La Journée internationale de commémoration de la Shoah qui s’est tenue hier fut l’occasion non seulement de réfléchir sur le passé, mais aussi de voir la persistance et l’adaptabilité de la haine du Juif.
Ce jour tombe avec l’anniversaire de la libération d’Auschwitz-Birkenau par les troupes soviétiques, le plus grand camp de la mort. Mais cette cérémonie commémorative notamment en Europe a tendance à se concentrer autant sur ​​l’actualité que sur les horreurs du génocide nazi.

Il n’est pas un secret que la haine du Juif est endémique en Europe. Le nombre d’incidents antisémites à Londres a augmenté de plus de 60 % au cours des 12 derniers mois. Les incidents en France ont augmenté de 84 % au premier trimestre 2015, comparativement à la même période en 2014.

La chancelière allemande Angela Merkel a parlé cette semaine des dangers de la haine des Juifs, en particulier chez les «jeunes [du] pays où la haine d’Israël des Juifs est très répandue.
« Un nouveau livre basé sur des enquêtes de 724 juifs français appelés « L’an Prochain une Jérusalem »? (« L’an prochain à Jérusalem? ») a montré que la communauté juive française « vit avec un fort sentiment d’insécurité. »

73 % des personnes juives interrogées ont déclaré avoir été insulté et plus de la moitié ont déclaré avoir été soumis à des menaces antisémites. Les Européens ont du mal à lutter contre l’antisémitisme, mais ont rencontré peu de succès. Pourquoi? Une partie de la réponse est que l’Europe a toujours été profondément antisémitisme.

La Shoah a commencé avec des mots, et pas des meurtres de masse. Aujourd’hui, contre la nouvelle propagande de la haine, notre défi est d’exploiter la puissance des nouvelles technologies de communication pour habiliter le pluralisme et la dignité humaine pour tous, pour lutter contre l’antisémitisme et la négation de la Shoah.

Cette nouvelle guerre des cœurs et des esprits peut être gagnée que si nous mettons à jour et améliorons les outils de l’éducation, de la culture, de la science, et de la communication. L’Unesco a été créé, il y a 70 ans à cette fin, et il conduit un programme mondial pour l’éducation de la Shoah et de la prévention du génocide, en collaboration avec les gouvernements et les enseignants à inculquer cette histoire dans les classes.

Les écoles, les musées et les médias doivent aider les jeunes à développer des compétences de la pensée critique, intellectuels, des artistes, et des personnalités publiques doivent mettre en évidence le danger d’indifférence à l’égard des groupes dont l’intolérance et l’exclusion sont leur objectif. 

Les dirigeants politiques devraient encourager l’intégration sociale et la compréhension mutuelle. Voilà comment nous pouvons rendre hommage aux victimes de la Shoah, non seulement déplorer la mort, mais aussi habiliter la vie. 

Sara Bloomfield est directeur de l’US Holocaust Memorial Museum. Irina Bokova est directeur général de l’Unesco.