Juste après l’Eurovision, des accusations de « manipulation des votes » ont éclaté et des appels à modifier les règles ont surgi — mais que se cache-t-il réellement derrière l’affaire ? Comment le système de vote à double entrée crée-t-il des écarts dramatiques ? Et quelle est la véritable histoire derrière les 297 points du public contre seulement 60 des jurés ? Voici toutes les réponses aux questions brûlantes.
Si vous avez surfé sur Internet cette semaine, vous avez sûrement vu les gros titres : l’Europe exige une révision des résultats de l’Eurovision, la chanson israélienne est accusée de « manipulation des voix », et le sentiment général est qu’Israël a presque volé la compétition. Comment Israël se retrouve-t-elle à nouveau au cœur d’un scandale, alors même qu’elle respecte les règles et conquiert le public ? Pour comprendre l’écart entre « ce qui s’est passé » et « ce qu’on dit qu’il s’est passé », il faut déconstruire le système de vote, analyser les chiffres — et poser une question simple mais nécessaire : que veulent exactement les Européens de nous ?
Quel est le système de vote à l’Eurovision ?
L’Eurovision fonctionne avec un système de vote double :
La moitié des points est attribuée par un jury de cinq professionnels de chaque pays participant.
L’autre moitié provient du vote du public, appelé « télévote ».
Depuis 2016, les deux mécanismes sont séparés, révélant d’importants écarts et des schémas de vote stratégiques. Chaque pays dispose de deux séries de points, l’une du jury, l’autre du public, allant de 1 à 8, puis 10 et 12 points. L’idée est d’équilibrer goût professionnel et populaire, mais en réalité, cela ressemble parfois à un affrontement entre élites et masses, ou entre jugements artistiques et calculs géopolitiques.
Les dons sont la bienvenue en cette situation particulièrement difficile :
Au fil des années, on a souvent accusé le système d’être biaisé par des blocs politiques (bonjour Chypre-Grèce, le bloc nordique, l’ancien bloc soviétique !). Les jurés sont censés corriger les biais du public, et inversement. Résultat ? Chaque année, quelqu’un est déçu et crie à l’injustice.
Eurovision 2025 : un cas extrême
Israël a terminé premier au télévote — mais s’est écrasée auprès des jurés, volontairement selon certains. 297 points du public contre seulement 60 des jurés. La même chanson, la même performance : amour du public contre indifférence glaciale des jurys.
Que s’est-il passé ?
L’Eurovision 2025 s’est tenu à Bâle, en Suisse, dans un contexte de tensions mondiales. Lors de la demi-finale, la chanteuse israélienne Yuval Raphael a interprété New Day Will Rise. Si les répétitions avaient des couacs, sa prestation en direct fut puissante et maîtrisée. Le public a ovationné — Israël méritait sa place dans le haut du classement.
Les résultats sont tombés :
60 points du jury, Israël finit 14e.
Sur 180 jurés (36 pays), 15 ont classé Israël dernière (25e place).
Le public, lui, a bouleversé le classement : 12 points de la part du Royaume-Uni, Suède, France, Allemagne, Pays-Bas, Espagne… Au total : 297 points — le score le plus élevé du public, et de loin.
Mais ce n’est même pas le score record d’Israël : en 2024, elle avait obtenu 323 points. Alors pourquoi cette fois-ci elle est 2e ? Parce que les votes publics se sont dispersés entre plusieurs favoris. Pas de complot — juste des maths.
Accusations de « manipulation » ou jalousie collective ?
Immédiatement après le concours, la moitié de l’Europe est passée en mode crise. La télévision publique espagnole RTVE a demandé un réexamen du système de vote, en lien avec les conflits armés (Gaza) : selon eux, les guerres faussent le vote populaire. Pourtant, le public espagnol a donné 12 points à Israël — ce qui a choqué dans un pays où le gouvernement est officiellement anti-israélien.
D’autres pays ont suivi : Belgique (VRT), Pays-Bas, Irlande, Islande, Slovénie, Finlande, Estonie — tous demandent une enquête. Certains menacent de quitter l’Eurovision. L’Autrichien JJ, vainqueur grâce aux jurés, a lui-même mis en doute la transparence du vote.
Ont-ils partiellement raison ?
Oui, même si leurs motivations sont discutables. Car il y a zéro transparence sur le vote public.
Chaque pays donne 58 points via le télévote, non proportionnellement au pourcentage réel de votes.
Exemple :
Pays A : 50 % pour une chanson = 12 points.
Pays B : 17 % pour une chanson = aussi 12 points.
La taille du pays n’a pas d’importance. 500 000 votes au Royaume-Uni = 5 000 votes à Chypre. Mais on ne sait même pas combien il y en a : aucune donnée n’est publiée.
En cas de problème (bug technique, faible participation), les points du jury sont doublés. Et si ni jury ni télévote ne sont valides, on attribue une moyenne d’autres pays.
Autre élément : le vote coûte de l’argent. C’est une barrière socio-économique. Qui veut voter doit payer — et seuls ceux qui tiennent vraiment à une chanson le feront. Les Israéliens de la diaspora, eux, se mobilisent, parfois massivement.
Des accusations ont visé Israël pour avoir promu le vote — mais rien n’interdit cela dans le règlement. D’autres pays, comme la Grèce ou Malte, le font aussi.
Il n’y a pas de vote négatif à l’Eurovision
Les jurés peuvent « faire tomber » une chanson — le public, non. Même si 80 % de l’Europe « déteste » Israël, cela ne compte pas. Seuls ceux qui l’aiment votent, et c’est suffisant pour lui donner la 1re place.
Depuis 2023, les demi-finales sont 100 % publiques, ce qui permet aux favoris d’arriver en finale. Mais en finale, les jurés reprennent le pouvoir — et votent pour des choix artistiques, pas forcément populaires. Résultat : depuis trois ans, les jurés décident du gagnant.
2023 : le gagnant du public finit 2e.
2024 : idem. Le gagnant du public finit 2e, le vrai vainqueur était 5e au public.
2025 : même chose. Israël 1er au public, mais 2e au final. JJ gagne grâce aux jurés.
Et cette fois, certains demandent de réformer… le public. Oui, bienvenue en Europe 2025.
Réaction de l’Union Européenne de Radiodiffusion (UER/EBU)
Sous pression, l’EBU tente d’éteindre l’incendie. Son responsable, Martin Green, a déclaré :
« Le système de vote est le plus avancé du monde. Aucun signe de fraude, même pas dans les 12 points donnés par l’Espagne à Israël. »
Traduction : Calmez-vous. Tout est légal.
Israël n’est pas un intrus
Membre à part entière de l’EBU.
50+ ans de participation.
4 victoires, 3 deuxièmes places, de nombreux top-10.
Soutenue par des pays influents, comme l’Allemagne.
Le soutien populaire est réel
Le porte-parole du gouvernement grec a dit :
« Ce n’est pas de la manipulation, c’est du soutien sincère. »
Et le ministre grec de la Santé a critiqué les 1 seul point du jury grec à Israël.
En résumé
Israël a conquis le cœur du public.
Elle a respecté les règles.
Elle a perdu face à l’Autriche à cause du format hybride (jury + public).
Les critiques visent tantôt les jurés, tantôt le public — selon qui perd.
Et ce n’est ni un complot, ni une fraude : c’est l’Europe, 2025.
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