La Russie : amie d’IsraĂ«l ou ennemie prophĂ©tique du Nord dans la guerre de Gog et Magog ?

À la suite des frappes aĂ©riennes israĂ©liennes sur des sites militaires iraniens en Syrie, la Russie a publiĂ© ce qui semblait ĂȘtre des dĂ©clarations contradictoires ; dĂ©nonçant les « frappes aĂ©riennes israĂ©liennes arbitraires » d’une part tout en affirmant qu’ils Ă©taient profondĂ©ment soucieux d’ « assurer la sĂ©curitĂ© de l’Etat d’IsraĂ«l ». Avec une prĂ©sence militaire importante en Syrie, il est essentiel de comprendre les intentions de la Russie pour la rĂ©gion.

Le rĂŽle de la Russie prend des implications prophĂ©tiques lorsque l’on considĂšre les versets qui identifient la guerre de Gog et Magog prĂ©-messianique qui, selon le prophĂšte ÉzĂ©chiel, sera une guerre contre IsraĂ«l, menĂ©e par une coalition multinationale dirigĂ©e par une nation du Nord.

C’est pourquoi, fils de l’homme, prophĂ©tise et dis Ă  Gog : Ainsi parle le Seigneur Dieu : En ce jour-lĂ , quand mon peuple habitera en sĂ©curitĂ©, tu le sauras. Et tu viendras de chez toi, de l’extrĂȘme nord, toi et beaucoup de peuples avec toi, tous montĂ©s sur des chevaux ; une grande assemblĂ©e et une armĂ©e puissante. (ÉzĂ©chiel 38 : 14-15)

Cela a Ă©tĂ© soulignĂ© dans un enseignement du sage rabbinique du XVIIIe siĂšcle connu sous le nom du Gaon de Vilna, qui a dĂ©signĂ© l’agression de la Russie comme un prĂ©curseur du Messie.

« Quand vous apprenez que les Russes ont capturĂ© la ville de CrimĂ©e, sachez que les temps du Messie ont commencĂ©, que ses pas se font entendre », a dĂ©clarĂ© le Gaon de Vilna Ă  ses partisans juste avant sa mort en 1797. « Et quand vous entendez que les Russes sont arrivĂ©s dans la ville de Constantinople (l’Istanbul d’aujourd’hui), vous devez mettre vos vĂȘtements de Shabbat et ne pas les enlever, car cela signifie que le Messie arrive Ă  tout moment. »

Il convient de noter qu’en 2014, la Russie a annexĂ© le territoire ukrainien de CrimĂ©e.

La Russie a Ă©galement Ă©tĂ© dĂ©signĂ©e comme ayant un rĂŽle majeur dans les Ă©vĂ©nements qui ont conduit au Messie selon le rabbin Haim Shvili, un mystique juif nĂ© au dĂ©but du XXe siĂšcle. Il a fait quelques prĂ©dictions sur l’ñge messianique enregistrĂ©es dans son livre, Heshbonot Hageula, qu’il a Ă©crit en 1935. Bien que difficiles Ă  comprendre et largement inconnues, les prĂ©dictions du texte Ă©taient Ă©tonnamment prĂ©cises, indiquant des dates et des noms spĂ©cifiques de l’arrivĂ©e du Messie qui dĂ©crit la fin terrifiante de Gog et Magog, comme une guerre menĂ©e contre IsraĂ«l par une coalition dirigĂ©e par la Russie. Il a basĂ© cela sur un verset d’EzĂ©chiel.

« Fils de l’homme, tourne ta face vers Gog, [vers] le pays de Magog, le prince, le chef de MĂ©schec et de Tubal, et prophĂ©tise Ă  son sujet. »

Dans ce verset, le mot hĂ©breu pour « chef » est ŚšÖčŚŚ©Ś (Rosh), ce qui, selon le rabbin Shvili, implique « la Russie ».

En tant qu’étudiant adepte de l’histoire, le rabbin Ken Spiro, historien et professeur et chercheur principal Ă  la Yeshiva Aish HaTorah, voit les intentions de la Russie comme plus pragmatiques que messianiques. Le rabbin Spiro a prĂ©cĂ©dĂ© sa dĂ©claration d’une citation de Winston Churchill.

« Je ne peux pas prĂ©dire l’action de la Russie. C’est une Ă©nigme entourĂ©e d’un mystĂšre dans une Ă©nigme », est crĂ©ditĂ© Churchill.

