Le gouvernement algérien a annoncé aujourd’hui (mardi) qu’il romprait ses relations diplomatiques avec le Maroc, accusant le pays d’activités hostiles. Ceci, après la semaine dernière, l’Algérie a déclaré que les récents incendies dans le pays étaient des actes terroristes d’une organisation marocaine.
Le ministre algérien des Affaires étrangères Ramtane Lamamra a annoncé que son pays avait décidé de rompre les relations diplomatiques avec le Maroc, à compter d’aujourd’hui mardi, selon l’agence de presse officielle algérienne.
Il a déclaré à Lamamra que l’Algérie avait décidé de rompre les relations diplomatiques avec le Maroc en raison de ce qu’il a qualifié d' »actions hostiles continues » du Maroc contre l’Algérie, selon l’agence de presse algérienne.
Il a ajouté : « La rupture des relations diplomatiques ne signifie en aucun cas que les citoyens algériens résidant au Maroc et les Marocains résidant en Algérie seront lésés par cette décision ».
Mercredi dernier, le Conseil suprême de sécurité algérien a décidé de reconsidérer les relations entre l’Algérie et le Maroc, lors d’une réunion extraordinaire conduite par le président algérien Abdelmadjid Tebboune.
Voici le texte de la déclaration lue par le ministre algérien des Affaires étrangères au nom du président Tebboune et du gouvernement algérien :
» 1- Il est historiquement prouvé, et objectivement, que le Royaume du Maroc n’a jamais cessé de commettre des actes inamicales, hostiles et méprisables contre notre pays depuis l’indépendance de l’Algérie. Cette hostilité documentée par son caractère systématique et prémédité, ses origines remontent à la guerre ouverte d’agression en 1963 lancée par les forces armées La monarchie marocaine contre l’Algérie nouvellement indépendante. Cette guerre, qui a défini l’utilisation par le Maroc d’armes lourdes et meurtrières et d’équipements militaires, a fait au moins 850 martyrs algériens qui ont sacrifié leur vie pour préserver l’intégrité territoriale de leur patrie, qu’ils avaient auparavant contribué à libérer.
2- Malgré les grandes blessures laissées par cet affrontement armé, l’Algérie a beaucoup travaillé pour établir des relations normales avec son voisin marocain. De ce point de vue, le traité de fraternité, de bon voisinage et de coopération, ainsi que l’accord de démarcation des frontières entre les deux pays, signés à Ifrane en 1969 et à Rabat en 1972, sont venus asseoir le principe de l’inviolabilité des frontières hérité après indépendance.
3- En 1976, le Maroc décide brutalement de rompre les relations diplomatiques avec l’Algérie qui, à cette époque, avec plusieurs autres pays frères, prend la décision souveraine de reconnaître la République Arabe Sahraouie Démocratique. Après douze ans de relations diplomatiques rompues, les deux pays décident en 1988 de normaliser les relations bilatérales et de les inscrire dans une perspective historique qui prend en compte le « destin commun des peuples algérien et marocain » et la nécessité de renforcer une coopération fructueuse entre les deux pays. Cette normalisation est intervenue après les efforts louables et déployés par les chefs d’un certain nombre de pays frères et amis, parmi lesquels nous citons le Serviteur des Deux Saintes Mosquées le Roi Fahd bin Abdulaziz, dont l’engagement personnel en faveur d’une médiation efficace a permis la création d’un climat politique qui a permis une évolution positive de la situation.
Dans ce contexte, il convient de rappeler que la déclaration conjointe algéro-marocaine du 16 mai 1988, qui constitue la base et le terrain de la reprise des relations diplomatiques entre les deux pays, a été formulée dans un horizon ambitieux et responsable, car elle comprenait 4 critères importants qui ont rendu possible la normalisation des relations entre les deux pays, Ces quatre engagements issus de la déclaration commune algéro-marocaine se résument comme suit :
La volonté de renforcer des relations permanentes fondées sur la paix, le bon voisinage et la coopération entre les peuples algérien et marocain, et de réaffirmer la pleine validité des traités et accords conclus entre les deux pays, de contribuer efficacement à accélérer la construction du Grand Maghreb arabe , de contribuer à renforcer les rangs arabes sur la cause palestinienne sacrée, d’une manière qui consacre les droits nationaux du peuple palestinien. -Quds Al-Sharif, pour soutenir – il a cité la déclaration commune – « une solution juste et définitive au conflit du Sahara occidental à travers l’organisation d’un référendum libre et équitable qui permet au peuple sahraoui de déterminer son destin en toute crédibilité et sans toute contrainte. » .
