Un tweet. Une phrase. Et un tollé international. Le ministre israélien de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, n’a pas mâché ses mots après les rumeurs d’une éventuelle reconnaissance d’un État palestinien par l’Allemagne :
“80 ans après la Shoah, l’Allemagne revient à soutenir le nazisme.”
La déclaration a déclenché une onde de choc immédiate à Berlin, provoquant une réaction officielle du ministre allemand des Affaires étrangères, Johann Wadpol, qui a personnellement abordé le sujet lors de sa rencontre avec le Premier ministre israélien et le ministre des Affaires étrangères Gideon Sa’ar. Wadpol a exprimé une “profonde indignation” face à cette comparaison qu’il a qualifiée “d’accusation sans précédent”.
À Jérusalem, la pression s’est intensifiée pour tenter de calmer le jeu. Gideon Sa’ar a tenté de désamorcer la crise :
“Je rejette fermement les propos de Ben Gvir. Ils sont inutiles et nuisibles. L’Allemagne est un pays ami, même s’il peut exister des désaccords.”
Il a même demandé à Ben Gvir d’effacer son tweet et de présenter des excuses. Mais ce dernier est resté inflexible :
“C’est exactement ce que je pense. Je ne m’excuserai pas. Je suis contre tout soutien à l’Autorité palestinienne nazie qui incite à tuer des Juifs et finance les familles des terroristes.”
Le tweet controversé, publié sur le réseau X (anciennement Twitter), fait référence à la volonté affichée de Berlin de rejoindre d’autres capitales européennes dans une reconnaissance unilatérale d’un État palestinien. Jusqu’à présent, l’Allemagne avait évité ce pas, malgré une certaine “ouverture de principe”. Mais visiblement, pour Ben Gvir, cette seule “disposition” est déjà une trahison historique.
Des sources diplomatiques israéliennes ont confirmé que l’incident avait été évoqué à huis clos entre les représentants des deux gouvernements, preuve de la gravité perçue à Berlin. Car dans un pays où le mot “nazisme” est encore chargé d’un poids mémoriel colossal, l’accusation lancée par un ministre d’un gouvernement israélien dépasse de loin le simple clash politique.
Et pourtant, derrière le bruit de surface, une réalité stratégique demeure : la question palestinienne divise profondément Israël et ses alliés européens. Lors de la rencontre avec son homologue allemand, Gideon Sa’ar a réaffirmé avec force :
“En Europe, on pense que les Juifs peuvent vivre à Berlin, Londres ou Bruxelles, mais pas à un kilomètre d’ici, en Judée-Samarie. Nous, nous disons que les Juifs ont le droit de vivre au cœur de leur patrie historique.”
Il a également rappelé que “historiquement, il n’y a jamais eu d’État palestinien”, et a averti que toute souveraineté accordée à l’Autorité palestinienne pourrait ouvrir les portes à une “infiltration massive d’armes iraniennes en Terre d’Israël”.
Cette confrontation verbale n’est donc pas seulement une question de langage ou de protocole diplomatique. Elle met à nu le fossé idéologique et stratégique entre certains dirigeants israéliens — qui voient dans la reconnaissance d’un État palestinien une menace existentielle — et des élites européennes convaincues que seule une telle reconnaissance peut stabiliser la région.
Ben Gvir, souvent perçu comme l’incarnation politique d’un Israël sans filtre, a choisi de ne pas lisser ses propos : il accuse, frontalement, sans détour, sans diplomatie. Et s’il choque, il mobilise aussi une large frange de l’opinion israélienne fatiguée d’un Occident qui lui donne des leçons tout en tolérant l’antisémitisme diplomatique.
Pendant ce temps, Berlin exige des excuses. Israël se déchire sur la ligne à suivre. Et le Hamas, lui, jubile : car plus le monde s’acharne à reconnaître une entité palestinienne — sans désarmement, sans réforme, sans abandon de la violence — plus il lui offre un gage de légitimité… au prix de la mémoire.
Sources :
.