L’ancienne députée revient sur le devant de la scène et brise les tabous : « Nous nous sommes menti à nous-mêmes sur les Palestiniens »

Après plusieurs années de retrait relatif de la vie politique, l’ancienne députée et intellectuelle israélienne Dr Einat Wilf opère un retour remarqué sur le devant de la scène. À l’approche des élections prévues en 2026, elle a annoncé la création de son propre parti et accompagne cette relance politique par la diffusion prochaine d’un documentaire inspiré de son livre Retour en octobre. Dans une série d’entretiens récents, elle développe une analyse sans concession sur Gaza, l’UNRWA, l’antisémitisme mondial et ce qu’elle considère comme les illusions persistantes de la société israélienne face au conflit.

Issue de la gauche israélienne et ancienne élue du Parti travailliste, Einat Wilf affirme avoir vécu une profonde désillusion politique au fil des années. Elle explique que, bien avant le 7 octobre, elle alertait déjà sur ce qu’elle décrit comme une incompréhension fondamentale du projet national palestinien. Selon elle, la direction palestinienne, aussi bien en Cisjordanie qu’à Gaza, n’a jamais renoncé à l’idéologie du « droit au retour », qu’elle considère incompatible avec l’existence d’un État juif souverain. « Nous avons fait semblant de croire que le problème était territorial ou économique, alors qu’il est idéologique », résume-t-elle.

Wilf affirme que pendant des années, ses mises en garde ont été marginalisées. Elle raconte qu’à la veille du massacre du 7 octobre, certains responsables politiques et commentateurs estimaient que la question palestinienne était devenue secondaire, reléguée au second plan par les accords régionaux et l’idée que le Hamas était dissuadé. À ses yeux, cette lecture s’est révélée catastrophiquement erronée. « Nous avons confondu calme tactique et changement stratégique », affirme-t-elle, estimant que cette erreur d’analyse a contribué à l’aveuglement collectif.

Au cœur de son discours figure une critique frontale de l’UNRWA et du système international d’aide aux Palestiniens. Selon elle, l’organisation onusienne a institutionnalisé le statut de réfugié sur plusieurs générations, nourrissant l’illusion du retour plutôt que la construction d’un avenir viable. Elle soutient que les milliards de dollars injectés dans Gaza n’ont jamais eu pour objectif principal le développement civil, mais ont été détournés pour consolider une infrastructure idéologique et militaire hostile à Israël. « Nous avons cru que l’argent achèterait le calme. En réalité, il a financé la destruction », affirme-t-elle.

Sur le plan international, Einat Wilf lie directement la montée de l’antisémitisme à la délégitimation croissante du sionisme. Elle estime que la haine d’Israël sert aujourd’hui de vecteur moderne à un antisémitisme ancien, déguisé en discours moral ou humanitaire. Selon elle, tant que la communauté internationale refusera d’exiger une reconnaissance explicite du droit du peuple juif à l’autodétermination, aucune solution politique ne pourra émerger durablement.

La création de son nouveau parti s’inscrit, selon Wilf, dans une volonté de porter ce discours sans compromis ni calculs électoraux traditionnels. Elle affirme vouloir proposer une vision de paix fondée non pas sur des concessions unilatérales, mais sur l’acceptation arabe et palestinienne du sionisme comme fait historique irréversible. Elle plaide également pour une réforme profonde de l’État, afin que les services publics bénéficient en priorité à ceux qui contribuent à sa défense et à sa cohésion.

Si ses positions suscitent déjà de vives réactions, Einat Wilf assume pleinement le caractère clivant de son retour. Elle affirme que les événements récents ont déplacé le centre de gravité du débat israélien et que des idées autrefois considérées comme marginales sont désormais au cœur de la réflexion nationale. « Pendant des années, on me demandait qui partageait ces idées. Aujourd’hui, la question est devenue : qui peut encore se permettre de les ignorer ? », conclut-elle.


Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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