4- Partant de ses principes bien connus, l’Algérie refuse de s’ingérer dans les affaires intérieures du Royaume du Maroc, quelles que soient les circonstances.Les positions historiquement documentées de l’Algérie ont clairement démontré cette position de principe, notamment lors de graves crises politiques et sécuritaires qui menaçaient la stabilité et la sécurité du Royaume du Maroc. De leur côté, les services de sécurité et de propagande marocains mènent une guerre médiatique ignoble et à grande échelle contre l’Algérie, son peuple et ses dirigeants, sans hésiter à tisser des scénarios fictifs, à créer des rumeurs et à répandre des informations malveillantes. Plus sérieusement, l’un des commissaires du royaume a fait une déviation très dangereuse et irresponsable en abordant ce qu’il a appelé « le droit à l’autodétermination des braves gens des tribus ». Face à cette provocation qui a atteint son paroxysme, l’Algérie a fait preuve de retenue en demandant publiquement des éclaircissements à une autorité marocaine compétente et qualifiée. Cependant, le silence de la partie marocaine à cet égard, qui perdure depuis le 16 juillet dernier, reflète clairement le soutien politique de la plus haute autorité marocaine à cet acte.
5- Il est clair, aujourd’hui, que le Royaume du Maroc a sérieusement et systématiquement abandonné, en tout ou en partie, les obligations fondamentales qui constituent la base fondamentale et le terrain de référence sur lequel repose le processus de normalisation des relations entre les deux pays. basé. Le Royaume du Maroc a fait de son sol national une base arrière et un fer de lance pour planifier, organiser et soutenir une série d’attentats graves et systématiques contre l’Algérie. La dernière de ces hostilités a été représentée par les fausses accusations et les menaces implicites proférées par le ministre israélien des Affaires étrangères lors de sa visite officielle au Maroc, en présence de son homologue marocain, qui était clairement le principal instigateur de telles déclarations injustifiées. Ici, force est de constater que depuis 1948, aucun membre d’un « gouvernement israélien » n’a été entendu prononcer des jugements ou adresser personnellement des messages agressifs depuis le territoire d’un pays arabe contre un autre pays arabe voisin, ce qui est en contradiction avec tous les Algériens. -Les coutumes et accords marocains.
En matière de sécurité régionale, le fait que les autorités marocaines accordent à une force militaire étrangère un pied-à-terre au Maghreb et incitent son représentant à faire des déclarations fausses et malveillantes à l’encontre d’un pays voisin constitue un acte dangereux et irresponsable qui viole les dispositions de l’article 5 du traité de La fraternité, le bon voisinage et la coopération conclus entre l’Algérie et le Maroc, ainsi qu’il est totalement incompatible avec les engagements pris dans le cadre de la déclaration conjointe susmentionnée.
6- Ces hostilités incluent également la coopération notoire et documentée du Royaume du Maroc avec les organisations terroristes appelées « Mac » et « Rashad », dont l’implication dans les crimes odieux liés aux incendies massifs observés récemment dans de nombreux États de la République, en en plus de la torture et du meurtre barbare du citoyen Jamal Bin Asma’in (que Dieu lui fasse miséricorde). De son côté, le scandale, non moins dangereux que le précédent, lié au programme « Pegasus », a révélé, hors de tout doute, les vastes opérations d’espionnage auxquelles les citoyens et fonctionnaires algériens ont été soumis par les services de renseignement marocains, utilisant cette technologie israélienne.