Le rabbin Spiro a notĂ© qu’il y avait de bonnes raisons de croire que le prĂ©sident russe Vladimir Poutine avait de bonnes intentions en ce qui concerne les relations avec IsraĂ«l.

« Poutine a eu de trĂšs bonnes relations personnelles avec les Juifs depuis son enfance », a notĂ© le rabbin Spiro. « De plus, Netanyahu a travaillĂ© trĂšs dur pour cultiver une relation positive avec Poutine. Jusqu’à rĂ©cemment, le ministre de la DĂ©fense d’IsraĂ«l Ă©tait Avigdor Liberman, un ancien patriote russe. »

Mais le rabbin Spiro a ajouté la clause de non-responsabilité contenue dans la seconde moitié de la déclaration de Churchill.

« Peut-ĂȘtre qu’il y a une clé », a dĂ©clarĂ© Churchill. « Cette clĂ© est l’intĂ©rĂȘt national russe. »

Le rabbin Spiro a citĂ© une rĂšgle en politique attribuĂ©e Ă  de nombreuses personnalitĂ©s politiques Ă  travers l’histoire.

« Il n’y a pas d’amis permanents ni d’ennemis permanents », a-t-il citĂ©. « Seulement des intĂ©rĂȘts permanents. »

« Pendant la guerre froide, la Russie est entrĂ©e en dĂ©clin et il [Poutine] veut rĂ©affirmer son pays comme un acteur majeur dans le monde. dit Rabbi Spiro. « La Russie a toujours voulu ĂȘtre prĂ©sente dans la rĂ©gion. Il a fallu des dĂ©cennies pendant la guerre froide pour que les États-Unis prennent le contrĂŽle du Moyen-Orient. Huit ans d’administration Obama ont permis Ă  Poutine de rĂ©affirmer la Russie au Moyen-Orient ».

Spiro a Ă©galement appliquĂ© cette rĂšgle pratique russe Ă  son alliance avec la Syrie et l’Iran.

« L’alliance avec l’Iran et la Syrie n’est pas idĂ©ologique », a dĂ©clarĂ© le rabbin Spiro. « C’est pratique. »

Le rabbin a soulignĂ© que la Russie Ă©tait trĂšs probablement sincĂšre lorsqu’elle prĂ©tendait avoir Ă  l’esprit les intĂ©rĂȘts de sĂ©curitĂ© d’IsraĂ«l.

« Je ne pense pas que Poutine voit de raison de s’opposer Ă  IsraĂ«l », a-t-il dĂ©clarĂ©. « Une confrontation directe avec IsraĂ«l compliquerait d’autant plus la tĂąche de Poutine de rĂ©affirmer la Russie dans la rĂ©gion. La Russie a nos intĂ©rĂȘts de sĂ©curitĂ© Ă  cƓur, mais seulement dans la mesure oĂč cela sert leurs intĂ©rĂȘts. »

Bien que Spiro ait dĂ©clarĂ© que les intĂ©rĂȘts de la Russie sont clairs, la situation compliquĂ©e Ă  la frontiĂšre nord d’IsraĂ«l rend difficile la rĂ©alisation de ces intĂ©rĂȘts.

« Tout cela est surrĂ©aliste », a soutenu le rabbin Spiro. « La Russie a mis son armĂ©e en Syrie, couvrant les forces d’Assad, tout en permettant Ă  IsraĂ«l d’entrer et de bombarder des cibles. C’est un Ă©quilibre trĂšs dĂ©licat. Poutine danse avec tout le monde dans la rĂ©gion : la Syrie, la Turquie, l’Iran et, oui, mĂȘme IsraĂ«l. »

Spiro a reconnu l’aspect prophĂ©tique des Ă©vĂ©nements Ă  la frontiĂšre nord d’IsraĂ«l, mais il ne le comprend que modĂ©rĂ©ment.

« Le nord est un terme gĂ©nĂ©rique pour tout pays qui vient de l’extĂ©rieur de la rĂ©gion », a-t-il soutenu, « bien qu’il soit intĂ©ressant de noter que Moscou se trouve au nord de JĂ©rusalem. Mais en mĂȘme temps, la Russie n’est pas l’ennemie jurĂ©e d’IsraĂ«l. Pendant la guerre froide, la Russie n’a soutenu les pays arabes que parce qu’IsraĂ«l Ă©tait le reprĂ©sentant des États-Unis.

En outre, Spiro a exprimé une compréhension plus générale de la façon dont Gog et Magog peuvent se développer.

