Un incident diplomatique inhabituel s’est produit au Mur occidental à Jérusalem lors d’un événement officiel organisé par le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Sa’ar. L’ambassadeur d’Ukraine en Israël, Yevhen Korniychuk, a quitté les lieux avec colère après avoir découvert la présence de l’ambassadeur de Russie en Israël, Anatoly Viktorov, affirmant ne pas avoir été informé à l’avance de cette participation.
L’événement, qui s’est tenu jeudi dernier au Mur occidental, avait été organisé dans le cadre d’une cérémonie d’allumage des bougies de Hanoucca, en présence de diplomates étrangers accrédités en Israël. Selon les informations publiées par la presse israélienne, l’ambassadeur ukrainien aurait été pris de court en constatant que son homologue russe figurait parmi les invités officiels, dans un contexte de guerre sanglante opposant l’Ukraine et la Russie depuis près de quatre ans.
D’après les sources citées, Yevhen Korniychuk a estimé que sa présence à un événement commun avec le représentant russe était inappropriée et contraire à la ligne qu’il observe depuis le début du conflit. Visiblement contrarié, il a quitté la cérémonie avant la traditionnelle photo de groupe avec le ministre des Affaires étrangères et les autres ambassadeurs présents, refusant ainsi d’apparaître publiquement aux côtés du diplomate russe.
L’incident n’a été rendu public que plusieurs jours après les faits. Il s’est produit dans un contexte particulièrement sensible, alors qu’Israël faisait face à une vague d’émotion internationale à la suite du massacre perpétré contre la communauté juive à Sydney, au cours duquel quinze personnes ont été assassinées. C’est précisément en réaction à cette tragédie que Gideon Sa’ar avait pris l’initiative d’organiser un allumage symbolique d’une bougie de Hanoucca au Mur occidental, invitant des ambassadeurs et chefs de missions diplomatiques du monde entier à y participer.
Au total, vingt-huit ambassadeurs et représentants diplomatiques avaient été conviés à la cérémonie. Toutefois, les représentants des pays de l’Union européenne ont, dans leur majorité, choisi de ne pas y assister. Une exception notable a été relevée : l’ambassadeur de la République tchèque en Israël, qui a maintenu sa présence à l’événement malgré l’absence de ses homologues européens.
Selon les déclarations de l’ambassadeur ukrainien rapportées par les médias, ce dernier n’avait pas été informé en amont de la participation de l’ambassadeur russe. Or, dans le contexte actuel, il affirme éviter systématiquement toute apparition conjointe avec des représentants officiels de la Russie. « S’il y avait eu un événement diplomatique à Kiev et que l’on avait invité, par exemple, le représentant iranien, nous aurions averti à l’avance l’ambassadeur d’Israël afin de ne pas le placer dans une situation embarrassante », a-t-il déclaré. « Ils auraient dû me prévenir à l’avance », a-t-il ajouté, exprimant son profond mécontentement.
Du point de vue de Kiev, la présence simultanée de diplomates russes et ukrainiens dans un cadre solennel et symbolique tel que le Mur occidental pose un problème politique et moral majeur. Pour l’Ukraine, chaque geste diplomatique est scruté à l’aune de la guerre en cours, qui continue de faire des dizaines de milliers de victimes et de peser lourdement sur la scène internationale.
Le ministère israélien des Affaires étrangères a toutefois rejeté toute critique dans sa réaction officielle. Dans un communiqué, il a souligné que l’événement s’était déroulé conformément aux usages diplomatiques et que tous les ambassadeurs avaient été invités de manière équitable. « Vingt-huit ambassadeurs et chefs de missions diplomatiques ont participé à l’allumage des bougies au Mur occidental. Nous remercions tous ceux qui ont honoré l’événement de leur présence, y compris les ambassadeurs d’Ukraine et de Russie. Le ministre a d’ailleurs mentionné explicitement la présence des deux représentants dans son discours », a précisé le ministère.
Le communiqué ajoute qu’aucune protestation formelle n’a été reçue et que les organisateurs n’ont pas constaté qu’un diplomate ait quitté la cérémonie de manière ostensible. Cette divergence de versions illustre les tensions persistantes et la sensibilité extrême entourant toute interaction diplomatique impliquant Moscou et Kiev, même dans un cadre religieux et commémoratif.
Au-delà de l’incident lui-même, cet épisode met en lumière la complexité de la position israélienne, qui tente de maintenir des relations diplomatiques avec l’ensemble des acteurs internationaux, tout en naviguant entre des conflits majeurs et des sensibilibilités politiques parfois incompatibles. Il rappelle également que, dans le contexte actuel, la diplomatie internationale est marquée par une extrême vigilance symbolique, où la simple présence dans un même lieu peut être perçue comme un message politique fort.
Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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