulseurs de missiles à ergol solide. (WRAL.com)
En avril 2025, une explosion majeure au port de Bandar Abbas, dans le sud de l’Iran, avait déjà mis en lumière la présence probable de ces composants dans les stocks iraniens. (Wikipédia)
De son côté, Washington a pris des sanctions ciblées en avril contre six entités impliquées dans un réseau de fourniture de perchlorate entre la Chine et l’Iran. (U.S. Department of the Treasury)
Réactions officielles
L’Iran, dans son discours officiel, nie toute reprise active d’enrichissement d’uranium ou de développement d’armes nucléaires, même si l’AIEA relève des « mouvements suspects ». (The Week)
La Chine quant à elle affirme ne « pas être au fait de ces opérations spécifiques », tout en soulignant qu’elle applique « en toutes circonstances les contrôles à l’exportation sur les biens à double usage ». (WRAL.com)
Depuis Washington, l’administration du président Donald Trump (en exercice depuis le 20 janvier 2025) a dénoncé ce qu’elle qualifie de « violation de la lettre et de l’esprit des sanctions internationales ». Washington rappelle que l’Iran est interdit de toute « activité liée à des missiles balistiques capables de livrer une arme nucléaire ». (WRAL.com)
Analyse et implications géopolitiques
L’ampleur de l’importation (2 000 tonnes) est à ce jour l’un des signaux les plus forts d’un retour de l’Iran à la production active de missiles balistiques. Comme le résume Jeffrey Lewis : « 2 000 tonnes de perchlorate de sodium ne suffisent qu’à produire environ 500 missiles. C’est beaucoup, mais l’Iran avait prévu de produire environ 200 missiles par mois avant la dernière guerre. » (WRAL.com)
Pour Israël, cette montée en puissance représente une menace directe sur son dispositif de défense. La combinaison d’un arsenal plus fourni, de stocks renouvelés et d’un soutien logistique réduit impose à Tel Aviv de renouveler sa posture dissuasive — y compris en dehors de la bande de Gaza.
Sur le plan international, la situation souligne une double faiblesse : la capacité des sanctions à empêcher les transferts de biens à double usage, et la difficulté à contrôler les chaînes obscures sino-iraniennes. La Chine-Iran devient un partenariat stratégique « normalisé » dans un secteur clé — celui de la propulsion balistique.
Enfin, sur le plan juridique, même si le perchlorate de sodium n’est pas explicitement nommé dans les résolutions de l’ONU, les spécialistes considèrent qu’il entre dans le périmètre des exportations « destinées à contribuer à la mise au point » d’un système de livraison d’arme nucléaire. (WRAL.com)
Conséquences à court et moyen terme
À court terme, l’Iran pourrait accélérer la production de missiles à ergols solides — moins dépendants des infrastructures de production classiques que les missiles à ergol liquide — et potentiellement les déployer via ses alliés régionaux (Houthis, Hezbollah, milices irakiennes).
Pour Israël, cela renforce la nécessité d’un suivi permanent de ses systèmes anti-missiles, mais aussi d’une capacité offensive pour neutraliser les menaces avant qu’elles ne deviennent opérationnelles. Cela pourrait amplifier la justification d’actions préventives à l’étranger.
À moyen terme, ce développement pourrait relancer la question de nouvelles sanctions de l’ONU, d’un possible retour à des frappes ciblées contre l’Iran ou ses infrastructures, ou encore d’une nouvelle spirale d’escalade régionale où Israël serait à nouveau au premier plan.
Dans le domaine diplomatique, cette affaire fragilise l’espoir d’un accord global entre l’Iran et les États-Unis, et complexifie encore davantage les négociations sur le nucléaire, les missiles et la stabilité du Moyen-Orient.
Conclusion
L’importation massive de perchlorate de sodium par l’Iran, grâce à la Chine, constitue un tournant redoutable pour la sécurité israélienne. Ce n’est pas seulement un signe de rattrapage militaire : c’est une menace structurelle et durable. Alors que l’attention internationale reste concentrée sur Gaza et le Liban, Tel Aviv doit garder à l’esprit que l’urgence se trouve désormais également à Téhéran. Le défi n’est plus seulement tactique : il est stratégique, et impose un recalibrage global de la posture israélienne au Moyen-Orient.
Sources :
Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
© 2025 – Tous droits réservés





