Christine Lagarde, alors ministre des Finances, a divulgué aux autorités d’Athènes une liste de noms de 2059 grecs détenteurs de comptes en Suisse. Cette liste a été remise à la Grèce en 2010 et rendue publique en 2012. Mais ce que les médias ne disent pas, et que seule l’envoyée spéciale de Libération a cité, c’est la présence de trois des ces noms d’origine juive qui ont donne de l’eau au moulin à l’extrême droite.
Libération, aujourd’hui revient sur la liste transmise aux autorités d’Athènes en 2010 par Christine Lagarde, alors ministre des Finances. Sur cette liste : 2 059 noms de grecs possédant des comptes dans la banque HSBC basée à Genève. Une liste qui s’est « évaporée » avant d’être rendue publique en octobre 2012 par le journaliste Kostas Vaxevanis, ce qui lui a valu une arrestation comme nous vous le racontions ici. Ce dernier, interrogé par l’envoyée spéciale de Libé, a été acquitté en novembre, mais il est toujours en attente d’une convocation au tribunal en juin, le procureur ayant fait appel. A l’époque de son arrestation, Vaxevanis assurait n’avoir fait que son travail de journaliste : « j’ai révélé la vérité qu’ils cachaient. Si quelqu’un doit s’expliquer devant la justice, ce sont les ministres qui ont tenté de dissimuler cette liste et l’ont « perdue » avant de dire qu’elle n’existait pas. » Et se sont-ils expliqués ? Pas vraiment.
Papaconstantinou est le seul à être visé par l’enquête, et son successeur aux Finances et actuel patron du Pasok, Evangelos Venizelos a été épargné, et a dit: » j’ai eu la désagréable impression que trois des noms étaient ceux de grecs d’origine juive.«
Ce type de déclaration a suffit pour que l’extrême-droite du pays : « la presse nationaliste et populiste va concentrer ses attaques sur le gestionnaire du compte le plus important (550 millions d’euros) détenu en Suisse. Il s’agit d’un hedge fund créé par l’homme d’affaires Sabby Mionis, un juif grec aujourd’hui installé en Israël. En réalité, Mionis avait revendu le fonds en 2006, l’année où il a quitté la Grèce. «Or, au lieu de s’intéresser aux détenteurs des capitaux que le fonds gérait, et qui appartiennent à de grandes fortunes, c’est Mionis qui devient le coupable idéal», constate Vaxevanis. Les attaques récurrentes vont ainsi cibler «le juif israélien aux mille visages», surfant sur un antisémitisme qui trouve un certain écho en Grèce. »
C’est une campagne contre Sabby Mionis, philanthrope grec qui habite aujourd’hui en Israël, dans les médias proches de Makis Voridis, tels que le quotidien à sensation Demokratia prétendant apporter de nouvelles révélations sur la « liste Lagarde » et « le gréco-juif aux mille visages »
Le leader socialiste grec semble depuis avoir fait amende honorable en assurant le Président de l’organisation de la communauté juive grecque de ses bonnes intentions, tandis que son porte-parole répondait dans ce sens au chroniqueur Jean Cohen.
Kostas Vaxevanis, journaliste et rédacteur en chef de Hot Doc, a dénoncé dès décembre la campagne menée contre le philanthrope, et a souligné le rôle de Makis Voridis, ex-dirigeant du Front Hellénique, qui a tenu à plusieurs reprises des propos négationnistes, proche de Bruno Gollnisch et de Carl Lang et ancien ministre des transports du gouvernement de coalition de Lucas Papademos (de novembre 2011 à mai 2012), aujourd’hui membre de Nouvelle Démocratie.
Contre la montée des extrêmes, il est temps d’appeler au rejet de tout propos ou discours raciste, xénophobe ou incitant à la haine et ce notamment dans les débats parlementaires ou déclarations politiques ; d’appeler à l’arrêt de toutes campagnes de dénigrement contre des individus et ce notamment dans le cadre du traitement de la liste dite Lagarde ; d’appeler à la mise en place de campagnes de pédagogie et d’éducation contre le racisme et l’intolérance ; d’appeler à la mise en œuvre de la décision-cadre européenne contre le racisme et la xénophobie du Traité de Lisbonne que seules la Grèce et l’Estonie n’ont pas encore appliquée ; et d’appeler à l’adoption de la résolution non contraignante contre la haine proposée par l’Initiative de prévention de la haine.
Il est temps également de prendre, au-delà de la seule Grèce, la mesure du risque de désagrégation du tissu humain et moral qui a fait l’Europe et de réagir à la montée des égoïsmes nationaux ou identitaires, dans l’intérêt même des populations européennes. Lorsque la Grèce souffre de xénophobie rampante, c’est l’âme de l’Europe qui est atteinte. L’Union européenne, le gouvernement grec et nos gouvernants locaux ont la capacité à agir ensemble pour appeler à la vigilance les leaders d’opinion de la Grèce (y compris l’influente Eglise orthodoxe). Il est des combats qu’il est nécessaire de mener avant qu’il ne soit trop tard.
Sources :
http://www.lemonde.fr/idees/article/2013/03/04/alerte-a-la-haine-en-grece_1842547_3232.html
http://www.arretsurimages.net/vite.php?id=15553
http://www.liberation.fr/monde/2013/05/14/la-grece-a-cache-cache-avec-la-liste-qui-fache_902899
Dans l’article du journal Liberation signé par l’envoyée spéciale à Athènes Madame Maria Malagardis « La Grèce à cache-cache avec la liste qui fâche » il est mentionné que plusieurs proches conseillers du Premier Ministre Monsieur Antonis Samaras ont flirté avec l’extrême droite et l’antisémitisme.
Nous signalons de la façon la plus catégorique qu’au sein de l’équipe de conseillers du Premier Ministre, qui occupent des fonctions rigoureusement définies par la loi, absolument aucun ne partage des opinions de l’extrême droite ou antisémites.
Une personne caractérisée comme telle n’a absolument aucune place dans l’équipe du Premier Ministre Monsieur Antonis Samaras.
D’ailleurs les personnes citées n’appartiennent pas du tout à l’entourage du Premier Ministre.
Dans ce contexte, je vous informe que le 17 mars de cette année le Premier Ministre Antonis Samaras a participé à la 70ème Commémoration du Début de la Déportation des Juifs-Grecs de Thessalonique. Il s’exprimera également, le 3 juin, devant le Comité Juif-Américain (AJC Global Forum 2013) à Washington.
Restant à votre disposition pour toute information supplémentaire, je compte sur votre discernement pour informer vos lecteurs de cette information.
Efthymios Aravantinos
Conseiller de Presse
Ambassade de Grèce