La victoire d’Erdogan aux Ă©lections n’est pas garantie et le Hamas a peur

Les sondages ont prĂ©dit une victoire pour le chef de l’opposition Kemal Kilicderoulu, les titres des mĂ©dias ont dĂ©clarĂ© que le retrait de Muharram Inca de la course prĂ©sidentielle dĂ©ciderait des Ă©lections en Turquie – et en fin de compte, que le prĂ©sident Recep Tayyip Erdogan serait Ă©vincĂ© aprĂšs 20 ans. Cependant, les plans sont sĂ©parĂ©s et les actes sont sĂ©parĂ©s, et le prĂ©sident turc atteindra le second tour des Ă©lections prĂ©sidentielles le 28 mai en tant que favori.

Ce sera la premiĂšre fois depuis la mise en place du rĂ©gime prĂ©sidentiel en Turquie en 2017 que les Ă©lections prĂ©sidentielles se dĂ©cideront au second tour car aucun candidat n’a atteint les 50%. Au moins avant l’ouverture des 191 885 bureaux de vote en Turquie mĂȘme et 9 593 Ă  l’extĂ©rieur, celui qui semblait, apparemment, pouvoir atteindre la moitiĂ© des voix Ă©tait Kilicderolu. En pratique, la campagne Ă©lectorale en cours en Turquie est dĂ©jĂ  devenue un Ă©chec sĂ©rieux pour les sondeurs du pays, Ă  un niveau qui rappelle la campagne Ă©lectorale de 1996 en IsraĂ«l entre le Premier ministre Binyamin Netanyahu et Shimon Peres, ou la difficultĂ© des sondeurs Ă  Ă©valuer Ă  l’avance ces derniĂšres annĂ©es, la capacitĂ© du parti Ra’am dirigĂ© par Mansur Abbas Ă  passer le pourcentage de blocage.

Dans la campagne Ă©lectorale actuelle, l’implication des citoyens de tous les secteurs en Turquie se dĂ©marque. Cela se reflĂšte dans le taux de participation, qui a Ă©tĂ© de 88,82 %, aprĂšs 86,24 % lors des prĂ©cĂ©dentes Ă©lections prĂ©sidentielles en 2018. Un regard sur les campagnes Ă©lectorales avant le changement de systĂšme de gouvernement indique 85,23% et 83,92% lors des deux campagnes Ă©lectorales de 2015, lorsque Kilicderoulu s’est prĂ©sentĂ© deux fois contre son partenaire actuel dans l’alliance contre Erdogan, Ahmet Davutoglu, et a perdu. En 2011, le taux de participation aux Ă©lections au cours desquelles Kilicderoulu a Ă©tĂ© battu par Erdogan a atteint 83,16 %.

 

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 Kemal Kilicderoulu, candidat de l’opposition turque au poste de prĂ©sident, hier / Photo : Associated Press
Le calcul des voix est trÚs compliqué

Les vrais rĂ©sultats indiquent que non seulement Erdogan a reçu plus de deux millions de voix sur Kilicderolu, mais aussi que la segmentation gĂ©ographique montre qu’il est arrivĂ© en tĂȘte dans 51 districts diffĂ©rents. A titre de comparaison, Kilichderoulou a remportĂ© la majoritĂ© des voix dans seulement 30 circonscriptions. La rĂ©ussite du prĂ©sident sortant dans tant de circonscriptions peut indiquer que les sondeurs ont du mal Ă  atteindre de nombreux secteurs de la sociĂ©tĂ© turque.

En gĂ©nĂ©ral, Ă  l’issue du dĂ©pouillement de 99,01 % des voix, Erdogan a obtenu 49,36 % , tandis que le chef de l’opposition, Kemal Kilicderoulu, a obtenu 45 %. L’actuel prĂ©sident turc a les raisons d’ĂȘtre mitigĂ© : d’une part, de nombreuses sources ont estimĂ© une lourde dĂ©faite pour lui, et du moins pour l’instant il est en tĂȘte. En revanche, aprĂšs avoir comptĂ© 70,44%, Erdogan s’est tenu Ă  51,06% des voix, et ce n’est qu’aprĂšs avoir comptĂ© 89,24% qu’il est tombĂ© en deçà du seuil de 50% qui dĂ©termine la victoire au premier tour.

Erdogan sera amenĂ© Ă  traiter non seulement du second tour du 28 mai, mais aussi d’un dossier beaucoup plus important et grave pour lui : la baisse du pouvoir du parlement « Brit Ha’am », qui comprend le « Justice and dĂ©veloppement » (AKP) sous sa direction et ses principaux partenaires de coalition issus du parti « Mouvement national » (MHP), qui compte actuellement 334 siĂšges sur 600.