« La guerre de Gog et Magog ne doit pas nĂ©cessairement ĂȘtre une confrontation militaire », a-t-il expliquĂ©. «Je comprends que les images incluent une guerre physique, mais cela pourrait aussi ĂȘtre une guerre des idĂ©ologies. Dans ce cas, la guerre multinationale de Gog et Magog pourrait ĂȘtre menĂ©e Ă  l’AssemblĂ©e gĂ©nĂ©rale des Nations Unies, tout comme ce que nous voyons maintenant. »

Sur le champ de bataille idéologique, Spiro voit les conflits bibliques exprimés en termes modernes.

« Il est remarquable que les puissances d’Esav (EsaĂŒ, c’est-Ă -dire l’Occident et l’Europe) aient mis de cĂŽtĂ© leurs diffĂ©rends avec IsmaĂ«l (c’est-Ă -dire les nations arabes) pour s’unir contre IsraĂ«l », a dĂ©clarĂ© le rabbin Spiro. « D’une part, des sources juives dĂ©crivent un scĂ©nario prĂ©-messie de Gog et Magog comme une alliance mondiale contre IsraĂ«l, comme on le voit Ă  l’ONU. »

« D’un autre cĂŽtĂ©, nous avons des descriptions d’Esav et d’IsmaĂ«l se battant », a dĂ©clarĂ© le rabbin Spiro. « En fait, ces deux scĂ©narios ne sont pas nĂ©cessairement contradictoires. La rĂ©alitĂ© est que les deux se produisent simultanĂ©ment. L’Islam radical poursuit le maillon faible de l’Europe, l’Esav post-chrĂ©tien. Ils ne s’aiment pas, mais ils mettent de cĂŽtĂ© leurs diffĂ©rences pour nous attaquer. Ils se sentent plus menacĂ©s par nous.»

« C’est pourquoi nous voyons ces Ă©tranges alliances d’un militant gay euro-gauche marchant main dans la main sur le campus avec un musulman radical », a notĂ© le rabbin Spiro.

Le rabbin Pinchas Winston, auteur prolifique et expert sur le sujet de la fin des temps, a soulignĂ© que les prĂ©tentions de la Russie Ă  se soucier de la sĂ©curitĂ© d’IsraĂ«l devaient ĂȘtre traitĂ©es avec prudence.

« La Russie n’a Ă  cƓur que ses propres intĂ©rĂȘts », a-t-il dĂ©clarĂ©, selon le rabbin Spiro. Mais il a notĂ© une rĂ©fĂ©rence biblique comme guide :

« Dans le Midrash, Esav est comparĂ© Ă  un animal qui a l’un des signes d’ĂȘtre casher mais pas l’autre ; comme des sabots fendus, mais pas les autres, comme ruminer », a dĂ©clarĂ© Winston. « On pourrait dire que c’est mieux qu’un animal totalement non casher, qui est peut-ĂȘtre Ă  moitiĂ© casher. Mais le Midrash dit que c’est encore pire. L’animal peut ĂȘtre trompeur, debout sur ses sabots, essayant de convaincre le Juif qu’il est casher. »

Le rabbin Winston a appliqué cette analogie à la Russie.

« La Russie essaie de crĂ©er l’apparence extĂ©rieure qu’ils sont nos amis, qu’ils nous soutiennent et se soucient de notre sĂ©curité », a-t-il dĂ©clarĂ©. « La pire tactique d’EsaĂŒ, c’est quand ils agissent comme notre ami. Quand EsaĂŒ a voulu accompagner IsraĂ«l, il attendait juste que Jacob baisse sa garde pour pouvoir le poignarder dans le dos. »

« Mais EsaĂŒ tente IsraĂ«l, essayant de nous faire pĂ©cher avec les Ă©lĂ©ments nĂ©gatifs de la technologie qui conduisent Ă  un comportement inappropriĂ©, ou agissent comme s’ils Ă©taient nos alliĂ©s afin que nous puissions baisser notre garde dans le Golan. À la fin des temps, Hachem est plus en colĂšre contre ÉsaĂŒ que contre IsmaĂ«l. Ismael vient directement Ă  nous avec violence. ÉsaĂŒ, quant Ă  lui, est trompeur et nous incite soit Ă  pĂ©cher, soit Ă  nous faire baisser la garde. C’est prĂ©cisĂ©ment ce que fait la Russie.

« Au moment oĂč quelqu’un utilise cette tactique Esav, comme ce que fait la Russie ici, quand ils vous disent qu’ils vous soutiennent, c’est Ă  ce moment-lĂ  que vous devez faire demi-tour et vous dĂ©fendre », a conclu le rabbin Winston.


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