En fait, la liste est longue et comprend, sans s’y limiter, la décision unilatérale d’imposer un visa d’entrée de manière arbitraire et injustifiée aux Algériens (y compris les ressortissants étrangers d’origine algérienne) à la suite de l’attentat terroriste de Marrakech en 1994, qui a est devenu clair par la suite : c’était l’œuvre d’un réseau terroriste marocain et étranger qui n’avait absolument rien à voir avec l’Algérie. A cela s’ajoute la violation des locaux du Consulat Général d’Algérie à Casablanca le 1er novembre 2013. Cet acte odieux et une atteinte flagrante aux symboles et valeurs du peuple algérien et de son Etat, pour laquelle le Marocain parti n’a fourni aucune explication ni excuse, mais plutôt l’auteur, qui est un militant au sein du mouvement dit » Jeunes royaux « , a bénéficié d’une peine de deux mois de prison avec sursis pour le délit d’atteinte au caractère sacré d’une institution souveraine jouissant protection internationale, qui a été faussement adaptée par la justice marocaine comme une simple « violation de la propriété privée ».
7- Concernant l’engagement d’organiser un référendum d’autodétermination au Sahara Occidental, le Royaume du Maroc a renoncé à l’engagement officiel pris par le Roi Hassan II et inscrit dans les documents officiels des Organisations de l’Unité Africaine et des Nations Unies, tout en les dirigeants actuels du Royaume vivent dans l’illusion d’imposer leurs diktats à la communauté internationale concernant la thèse dite « d’autonomie ». Après avoir fait avorter systématiquement et de mauvaise foi tous les efforts internationaux sous l’égide des Nations Unies, le Royaume du Maroc a détruit toute place de confiance dans son engagement et sa signature, tandis que les dirigeants et représentants du Royaume prétendent soutenir les efforts des Nations Unies. Nations, qui reste, dans le cadre de ses responsabilités, pleinement engagée Il est impératif de rechercher une solution acceptable pour les deux parties, le Royaume du Maroc et le Front Polisario, et qui garantisse le droit du peuple sahraoui à déterminer librement leur propre destin.
8- S’agissant de l’engagement lié à l’accélération de la construction unioniste du Maghreb, et après la constitution de l’Union du Maghreb Arabe en tant qu’organisation régionale dont la création s’est inscrite dans le prolongement de la normalisation des relations diplomatiques entre l’Algérie et le Maroc, il est clair que le Royaume du Maroc est l’Etat membre qui a ratifié le moins d’accords à l’exception volontaire des accords structurant l’espace maghrébin. La meilleure preuve de cette tendance est peut-être la décision unilatérale marocaine, en date du 20 décembre 1995, de geler les activités des institutions de l’Union du Maghreb arabe, poussant ainsi progressivement l’Union du Maghreb vers une mort lente.
9- Il est clair que le Royaume du Maroc a automatiquement et définitivement mis à mal les bases consensuelles sur lesquelles les deux pays se sont appuyés pour dessiner les traits d’une relation fraternelle fondée sur la bonne foi, la confiance mutuelle, le bon voisinage et la coopération. Ainsi, les dirigeants du Royaume du Maroc sont responsables de la succession de crises, les unes après les autres, dont la gravité s’est accrue, mettant ainsi les relations algéro-marocaines dans une impasse. Ce comportement marocain entraîne inévitablement les peuples de la région dans le conflit et la confrontation au lieu de la fraternité, de l’intégration, de l’intégration et de l’unité, car il met gravement en péril leur présent et leur avenir.
Cette réponse algérienne publique et officielle à la tendance hostile marocaine met en évidence la nécessité de faire appel d’urgence à la logique de la raison au lieu de parier sur le pire, ce qui semble malheureusement être à l’origine des prises de position du Royaume vis-à-vis de l’Algérie.
En tout état de cause, l’Algérie refuse de se soumettre à des comportements et des actions inacceptables qu’elle condamne fermement. L’Algérie rejette également la logique du fait accompli et les politiques unilatérales avec leurs conséquences désastreuses pour les peuples du Maghreb. L’Algérie refuse également de maintenir une situation inhabituelle qui met le groupe maghrébin dans un état de tension permanente, ce qui contredit totalement les principes et règles régissant les relations internationales, les relations de voisinage et de coopération.
Pour toutes ces raisons, et sur la base des facteurs et données susmentionnés, l’Algérie a décidé de rompre les relations diplomatiques avec le Royaume du Maroc, à compter d’aujourd’hui. »