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C’est un calcul trĂšs compliquĂ©, car Istanbul et Ankara, par exemple, ont trois circonscriptions avec une reprĂ©sentation au parlement. Dans le cas d’Ankara, un district sur trois a donnĂ© la majoritĂ© Ă  l’Alliance nationale et les deux autres Ă  l’Alliance populaire. À Istanbul, les trois circonscriptions ont donnĂ© la majoritĂ© de leurs siĂšges Ă  l’Alliance populaire. Au contraire, chaque circonscription Ă©lectorale a son propre nombre de siĂšges. A Istanbul, par exemple, deux districts ont 14 siĂšges chacun et l’un d’eux a 12 siĂšges. Le mĂȘme calcul n’est pas effectuĂ© lors des Ă©lections prĂ©sidentielles, oĂč le taux de vote est simplement calculĂ© parmi le nombre total de citoyens turcs.

Selon le calcul effectuĂ© par Globes, il apparaĂźt que ces 49,32% suffiront pour 321 siĂšges (266 pour le Parti de la justice et du dĂ©veloppement, 50 pour le Parti du mouvement national et 5 pour le New Welfare Party – YRP). Dans le mĂȘme temps, le Parti rĂ©publicain du peuple devrait, selon le calcul actuel, obtenir 169 siĂšges et son partenaire, le Bon parti, 44 – soit un total de 213. L’Union des partis de gauche (YSL), qui comprend les Peuples ‘ Parti dĂ©mocrate (HDP), devrait remporter 62 siĂšges.

Qui les électeurs israéliens ont-ils choisi ?

Un domaine oĂč il n’y a pas eu de grandes surprises est celui des votes en dehors de la Turquie, dont Erdogan a remportĂ© 54,9% et Kilicderoulu seulement 41,83%. En Allemagne, le pays qui compte le plus grand nombre d’électeurs en dehors de la Turquie elle-mĂȘme, Erdogan a mĂȘme obtenu 65,09 % contre 32,82 % pour Kilicderolu. Parmi les pays du Moyen-Orient et du golfe Persique, seuls trois pays ont donnĂ© la majoritĂ© des voix Ă  Kilichderoulou : IsraĂ«l, Oman et la RĂ©publique turque de Chypre du Nord.

En IsraĂ«l, pas moins de 62,9 % des voix ont votĂ© pour Kilichderaulu et seulement 25 % pour Erdogan. Aux Ă©lections lĂ©gislatives, 60,14 % des rĂ©sidents israĂ©liens ayant le droit de vote en Turquie qui se sont rendus aux urnes ont votĂ© pour le Parti rĂ©publicain du peuple et 18,58 % pour le Parti de la justice et du dĂ©veloppement d’Erdogan. Cependant, non moins frappant est le fait que seulement 20,99% de ceux qui ont le droit de vote en IsraĂ«l se sont effectivement rendus aux urnes. Parmi les pays oĂč Kilichderoulou a remportĂ© le plus de voix figurent Ă©galement les États-Unis, la Russie, le BrĂ©sil, l’Afrique du Sud, l’Australie et la Chine.

Le face-Ă -face entre Erdogan et Kilicderoulu au second tour ne portera pas seulement sur la volontĂ© de faire venir plus d’électeurs des foyers, mais aussi sur les 5,21% qu’il a obtenus aux Ă©lections prĂ©sidentielles de Sinan Ou’an et les 0,43 % qui est allĂ© Ă  Muharram Inja – mĂȘme s’il a annoncĂ© sa retraite il y a un jour les Ă©lections. C’est-Ă -dire environ 5,64% qui peuvent aller dans les deux sens.

Pourquoi de chaque cĂŽtĂ© ? Il est vrai que Kilicderoulu et son parti sont des kĂ©malistes sociaux-dĂ©mocrates, mais au sein de l’alliance formĂ©e contre Erdogan, les partis suivants sont Ă©galement derriĂšre lui : le Parti du Bonheur (SP) islamiste-nationaliste, le Parti du « Bon » kĂ©maliste-nationaliste, le Parti du futur (GP), qui promet le libĂ©ralisme Ă©conomique tout en mettant l’accent sur le conservatisme religieux, le Parti de la dĂ©mocratie et du progrĂšs (DEVA),qui s’efforce de prendre soin des droits des minoritĂ©s, et le Parti dĂ©mocrate, qui est pro-europĂ©en mais libĂ©ral-conservateur.

Une victoire de Kilichderoulou pourrait nuire au Hamas

Le Hamas comprend trĂšs bien que le sens d’une Ă©ventuelle victoire de Kilichderoulou ne se limite pas Ă  se rapprocher de l’Occident et Ă  s’éloigner de la seule Russie. Il peut prendre des mesures contre le Hamas, se rapprochant de l’AutoritĂ© Palestinienne, endommageant ainsi la base de direction de leurs activitĂ©s terroristes. Pendant ce temps, Kilicderoulu et son parti se concentrent sur la lutte intra-turque. Les rĂ©sultats officiels ne les ont pas empĂȘchĂ©s d’affirmer que leurs sondages internes indiquent que leur chef dirige effectivement Erdogan, avec 49 % contre 45 %. En tout cas, jusqu’au 28 mai, une chaude bataille de dĂ©clarations est attendue entre les deux.


RĂ©daction francophone Infos Israel News pour l’actualitĂ© israĂ©lienne
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